Date de diffusion : le 29 janvier 2025
Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025001

Vous n'êtes peut-être pas surpris d'apprendre que vos relations avec vos amis et votre famille influencent votre bien-être. Il en va de même pour votre santé et votre travail. Mais qu'en est-il du lieu où vous vivez ? Que vous viviez dans le centre-ville d'une grande ville, dans une ville de banlieue ou dans une communauté rurale, quel impact cela a-t-il sur votre satisfaction de vivre, votre solitude et votre sentiment d'appartenance ? Lauren Pinault, de StatCan, nous rejoint aujourd'hui au micro pour explorer comment les lieux où nous vivons influencent notre bien-être.
Animatrice
Annik Lepage
Invitée
Lauren Pinault (Narration par Valérie Mandia)
Écoutez
Hé-coutez bien! Épisode 23 - Cartographie du bonheur : Comment l'endroit où nous vivons influence notre bien-être - Transcription
Transcription
Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.
Annik : Si je vous demandais : « À quel point êtes-vous heureux? », que diriez-vous? « Sur une échelle de 1 à 10, 1 représentant le plus faible niveau de bonheur que vous puissiez imaginer et 10, le plus haut niveau de bonheur, où vous situez-vous? » Quels sont les facteurs que vous prenez en considération? Avez-vous pris un bon déjeuner ce matin? Avez-vous eu une dispute avec votre conjoint? Avez-vous obtenu récemment une promotion au travail? Peut-être voyagez-vous en avion vers la Costa del Sol en Espagne ou vers Tokyo pour des vacances. Si c’est le cas, emmenez-moi! Peut-être vous sentez-vous plutôt neutre parce que vous lavez la vaisselle ou que vous allez au travail.
Tous ces facteurs influencent votre bonheur à chaque instant, mais qu’en est-il de votre vie en général?
Le bonheur, avec un grand « B », c’est-à-dire le sentiment général de satisfaction à l’égard de la vie, dépend de nombreux facteurs. Il y a les relations avec ses amis, sa famille, la satisfaction par rapport au travail et aux revenus, et aussi l’état de santé. La liste est longue.
Un aspect intéressant à envisager est l’influence que le lieu où nous vivons peut avoir sur notre bonheur, avec un grand « B ». C’est l’un des thèmes étudiés dans l’édition spéciale de Regards sur la société canadienne de StatCan.
Annik : Si je vous demandais : « À quel point êtes-vous heureux? », que diriez-vous? « Sur une échelle de 1 à 10, 1 représentant le plus faible niveau de bonheur que vous puissiez imaginer et 10, le plus haut niveau de bonheur, où vous situez-vous? » Quels sont les facteurs que vous prenez en considération? Avez-vous pris un bon déjeuner ce matin? Avez-vous eu une dispute avec votre conjoint? Avez-vous obtenu récemment une promotion au travail? Peut-être voyagez-vous en avion vers la Costa del Sol en Espagne ou vers Tokyo pour des vacances. Si c’est le cas, emmenez-moi! Peut-être vous sentez-vous plutôt neutre parce que vous lavez la vaisselle ou que vous allez travailler.
Tous ces facteurs influencent votre bonheur à chaque instant, mais qu’en est-il de votre vie en général?
Le bonheur, avec un grand « B », c’est-à-dire le sentiment général de satisfaction à l’égard de la vie, dépend de nombreux facteurs. Il y a les relations avec ses amis, sa famille, la satisfaction par rapport au travail et aux revenus, et aussi l’état de santé. La liste est longue.
Un aspect intéressant à envisager est l’influence que le lieu où nous vivons peut avoir sur notre bonheur, avec un grand « B ». C’est l’un des thèmes étudiés dans la nouvelle publication Regards sur la société canadienne de StatCan.
Lauren : Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la géographie, qui est l’une des manières que je préfère pour aborder les données. Au cours des dernières années, nous avons recueilli des renseignements sur le bien-être et la qualité de vie des Canadiens dans le cadre de l’Enquête sociale canadienne. Lorsque nous sommes en mesure de combiner plusieurs vagues de l’enquête, nous pouvons ensuite analyser le lieu de résidence des personnes répondantes et la manière dont celui-ci peut influencer les réponses à l’enquête.
Annik : Bonjour! Qui parle?
Lauren : Bonjour. Je suis Lauren Pinault. Je suis chef de la section chargée des enjeux émergents à Statistique Canada.
Annik : Quelles sont certaines des hypothèses en jeu lorsque nous parlons du lieu où nous vivons et de l’influence qu’il a sur notre bien-être?
Lauren : Lorsque les gens choisissent un lieu de résidence, ils tiennent compte de nombreux facteurs, comme le coût de la vie, la proximité des amis ou de la famille, l’existence d’un bon emploi, ainsi que l’accessibilité aux événements culturels, par exemple. Je pense donc que, d’une certaine manière, les gens choisissent leur lieu de vie selon ce qui leur convient et selon la mesure dans laquelle ils peuvent choisir leur lieu de vie. Mais nous étudions le bien-être, qui est une idée très complexe. Ainsi, certains aspects d’un endroit agréable à vivre ne sont pas nécessairement appréciés par tout le monde. Par exemple, j’aime beaucoup faire des randonnées en plein air. Je vis en dehors d’Ottawa, ce qui me permet d’avoir facilement accès à la nature. C’est parfait pour moi, mais ça ne convient pas nécessairement à un ami qui désire vraiment avoir accès à des magasins et à des restaurants, et qui veut vivre en plein cœur de la ville. Cette approche n’est donc pas du tout universelle.
Annik : En général, quel est le degré de bonheur des Canadiens?
Lauren : En moyenne, environ la moitié, soit environ 50 % des gens disent avoir un niveau élevé de satisfaction à l’égard de la vie, sur une échelle allant de 1 à 10, et donc qu’ils sont heureux. Ils indiquent une note de 8, 9 ou 10 sur cette échelle.
Annik : Quelle province était la plus heureuse, et peut-être la moins heureuse?
Lauren : Le Québec, qui semble être la province la plus heureuse, se distingue lors de chaque cycle que nous menons. Au Québec, 59 % des personnes se disent très satisfaites de leur vie. Terre-Neuve-et-Labrador suit de près avec 56 % des gens se disant très satisfaits de leur vie.
Annik : Et qu’en est-il des moins heureuses?
Lauren : Les régions les moins bien placées sur cette échelle sont l’Ontario, où 46 % des gens se disent heureux. La Colombie-Britannique et l’Alberta suivent avec 47 % des gens qui se disent heureux.
Annik : Pourquoi donc? Qu’ont-elles en commun, ces provinces relativement heureuses ou malheureuses?
Lauren : Je voudrais bien connaître la réponse à cette question. Je crois que nous adoptons une approche très itérative en sciences. Nous mesurons le « quoi » actuellement. Cette étude répond à la question : « Où voyons-nous ces tendances? ».
La prochaine étude pour laquelle nous aimerions faire un suivi répondrait à la question du « pourquoi » : « Pourquoi voyons-nous ces différences? ». Vous savez, c’est la question en or.
Annik : Mais vous n’avez pas examiné le bonheur que dans les provinces. Vous avez également comparé les petites villes avec les grandes villes. Pouvez-vous nous en dire plus?
Lauren : Dans notre étude, nous avons découvert un moyen de classifier tous les milieux de vie, des plus urbains aux plus ruraux. Nous souhaitions donc éviter la dichotomie très simple entre les zones urbaines et les zones rurales, car elle constitue une façon beaucoup trop simpliste d’envisager les données. Nous avons donc mis au point un nouveau système qui tient également compte de la taille globale de la population, de sa densité et de sa proximité avec d’autres grands centres urbains.
En examinant nos statistiques d’un certain point de vue, nous avons constaté que les gens des zones rurales se disaient légèrement plus heureux. Et c’est vraiment ce que nous avons observé, y compris dans les zones rurales et reculées, ainsi que dans les petites villes de moins de 100 000 personnes, qui ont échappé à l’influence des autres grands centres urbains.
En revanche, nous avons constaté que les gens étaient moins susceptibles d’indiquer une grande satisfaction à l’égard de la vie dans les plus grandes villes. Mais, comme je l’ai dit, je tiens à préciser que cette constatation représente une mesure moyenne. De nombreuses personnes vivent dans des centres urbains et s’y sentent très heureuses. Cette mesure ne veut donc pas dire que ces centres sont dépourvus de bonheur.
Annik : On peut mesurer la satisfaction à l’égard de la vie en utilisant d’autres méthodes que de leur demander d’emblée « à quel point êtes-vous satisfait de votre vie? ».
Lauren : Tout à fait. L’une des autres façons de mesurer le bien-être consiste à évaluer le sentiment d’appartenance à la collectivité.
Et ce que nous avons vu en matière de tendances lorsque nous avons examiné ce sentiment était un peu différent de notre réflexion sur la satisfaction à l’égard de la vie.
Ainsi, une fois de plus, bien que cette idée se révèle très complexe, nous voulons l’examiner sous différents angles. Nous avons remarqué que le niveau le plus bas de sentiment d’appartenance — c’est-à-dire les personnes les moins susceptibles de déclarer l’éprouver —, était celui des citoyens des banlieues situées en dehors des grands centres urbains du Canada.
Par exemple, dans la ville de Hamilton, où l’influence de Toronto se fait sentir, 43 % des personnes ont déclaré avoir un fort sentiment d’appartenance. Ce chiffre s’avère légèrement inférieur à celui observé dans la ville de Toronto qui s’élevait à 44 %.
Ensuite, le sentiment d’appartenance dans les régions vraiment éloignées et rurales était assez élevé. Par exemple, dans la petite ville de Terre-Neuve, Baine Harbour, ainsi que dans la ville de Westport, près des trois quarts des personnes, donc 74 %, ont déclaré avoir un très fort sentiment d’appartenance à leur collectivité. Encore une fois, nous cherchons toujours une explication à ce sujet. Beaucoup d’influences sont possibles, comme le degré d’intégration dans le tissu social, le fait de devoir effectuer un long trajet qui absorbe une grande partie de votre journée et la mesure dans laquelle vous connaissez vos voisins et les gens qui vous entourent.
Annik : J’aurais pensé, peut-être que c’est le meilleur des deux mondes. Les possibilités d’emploi dans les grandes villes, ainsi que le sentiment de bonheur que l’on semble retirer de la vie dans une petite ville, sont des facteurs qui peuvent inciter à choisir de vivre dans une ville de banlieue. Ce n’est toutefois pas nécessairement le cas.
Lauren : Peut-être que ce n’est pas le cas. Mais, là encore, ce n’est pas la tendance que nous observons pour la satisfaction globale à l’égard de la vie. Je veux dire par là que de vivre dans des régions vraiment éloignées pourrait représenter une très bonne occasion pour certaines personnes. Là encore, cette approche ne constitue pas une approche universelle. Je suppose donc que pour certaines personnes vivant dans ces collectivités, l’éloignement crée des obstacles en ce qui concerne leur sentiment général d’appartenance à leur propre collectivité. Surtout si le fait de vivre éloigné les oblige à se rendre dans un autre lieu pour travailler.
Annik : Quelles sont d’autres dimensions du bonheur? Comment peuvent-elles se manifester, à travers le Canada et dans les collectivités rurales et les grandes villes?
Lauren : Nous avons examiné un grand nombre d’aspects différents, au-delà de la satisfaction à l’égard de la vie et du sentiment d’appartenance. L’un des autres aspects que nous avons examinés est la solitude, le fait que les personnes déclarent ou non se sentir toujours ou souvent seules. Nous pensions, en nous lançant dans ce projet, que la solitude était très liée à la géographie. Ainsi, si vous faites partie d’une population rurale plus âgée, la solitude vous guette peut-être. De même, si vous êtes un nouvel arrivant au Canada et que vous vous trouvez dans un grand centre d’accès, vous pouvez également ressentir cette solitude. Mais nous n’avons pas constaté de grandes variations géographiques lorsque nous avons cartographié les données. En fait, nous avons constaté l’absence de toute tendance géographique forte en ce qui concerne la solitude. Apprendre que la solitude est un problème présent partout, que vous viviez dans une zone rurale ou urbaine, nous a beaucoup intéressés.
Malheureusement, l’endroit où nous vivons ne résout pas tous nos problèmes.
Annik : Qu’en est-il de la part des personnes qui ont dit qu’elles pouvaient compter sur quelqu’un qui les aiderait quand elles en auraient vraiment besoin? Qu’en cas de crise, elles pouvaient appeler quelqu’un.
Lauren : Lorsque nous avons dressé la carte, nous avons constaté que de nombreuses variations existaient et que le clivage entre les zones urbaines et les zones rurales n’était pas vraiment marqué. Par exemple, nous avons remarqué que le pourcentage de personnes déclarant avoir quelqu’un sur qui compter se situait à un niveau inférieur dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver, mais aussi dans de nombreuses régions rurales de certaines provinces. Nous avons constaté des pourcentages plus faibles en Alberta et en Ontario, par exemple. La situation varie beaucoup et nous ne comprenons pas vraiment pourquoi nous observons ces tendances, mais, là encore, c’est un sujet que nous aimerions suivre et mieux comprendre.
Annik : Si vous pouviez résumer, qu’avons-nous appris?
Lauren : Ce que j’en retire, c’est que la prise en compte de la géographie dans l’étude des statistiques sociales constitue un angle totalement nouveau pour mieux comprendre les tendances que nous observons. Nous analysons les choses en fonction de l’âge, du sexe et d’autres variables, mais parfois, les analyser en fonction de la géographie s’avère fascinant. Nous découvrons l’existence de nouvelles tendances que nous n’avions pas soupçonnées.
L’autre chose que nous avons apprise, c’est que la géographie a vraiment de l’importance. Par exemple, l’endroit où nous vivons influe sur certaines des variables que nous mesurons. Nous devons assurer un suivi pour mieux comprendre comment tous ces éléments s’intègrent comme facteurs qui influencent notre interprétation des données.
Annik : Pourquoi ces résultats ont-ils une importance particulière?
Lauren : Le bien-être est notre priorité. Le gouvernement considère donc comme une priorité le besoin de comprendre comment les Canadiens s’en sortent. Pour ce faire, nous mesurons toutes les facettes du bien-être, notamment la satisfaction à l’égard de la vie, l’espoir en l’avenir et toutes ces choses importantes. Il est aussi très important de comprendre votre lieu de résidence au Canada et comment ce lieu influence vos réponses aux enquêtes.
Annik : Est-ce qu’il y a quelque chose qui aurait été intéressant de comprendre dans votre publication, mais que vous n’avez pas pu faire? Cela vous a-t-il inspiré pour de futures recherches?
Lauren : J’aime bien votre question, parce que nous désirons en savoir plus sur les raisons qui expliquent ces tendances. Je pense que c’est la question la plus intéressante si nous devions nous y attarder.
Nous mesurons d’autres tendances. Dans ces enquêtes, on retrouve différents types de situations concernant les revenus des ménages ou différents aspects de leur situation de vie. Nous souhaitons mieux comprendre les raisons qui sous-tendent ces tendances dans la géographie et être en mesure d’expliquer certaines des tendances que nous observons.
Je pense qu’il n’y a rien d’autre à ajouter, si ce n’est que nous pensons beaucoup à l’idée de contrôler notre vie et d’avoir une grande influence sur notre bien-être.
Une question demeure sans réponse, mais elle serait fort intéressante à étudier : à savoir si nous choisissons notre lieu de résidence ou si nous nous y trouvons « coincés » parce que nous travaillons là, ou pour toute autre raison. Je me demande jusqu’à quel point le fait que nous puissions choisir où nous voulons vivre au Canada influence réellement notre bien-être.
Annik : Vous venez d’écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Lauren Pinault. Vous pouvez lire son article dans une édition spéciale de Regards sur la société canadienne de Statistique Canada. Vous trouverez un lien dans les notes de cet épisode ou sur le site web de StatCan.
Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous écoutez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, la meilleure façon de nous soutenir est de laisser un commentaire sur le répertoire de balados de votre choix. Merci à l'utilisateur BDebney, qui a écrit : « Quel excellent balado. Les questions abordées sont très intéressantes et offrent une excellente perspective sur les questions qui préoccupent les Canadiens. » Merci beaucoup, nous l'apprécions vraiment. Comme toujours, merci d'avoir écouté.