Surestimation des coûts ou Indice des prix à la consommation : notre perception de l’inflation se compare-t-elle aux données?

19 janvier 2022, 14 h 00 (HNE)
Un homme assis à une table avec un crayon, du papier, une calculatrice et un panier de magasinage miniature calculant les dépenses.

Quiconque a récemment fait le plein d’essence dans une station-service, fait des courses dans un supermarché ou payé une facture de services publics sait que les prix augmentent. La question est : « De combien? »

Chaque mois, l’équipe de l’Indice des prix à la consommation (IPC) de Statistique Canada recueille des données sur les prix de plus de 1 200 produits et services uniques relevés auprès de plus de 7 000 magasins et points de vente différents dans l’ensemble du Canada. Ces données sont traitées mensuellement afin de calculer avec précision la variation des prix à l’échelle nationale et régionale par rapport au mois précédent et au même mois un an plus tôt.

Par ailleurs, un Canadien moyen achète un éventail de produits beaucoup plus limité. L’achat se fait souvent localement auprès de quelques détaillants seulement. Pour cette raison parmi d’autres, la population canadienne tend à surestimer le taux d’inflation par rapport aux chiffres de référence que Statistique Canada publie mensuellement.

Comment le savons-nous? Chaque trimestre depuis 2014, la Banque du Canada demande aux consommateurs et aux entreprises d’indiquer leurs attentes en matière de prix pour l’année à venir ainsi que pour les cinq prochaines années. Au cours de cette période, la population canadienne a systématiquement surestimé le taux d’inflation par rapport aux chiffres de référence publiés mensuellement dans Le Quotidien.

Cette « surestimation » de la part des entreprises et des consommateurs n’existe pas seulement au Canada, mais dans le monde entier, notamment aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Europe (en anglais seulement).

Des facteurs psychologiques et comportementaux jouent un rôle important dans la tendance de la population canadienne à surestimer l’ampleur des variations de prix. Les points de vue relatifs à l’inflation tendent à découler d’importantes variations de prix, en particulier d’importantes hausses. En effet, des prix en hausse interpellent davantage les consommateurs que des prix stables ou en baisse. De même, des variations de prix d’articles achetés fréquemment, comme des produits d’épicerie ou de l’essence, ont une plus grande incidence sur la façon dont nous percevons l’inflation que des variations de prix pour des biens durables achetés moins fréquemment, comme des automobiles ou des matelas.

En outre, les différents types de ménages dépensent leur argent différemment. Par exemple, la présence d’enfants, l’âge d’une personne et la composition du ménage selon le genre ont une incidence sur la façon dont l’argent est dépensé. Comme ces facteurs sociodémographiques influencent la manière dont les Canadiens et les Canadiennes dépensent leur argent, ils exercent également souvent une influence sur le taux d’inflation qui les touche.

En moyenne, les perceptions de l’inflation sont similaires dans tous les groupes d’âge. Toutefois, les jeunes perçoivent l’inflation comme étant plus élevée et plus instable, comparativement aux autres groupes d’âge.

Les perceptions de l’inflation sont également liées au revenu du ménage et à la part du revenu total qu’un ménage consacre aux biens de première nécessité. Par exemple, les ménages à faible revenu consacrent une plus grande part de leurs dépenses totales au logement (33,1 %) comparativement aux ménages à revenu plus élevé (23,7 %), mais ils dépensent moins dans le transport (15,4 % par rapport à 21,9 %) ainsi que dans les loisirs, la formation et la lecture (9,9 % par rapport à 12,8 %). La hausse des prix des biens clés, comme les paiements hypothécaires, les coûts de chauffage et l’essence, qui représentent une grande partie des dépenses d’un ménage, aura une incidence plus importante sur la façon dont une personne perçoit l’inflation que la hausse des prix d’autres articles, comme les services de voyage, qui peut représenter une part moindre des dépenses mensuelles.

Les coûts du logement tendent également à déformer la perception de l’inflation. Le coût d’achat d’un logement éclipse souvent le coût d’entretien de ce logement. La différence entre le prix d’un logement et le coût relatif à la propriété d’un logement peut être une source de confusion qui contribue à l’écart entre l’inflation perçue et l’inflation estimée de l’IPC. Certaines recommandations existent quant à la meilleure façon de refléter le coût réel du logement dans leurs IPC respectifs, mais aucun consensus n’a été atteint entre les organismes nationaux de statistique. Cela dépend également si un logement est considéré comme un bien de consommation ou comme un actif.

La qualité d’un produit est également un aspect important à prendre en compte pour comprendre l’inflation. Pour mesurer avec exactitude la fluctuation pure des prix, les biens et services surveillés au moyen de l’échantillon de produits de l’IPC doivent présenter une qualité comparable au fil du temps. Toutefois, la qualité de certains produits (comme les appareils électroniques, les véhicules automobiles ou les services Internet) s’améliore constamment, souvent de concert avec l’augmentation de leur prix. Lorsque Statistique Canada mesure les variations de prix de ces biens, il tient compte des changements d’ordre qualitatif (ou de la taille de l’emballage). Lorsque les consommateurs achètent ces biens, ils remarquent immédiatement la variation de prix, mais ne tiennent pas nécessairement compte de l’amélioration de la qualité au fil du temps.

Les attentes en matière d’inflation des Canadiens et des Canadiennes ayant davantage de connaissances financières et économiques tendent à refléter plus étroitement les données de l’IPC. Statistique Canada dispose des données, des outils et des ressources qui peuvent aider la population canadienne à mieux comprendre l’inflation et la façon dont elle est mesurée.

Pour en savoir plus sur l’inflation, consultez le communiqué « Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2021 » et l'infographie « L'Indice des prix à la consommation : 2021 en revue », qui mettent l'accent sur l'inflation annuelle moyenne des prix à la consommation au Canada et dans les régions en 2021.

Le Calculateur de taux d’inflation personnel est également un outil pratique pour évaluer dans quelle mesure votre taux d’inflation personnel se compare à celui de l’ensemble du pays.

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