Un portrait de Canadiens qui ont connu l'itinérance

Un portrait de Canadiens qui ont connu l'itinérance

Au cours du Recensement de la population de 2021, Statistique Canada a dénombré 12 565 Canadiens qui séjournaient dans des refuges. Cependant, ce dénombrement ponctuel ne tient pas compte de la véritable ampleur de l’itinérance au Canada.

Bien qu’une minorité de Canadiens se trouvent en situation d’itinérance à un certain moment de leur vie, certains groupes affichent un risque supérieur, y compris les Autochtones, les minorités sexuelles et les femmes noires.

Nous avons évalué les caractéristiques des personnes ayant déjà vécu une situation d’itinérance avant la pandémie de COVID-19 en demandant aux responsables actuels des décisions relatives au logement s’ils se sont déjà retrouvés sans foyer.

L’itinérance cachée est beaucoup plus prévalente que l’itinérance sans abri

L’itinérance sans abri est définie comme le fait d’avoir vécu dans un refuge pour sans-abri, dans la rue, dans un parc, dans un abri de fortune ou dans un bâtiment abandonné.

En 2018, environ 3 % des Canadiens responsables des décisions en matière de logement au sein de leur ménage s’étaient trouvés en situation d’itinérance sans abri dans le passé, sans différence significative entre les hommes et les femmes.

Cependant, plus de 1 personne sur 7 (15 %) responsable des décisions en matière de logement au sein de son ménage s’était trouvée en situation d’itinérance cachée, c’est-à-dire qu’elle a eu à vivre temporairement avec de la famille, des amis ou ailleurs, car elle n’avait nulle part d’autre où aller.

Les Autochtones, les minorités sexuelles et les femmes noires affichent les taux d’itinérance parmi les plus élevés

Les taux plus élevés d’itinérance chez les Autochtones sont bien documentés et sont associés à des obstacles systémiques à l’emploi et à l’éducation, à la discrimination raciale sur le marché du logement et aux effets intergénérationnels de la colonisation et des expériences en pensionnat.

En 2018, chez les Autochtones responsables des décisions en matière de logement au sein de leur ménage, environ 12 % des membres des Premières Nations vivant hors réserve, 10 % des Inuit et 6 % des Métis ont déclaré s’être trouvés en situation d’itinérance sans abri dans le passé. La proportion correspondante chez les non-Autochtones était de 2 %.

Les minorités sexuelles étaient aussi plus à risque de se trouver en situation d’itinérance sans abri. En particulier, chez les femmes responsables des décisions en matière de logement au sein de leur ménage, près de 8 % de celles ayant une orientation sexuelle minoritaire s’étaient trouvées en situation d’itinérance sans abri dans le passé, comparativement à 2 % chez leurs homologues hétérosexuelles. Plusieurs facteurs pourraient permettre d’expliquer ces résultats, y compris des taux accrus de violence familiale, de discrimination et de victimisation.

Dans l’ensemble, les Canadiens appartenant à des groupes de population désignés comme des minorités visibles (2 %) étaient légèrement moins susceptibles de s’être trouvés en situation d’itinérance que ceux qui n’appartenaient pas à une minorité visible (3 %).

Chez des groupes de Canadiens précis qui étaient responsables des décisions en matière de logement au sein de leur ménage, les personnes sud-asiatiques (1 %) et arabes (1 %) étaient considérablement moins à risque de s’être trouvées en situation d’itinérance sans abri. En revanche, 5 % de la population noire s’était trouvée en situation d’itinérance dans le passé, une proportion qui passait à 6 % chez les femmes noires.

Les Canadiens responsables des décisions en matière de logement au sein de leur ménage qui habitaient au Nunavut (14 %) étaient les plus susceptibles de s’être trouvés en situation d’itinérance sans abri dans le passé. Les résidents du Yukon (8 %) et des Territoires du Nord-Ouest (6 %) affichaient aussi des taux supérieurs d’itinérance dans le passé. En revanche, ceux qui vivaient au Québec (1 %) affichaient le taux le plus faible.

Pour en savoir davantage sur l’itinérance au Canada, consultez l’article « Portrait des Canadiennes et Canadiens ayant vécu en situation d’itinérance » et l’infographie « L’itinérance au Canada ».