Des coûts croissants pour les agriculteurs

Nous avons tous subi la hausse des prix des aliments au cours de la dernière année, la plus récente étant une augmentation de 10,1 % d’une année à l’autre en octobre 2022.

Selon le suivi effectué à l’aide de notre Indice des prix des entrées dans l’agriculture, les agriculteurs canadiens ont également été confrontés à une hausse des coûts de production.

Au cours du deuxième trimestre (d’avril à juin) de 2022, les prix totaux des entrées au Canada ont augmenté de près d’un cinquième (+17,4 %) par rapport à ce même trimestre il y a un an. Il s’agit d’une variation beaucoup plus importante que l’augmentation de 4,5 % d’une année à l’autre enregistrée au premier trimestre.

Il y a eu quelques variations selon la province, et les agriculteurs des Prairies — Saskatchewan (+21,5 %), Manitoba (+19,6 %) et Alberta (+19,2 %) — ont observé les plus fortes augmentations. Les agriculteurs des provinces de l’Est ont connu une hausse moyenne de 14,4 %, tandis que ceux de la Colombie‑Britannique ont enregistré la plus faible augmentation de toutes les provinces (+13,4 %).

Mais peu importe où se trouvait une ferme, il n’y avait pas d’échappatoire aux augmentations de prix de la plupart des entrées, en particulier pour deux catégories ayant connu une hausse historique.

Engrais et carburant

Les prix payés par les agriculteurs pour les engrais ont augmenté de plus de quatre cinquièmes (80,8 %) au deuxième trimestre de 2022 par rapport au deuxième trimestre de 2021. Il s’agissait de la plus forte augmentation de prix annuelle parmi toutes les entrées que nous avons suivies pour cette période.

Il s’agissait également de la plus forte hausse des prix des engrais d’une année à l’autre depuis 2008, principalement en raison des problèmes d’approvisionnement mondial amplifiés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un important exportateur d’engrais et de ses ingrédients essentiels.

La production intérieure de potasse, le type d’engrais le plus produit au Canada, a été en légère hausse pour la campagne de fertilisation 2021‑2022 (de juillet à juin) par rapport à l’année précédente. La plupart des autres types d’engrais ont observé une légère baisse.

L’invasion de l’Ukraine a également contribué à la flambée des prix du pétrole, qui a ensuite entraîné une hausse des prix du carburant. Le choc de cette augmentation a été d’une intensité comparable à celui des engrais : les agriculteurs ont payé près de quatre cinquièmes (+78,5 %) de plus pour le carburant des machines au deuxième trimestre de 2022 par rapport au même trimestre de 2021, et plus du triple (+211,0 %) du niveau le plus bas sur 16 ans observé au deuxième trimestre de 2020, au début de la pandémie de COVID‑19.

Avant 2021, la plus forte augmentation annuelle du prix du carburant pour les machines (+45,6 %) avait été observée au troisième trimestre de 2008, dans le contexte du début de la récession mondiale. Au cours des deux trimestres suivants, les prix ont chuté de près de la moitié (-46,1 %) avant une remontée progressive jusqu’en 2014, suivie de baisses jusqu’en 2016.

Machinerie et fournitures

Les tracteurs, les moissonneuses‑batteuses, les élévateurs ainsi que les autres véhicules et la machinerie sont non seulement coûteux à acquérir, mais subissent également une usure importante avec le temps.

Les prix de la machinerie et des véhicules automobiles ont augmenté de plus d’un cinquième (20,4 %) au deuxième trimestre de 2022 par rapport au même trimestre en 2021.

L’amortissement de la machinerie et des véhicules automobiles a crû de 9,7 % au cours de la même période. Les prix des réparations de la machinerie ont également augmenté (+3,5 %).

Les prix de la ficelle (il en faut beaucoup pour attacher les balles de foin!), du fil métallique et des conteneurs ont augmenté de 15,2 % au cours de la même période.

Par rapport aux prix des engrais, les prix des autres entrées liées aux cultures ont augmenté à un rythme beaucoup plus lent. Les prix des semences et des plantes commerciales ont été pratiquement inchangés (+0,6 %), tandis que ceux des pesticides ont augmenté de 7,7 %. Les prix de l’assurance‑récolte, offrant une garantie contre certaines pertes de récolte, ont augmenté de 6,8 %.

Bétail et alimentation animale

Les prix des aliments commerciaux pour le bétail ont augmenté de près du tiers (29,8 %) au deuxième trimestre de 2022 par rapport à la même période en 2021, principalement en raison des conditions de croissance et des problèmes d’approvisionnement mondial en céréales. La dernière progression la plus importante d’une année à l’autre avait été enregistrée au troisième trimestre de 1973 (+74,6 %).

Les prix d’achat du bétail ont augmenté de 3,0 % d’une année à l’autre au deuxième trimestre de 2022. Cependant, ils ont affiché une légère baisse (-0,9 %) par rapport au premier trimestre de 2016. De 2016 à 2021, il y a eu une augmentation modeste de certains des principaux stocks de bétail dans les fermes, comme les bovins et les veaux, les porcs et les poulets.

Abri

Les agriculteurs ont payé 13,8 % de plus pour les bâtiments au deuxième trimestre de 2022 par rapport à un an plus tôt, ce qui représente la plus forte augmentation annuelle dans cette catégorie depuis le troisième trimestre de 1974 (+15,0 %).