Hé-coutez bien! Épisode 18 - Décortiquer l'inflation alimentaire: pas si simple! - Transcription
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Annik : Bienvenue a Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.
Je suis sûre que vous ne serez pas surpris d'apprendre que le coût de mes courses hebdomadaires a atteint des sommets… disons vertigineux! Qu'est-ce qui se passe?
Nous avons fait un épisode sur l'inflation, il y a de cela quelques lunes, et je pense qu'il est temps d'en faire un autre; cette fois-ci, nous allons rencontrer une experte de StatCan pour parler plus précisément de l'inflation des produits alimentaires.
Annik : Bonjour, pourrais-tu te présenter en indiquant ton nom et ta fonction?
Annie : Bonjour, je m'appelle Annie De Champlain, je suis gestionnaire de programme pour l'indice des prix à la consommation à Statistique Canada.
Annik : Alors Annie, ma famille dépense beaucoup plus pour ses courses qu'il y a quelques années, mais les dernières données indiquent que les prix des aliments se sont stabilisés. Pas pour moi, ce n'est vraiment pas le cas. Comment peux-tu expliquer ça?
Annie : Bien, les consommateurs, ils peuvent souvent avoir l'impression que les prix sont plus élevés que le taux d'inflation. Habituellement, on mesure le taux d'inflation sur 12 mois. Donc, si on regarde le taux d'inflation pour les aliments de mars 2023 à mars 2024, on a une augmentation de 1,9 %. Mais si on regarde un peu plus à plus long terme, donc un peu dès le début de la pandémie, on peut voir de mars 2020 à mars 2024 qu'il y a une augmentation de 23 %, qui est une augmentation dont les Canadiens trouvent que ça reflète bien leur consommation.
Annik : Donc, est-ce que tu dirais que c'est notre nouvelle réalité? Est-ce que les prix vont être élevés, continuer à s'élever comme ça à tout jamais?
Annie : En fait, on voit rarement des diminutions de prix, mais on voit une stabilisation des prix, à l'exception de différents produits, est-ce qu'il y a une pénurie dans certains produits? Les prix peuvent augmenter soudainement, puis ensuite retourner à la normale. On peut voir ces exemples-là, mais en général, les prix se maintiennent à leur niveau.
Annik : Comment peux-tu être sûre que les données de Statistique Canada sont exactes? On ne fait pas tous nos courses dans la même épicerie.
Annie : Les données de Statistique Canada sur les aliments proviennent en grande partie des données de points de vente des grands détaillants. Donc, ces données-là, dans le fond, nous donnent accès à des millions et des millions de prix qui reflètent les achats des consommateurs. Donc, on reçoit ces données-là et à chaque mois, c'est ce qu'on utilise pour calculer l'indice des prix pour les aliments, mais on va aussi chercher les prix pour les plus petits détaillants qui sont peut-être plus dans les différentes régions.
Donc, on a vraiment une bonne représentation de tous les détaillants à travers le Canada. Donc, nos données sont très fiables.
Annik : Est-ce qu'il existe d'autres moyens de mesurer l'inflation qui seraient meilleurs, plus rapides et même plus précises?
Annie : Avec les données de transaction, je crois qu'on a en ce moment un très bon outil pour mesurer l'inflation. Je crois qu'en ce moment, c'est vraiment l'outil le meilleur pour nous donner une meilleure représentation des prix.
Annik : Quelles sont les raisons qui expliquent l'inflation alimentaire?
Annie : Il y a plusieurs raisons qui expliquent l'inflation des produits alimentaires. Ça peut être des raisons météorologiques, donc des fois des sécheresses ou des pluies ou d'autres événements météorologiques. On peut penser à l'exemple des oranges en Floride, où est-ce qu'il y a eu des sécheresses, donc la production était moins élevée, donc ça a augmenté le prix du jus d'orange.
Il y a aussi, on est très réactif aux événements mondiaux. Par exemple, l'invasion de l'Ukraine, donc il y a eu beaucoup de pression sur les prix du blé et des céréales. Donc, on a vu ça dans les prix de la farine et d'autres produits faits à base de céréales
Annik : Qu'espère-tu que les auditeurs retirent de cet épisode?
Annie : J'espère que les auditeurs puissent retirer de cet épisode que l'indice des prix des aliments est représentatif de la consommation des Canadiens en général. Donc, pas tous les Canadiens peuvent se sentir représentés par nos données puisqu'on n'a pas tous les mêmes habitudes d'achat. Donc, peut-être un végétarien va avoir une différente expérience avec l'inflation que quelqu'un qui mange de la viande, donc les prix des viandes sont beaucoup plus élevés en ce moment, donc ils peuvent voir un peu, eux, avoir un peu plus d'inflation, remarquer un peu plus les coûts plus élevés à la caisse.
Donc, nous, ce qu'on essaie de faire, c'est être représentatif de la population en général, mais c'est certain que Chacun va vivre cette expérience-là différemment.
Annik : Est-ce qu'il y a des idées fausses courantes sur l'IPC ou l'inflation des aliments?
Annie : Donc, nous avons différents produits qui mesurent les niveaux de prix. On a un tableau des prix moyens qu'on publie aussi à Statistique Canada, mais on recommande aux utilisateurs d'utiliser l'indice des prix à la consommation. Puisque celle-ci mesure un produit unique dans le temps. Donc, c'est sûr qu'on mesure le même produit avec la même qualité, avec la même unité de poids. Avec le même poids. Donc, on s'assure que les produits de l'IPC ont la même qualité, ont le même poids d'une période à l'autre. Donc, on s'assure qu'on compare la même chose historiquement.
Tandis que les prix moyens… Eux vont comparer ce que les gens vont avoir consommé à un mois spécifique.
Donc, s'il y a eu une vente dans les produits de marque maison à un certain mois, peut-être que les gens vont être tentés d'acheter plus ces produits-là parce qu'ils coûtent moins cher. Donc, le prix moyen à ce moment-là va être un peu plus bas. Si le mois prochain, il n'y a pas de vente, alors les gens vont peut-être retourner vers leurs habitudes aux produits de marque. Donc, à ce moment-là, on ne mesure pas la même chose. On mesure vraiment, pour un mois donné, ce que les Canadiens ont dépensé. Alors, si on veut vraiment avoir une tendance à long terme, ce qu'on doit vraiment observer, c'est l'indice des prix à la consommation pour avoir une bonne image de ce qui se passe là-dedans.
Annik : Si on veut en savoir plus sur l'inflation des aliments, l'indice des prix à la consommation et la façon dont StatCan le mesure, où devrait-on aller?
Annie : Nous avons plusieurs ressources sur le site Web de Statistique Canada. Par exemple, le portail de l'indice des prix à la consommation. Donc, sur ce portail, vous pouvez trouver les informations sur notre quotidien, les données, différentes analyses. Nous avons aussi un calculateur de taux d'inflation personnel et un outil de visualisation des données de l'IPC. Mais nous avons aussi récemment publié un carrefour de données sur les prix des aliments. Donc, vous pouvez voir les prix moyens sur ce tableau, l'outil de visualisation mais nous avons aussi les différents prix liés à la chaîne d'approvisionnement et différents articles d'analyse expliquant les variations de prix au cours des dernières années.
Annik : Vous venez d'écouter Hé-Coutez bien! Merci à notre invitée, Annie De Champlain .
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