Hé-coutez bien! Épisode 20 - Les économistes tirent la sonnette d'alarme sur la productivité - Transcription
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Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage. Si vous avez suivi l'actualité économique cette année, il y a de fortes chances que vous ayez entendu dire que le Canada a un problème de productivité. De nombreux médias vont même jusqu'à parler d'une véritable situation d'urgence. Au début juin, StatCan a publié les chiffres du premier trimestre pour la productivité du travail en 2024 et ils sont en baisse de 0, 3 %. ce qui s'inscrit dans la tendance à l'affaiblissement que nous observons depuis quelques années.
Ce n'est pas très réjouissant, mais pourquoi cela se produit? Et comment cela affectera-t-il nos vies? Nous connaissons l'impact de l'inflation sur notre vie quotidienne. Une inflation plus élevée signifie des prix plus élevés pour nous, consommateurs à la pompe à l'épicerie et ainsi de suite. C'est assez clair.
Mais qu'en est-il de la productivité? Je comprends que si le travailleur Canadien moyen est moins productif, c'est mauvais pour l'économie, mais que signifie mauvais pour l'économie pour le Canadien moyen? J'ai rencontré Elizabeth Richards, économiste à StatCan, pour approfondir la question.
Elizabeth : Mon nom est Elizabeth Richards.
Je suis directrice et économiste dans la branche de recherche à Statistique Canada.
Annik : Bonjour, Elisabeth. Bienvenue à l'émission.
Elizabeth : Bonjour.
Annik : Alors aujourd'hui, nous allons parler de productivité. Comment définissez- vous ce concept?
Elizabeth : C'est une bonne question. Il y a différentes façons de calculer la productivité. Je dirais que la mesure la plus courante ou la plus populaire, c'est de regarder le PIB par heure travaillée donc le produit intérieur brut par heure travaillée. Puis même comme travailleurs nous-mêmes on peut penser à notre salaire horaire donc notre salaire par heure, ça pourrait être utilisé pour calculer notre contribution au PIB ou à l'économie. Il y a trois façons d'augmenter la productivité du travail qui sont importantes à soulever : la première, c'est l'augmentation des investissements des usines, des machines de l'équipement qu'on a comme travailleurs. La deuxième, c'est une amélioration des compétences des travailleurs. Donc penser à la main d'œuvre, à notre expérience, à notre éducation, ce qu'on apporte au marché du travail. Et la troisième, c'est d'autres facteurs comme l'innovation, la technologie qui peuvent aussi améliorer la productivité.
Annik : Que suggèrent les dernières données sur la productivité au Canada.
Elizabeth : Si on regarde la productivité récemment, on voit une baisse au cours de 12 des 15 derniers trimestres, donc des niveaux plus bas de ce qu'on avait vu avant la pandémie. C'est vraiment une continuation des tendances qu'on observe depuis environ 2014, 2015 où il y a eu une chute très importante, une baisse importante pour les prix de pétrole et de gaz.
Vraiment, on n'a pas vraiment vu de reprise après, surtout dans l'investissement du capital et dans la productivité depuis ce choc économique.
Annik : Comment le Canada se compare-t-il aux autres pays?
Elizabeth : Si on se compare avec les États-Unis, on voit que depuis l'an 2000, la croissance de la productivité aux États-Unis a été deux fois plus importante que celle du Canada puis il y a plusieurs facteurs qui contribuent. Si on regarde l'économie des États-Unis, ils sont très productifs dans des industries de technologie. dans des industries de télécommunications. Ce sont des industries qui sont moins importantes au Canada, au Canada, on a aussi plus de petites entreprises. Les États-Unis ont beaucoup de grandes entreprises qui sont typiquement plus productifs, plus concurrentes que des petites entreprises.
Mais vraiment, un des facteurs importants à souligner c'est cette baisse dans l'investissement du capital qu'on a vu après la chute des prix de pétrole et de gaz en 2014, 2015 donc on n'a vraiment pas vu de reprise dans l'investissement du capital. Donc encore, on pense aux usines, à l'équipement, aux machines, à tout ce que les travailleurs ont pour améliorer soit la quantité de ce qu'ils produisent par heure ou la qualité.
Annik : Pourquoi est-ce que les citoyens moyens devraient s'en préoccuper?
Elizabeth : Comme j'ai mentionné, la productivité est liée à ce qu'on produit par heure ou notre salaire par heure. Donc, si on veut voir des améliorations de la croissance importante dans nos salaires réels dans nos standards de vie, on doit voir plus de productivité comme travailleur
On doit faire plus de travail ou du meilleur travail, voir la qualité s'améliorer. Donc c'est important. Un de mes économistes préféré, Paul Krugman dit : la productivité n'est pas tout, mais à long terme, c'est presque tout, parce que c'est vraiment dans le long terme pour nos standards de vie, c'est important d'améliorer la productivité pour que nos salaires augmentent.
Annik : On parle beaucoup récemment de l'IA, de la réalité virtuelle des programmes robotiques. Comment est-ce que toutes ces technologies, ces nouvelles technologies dont on entend parler affecte potentiellement notre productivité.
Elizabeth : Une très bonne question. Il y a des opportunités importantes pour améliorer la productivité.
Au cours des dernières années, environ 6 % des entreprises canadiennes ont utilisé de l'intelligence artificielle pour produire des biens ou fournir des services. Je pense qu'on est vraiment au début du boom de cette tendance qu'on entend beaucoup parler, mais le potentiel d'amélioration de la productivité est considérable. C'est quelque chose comme bureau national de statistique qu'on doit examiner. On doit vraiment voir l'adoption de comment les entreprises utilisent la technologie et de meilleure comprendre l'impact sur la productivité, puis aussi comment on travaille comme travailleurs et comment les entreprises mènent leurs affaires.
Annik : Donc, dans l'ensemble, ces investissements aideront ils les travailleurs ou est ce qu'ils vont leur nuire?
Elizabeth : Très bonne question et aussi une question que je suis certaine intéresse plusieurs Canadiens. J'ai des collègues dans la branche de recherche qui font du travail très intéressant là-dessus, je peux vous parler de ce qu'on sait, mais encore ça va être un phénomène important pour nous de continuer à surveiller et de comprendre. J'ai un collègue qui a étudié l'impact de l'investissement dans les robots pour les entreprises. Puis contrairement à nos craintes, ce qu'il a trouvé, c'est que les entreprises qui ont acheté plus de robots ont embauché plus de gens après puis ont été beaucoup plus productifs aussi.
C'est certain qu'il y a une évolution dans le type de travailleur dont on a besoin, mais on voit des avantages très importants. J'ai des collègues qui font aussi une recherche qui va être publiée cet automne, puis ça parle de différents emplois ou d'occupation. Parce que la façon dont on va travailler avec l'intelligence artificielle ça dépend vraiment de notre travail, ça dépend vraiment de notre type d'emploi. Puisqu'ils ont trouvé que 40 % de nos emplois au Canada ne sont vraiment pas susceptibles à beaucoup de changements avec l'intelligence artificielle, mais il y en a 60 % qui sont susceptibles dans ce 60 % environ la moitié voient beaucoup d'avantages, beaucoup de complémentarité, ça pourrait rajouter de la valeur aux tâches que les humains font.
Ça pourrait développer de nouvelles tâches de nouvelles occupations. Donc il y a beaucoup d'avantages aussi. Je pense que ça va être important de continuer de regarder l'adoption, puis de comprendre tout ce phénomène, puis comment ça change de la façon dont on travaille.
Annik : Pourquoi ces résultats sont-ils importants?
Elizabeth : La communauté des économistes on pense souvent à la productivité. C'est un indicateur clé qui nous préoccupe. Puis on voit récemment beaucoup plus de préoccupations dans les médias qui s'expliquent par la performance pas aussi forte qu'aux États-Unis. Je pense que c'est important pour les Canadiens de comprendre leur contexte économique, de comprendre comment la productivité pourrait avoir un impact sur leur salaire, leurs niveaux de vie, puis aussi comprendre aussi comme travailleurs, les investissements qu'eux-mêmes peuvent prendre, comme aller chercher plus d'éducation, plus de formation sur la job, de comprendre comment la technologie peut leur aider faire leur travail. Ce sont des aspects qui sont importants
Annik : Et selon toi, quel est le principal enseignement à en tirer?
Elizabeth : Généralement ce que je dirais, c'est qu'on voit que les entreprises canadiennes innovent, mais on ne voit pas comment ces innovations se traduisent en une croissance de la productivité. Donc, vraiment, il va y avoir beaucoup d'attention dans la communauté des politiques publiques pour les Canadiens de comprendre mieux comment est-ce qu'on peut stimuler l'investissement des entreprises pour stimuler la productivité. Comment est-ce qu'on peut encourager les travailleurs et les entreprises à être ouvert à la technologie, à trouver de nouvelles façons de travailler, puis vraiment d'évoluer avec la technologie. C'est toutes des choses qui vont nous aider à investir dans la productivité au Canada.
Annik : Puis si on voudrait en savoir plus sur le sujet où est-ce qu'on peut aller?
Elizabeth : Absolument, sur le site web de Statistique Canada a plein de recherches, plein de données sur les entreprises d'adoption de la technologie et beaucoup à venir.
Annik : Merci beaucoup, Elizabeth.
Elizabeth : Ça me fait plaisir.
Annik : Vous venez d'écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Elizabeth Richards. Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission n'hésitez pas à la noter, à la commenter et à vous abonner.
Et merci de nous avoir écouté!