Il existe différents facteurs liés à la personne, à la tumeur et au système de soins de santé qui auront une incidence sur la survie de la personne à la suite d’un diagnostic de cancer. Les facteurs individuels incluent le sexe, l’âge au moment du diagnostic, la comorbidité, la situation socioéconomique et le mode de vie; les facteurs liés à la tumeur comprennent le sous-type histologique, la virulence de la tumeur et le degré de propagation de la maladie au moment du diagnostic; enfin, les facteurs rattachés au système de soins de santé englobent la disponibilité et la qualité des services de dépistage précoce, de diagnostic et de traitement. Examinées en fonction des types de cancer et des régions, ces estimations de la survie peuvent servir à établir les priorités afin d’améliorer les pronosticsNote 1. Également, si on les étudie au fil du temps et de concert avec les tendances de l’incidence et de la mortalité, les estimations peuvent être utilisées pour surveiller les progrès réalisés dans la lutte contre le cancerNote 2. En raison de l’importance de la survie au cancer, le Registre canadien du cancer (RCC) produit périodiquement des estimations de la survie en se fondant sur la méthode des cohortes. Certains aspects clés de la méthodologie utilisée sont décrits dans la suite de ce document.
Les analyses de la survie englobent toutes les tumeurs primaires, y compris les tumeurs primaires multiples chez une même personne. Cette pratique est en voie de devenir la normeNote 3-5. Par contre, ces analyses ne prennent pas en compte les cancers diagnostiqués lors de l’autopsie ou à partir du certificat de décès seulement, étant donné que la date du diagnostic, et donc la période de survie, ne sont pas connues. Étant donné que la survie réelle pour les cas diagnostiqués à partir du certificat de décès seulement est généralement moindre que pour les autres cas, l’approche courante consistant à exclure les cancers diagnostiqués à partir du certificat de décès seulement peut entraîner un biais à la hausse dans les estimations de la survie, surtout dans les provinces et les territoires où l’on retrouve une plus forte proportion de cancers diagnostiqués à partir du certificat de décès seulement. Il faut toutefois préciser que la valeur de ce biais sera généralement faibleNote 6.
L’état de survie d’une personne atteinte du cancer est déterminé par voie de couplage avec la Base canadienne de données de l'état civil - décès et l’information fournie par les registres provinciaux/territoriaux du cancer (RPTC). Les décès déclarés par les RPTC mais non confirmés par voie de couplage sont pris en compte dans les analyses de la survie en fonction de la date de décès indiquée par les RPTC. La durée de survie correspond au nombre de jours entre la date du diagnostic et la date de décès ou la date du suivi le plus récent (la première de ces dates prévalant). Dans le cas du faible pourcentage de personnes pour lesquelles le mois ou le jour du diagnostic ou du décès est manquant, la durée de survie fait l’objet d’une estimationNote 7; par contre, les personnes décédées dont on ne connaît pas l’année du décès sont exclues des analyses de la survie.
Les analyses de la survie sont effectuées au moyen de programmes SAS accessibles à tous, auxquels des adaptations mineures sont apportéesNote 8. La période d’observation normale de cinq ans pour chaque personne est divisée en de multiples observations, une pour chaque intervalle de la période de suivi. On utilise des intervalles de trois mois pour la première année de suivi, puis des intervalles de six mois pour les quatre années suivantes, ce qui donne au total douze intervalles. Étant donné que la méthode actuarielle utilisée – ou méthode des tables de survie – repose sur l’hypothèse que les décès sont répartis de façon uniforme à l’intérieur d’un intervalle, le nombre d’intervalles est plus élevé la première année de suivi, car la mortalité est souvent plus élevée et moins uniformément répartie durant la première année qui suit le diagnostic de cancer. À l’exception des cas exclus antérieurement parce que la tumeur avait été diagnostiquée par autopsie seulement ou d’après le certificat de décès seulement, une journée de survie est attribuée aux cas pour lesquels les dates de diagnostic et de décès sont les mêmes, car le programme SAS exclut systématiquement les cas pour lesquels le nombre de jours de survie est nul. Les estimations de la survie sont ensuite calculées à des points discrets de la période de suivi en prenant le produit des estimations (conditionnelles) pour des intervalles particuliers à l’intérieur de la période de suivi.
Les proportions attendues de cas de survie sont calculées d’après des tables de mortalité annuelles selon le sexe et la province ou le territoire, en utilisant la méthode d’Ederer IINote 9. En raison de leur faible population, on a produit uniquement des tables de mortalité abrégées pour l’Île-du-Prince-Édouard et les trois territoires. À l’aide des méthodes proposées par Dickman et ses collaborateursNote 10, ces tables de mortalité abrégées sont converties en tables complètes à partir des tables de mortalité abrégées et complètes pour le Canada. Étant donné que les tables de mortalité abrégées vont jusqu’à l’âge de 99 ans seulement, les proportions attendues de cas de survie chez les personnes âgées de 100 à 109 ans sont déterminées à partir des tables de mortalité complètes pour le Canada.
La survie à cinq ans observée correspond au pourcentage de personnes ayant survécu pendant une période de cinq ans après le diagnostic de leur cancer. On estime les ratios de survie relative à cinq ans comme étant le ratio de la survie observée chez les personnes atteintes du cancer à la survie prévue de la population générale correspondante (même âge, même sexe, même province de résidence et même période de référence). En théorie, un ratio de survie relative supérieur à 100 % signifie que la survie observée chez les personnes atteintes du cancer est supérieure à celle prévue pour un groupe comparable faisant partie de la population générale. Une telle situation pourrait tenir au fait que les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer affichent une mortalité plus faible attribuable à d’autres causes en raison d’un degré d’interaction plus élevé que la moyenne avec le système de soins de santé. Cela dit, toute estimation de la survie relative qui est supérieure à 100 % doit faire l’objet d’une interprétation prudente, car plusieurs autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte, y compris la variation aléatoire du nombre de décès observés, la possibilité que certains décès attribuables au cancer ne soient pas enregistrés et l’imprécision de l’estimation de la survie prévue.
À titre d’indication du degré d’incertitude statistique entourant les estimations de la survie, des intervalles de confiance établis à partir des erreurs types estimées au moyen de la méthode de GreenwoodNote 11 sont fournis. Pour éviter les situations aberrantes dans lesquelles la limite inférieure de l’intervalle de confiance d’une estimation observée de la survie est plus basse que zéro ou la limite supérieure est plus élevée que un, on a recours à une transformation bilogarithmique [log (-log)] afin de produire des intervalles de confiance asymétriques. Pour calculer ensuite les limites de confiance des ratios de survie relative, on divise les limites pour la survie observée par la proportion correspondante de cas de survie prévus.
Étant donné que les estimations de la survie varient selon l’âge et que la répartition des cas de cancer selon l’âge peut elle aussi varier au fil du temps et entre régions, il est généralement préférable d’utiliser des estimations normalisées selon l’âge pour comparer les estimations de la survie dans le temps, entre provinces ou entre une province et l’ensemble du Canada. Les estimations de la survie normalisées selon l’âge peuvent être envisagées comme étant l’estimation de la survie qui serait observée dans l’hypothèse où le groupe de personnes atteintes du cancer qui est étudié et la population type ont la même structure par âge. Les estimations normalisées selon l’âge sont calculées au moyen de la méthode directe. Plus précisément, les estimations de la survie selon l’âge pour un cancer particulier sont pondérées en fonction de la répartition selon l’âge des personnes chez qui on a diagnostiqué ce cancer à l’intérieur d’une période récente et relativement longue, les catégories d’âge utilisées pour la pondération étant fonction du cancer étudié. Cette approche présente l’avantage de produire des estimations de la survie normalisées selon l’âge qui sont similaires aux estimations non normaliséesNote 12. Des précisions sur la population type et les catégories d’âge utilisées sont généralement fournies dans les diverses publications de Statistique Canada. Les intervalles de confiance utilisés pour les ratios de survie relative normalisés selon l’âge sont obtenus en multipliant les limites inférieures et supérieures de la survie observée selon l’âge par le ratio de la survie relative normalisée selon l’âge à la survie observée normalisée selon l’âge.