40 millions d’habitants : le Canada franchit un nouveau jalon démographique

Le 16 juin 2023, la population du Canada aura atteint 40 millions d’habitants.

Il s’agit d’un jalon historique pour le pays, et il est franchi à la suite d’une année de croissance record. En 2022, la population du Canada a connu une croissance sans précédent de 1,1 million de personnes, en majeure partie des immigrants permanents et temporaires. Grâce à cet afflux de personnes, la barre des 40 millions d’habitants a été atteinte encore plus rapidement que prévu.

C’est une excellente occasion de à célébrer à quel point le Canada s’est développé et de considérer le cheminement collectif qui nous a menés jusqu’ici.

Premières années : diverses cultures se rencontrent

Lorsque les premiers Européens ont commencé à s’installer en Amérique du Nord au 16^e siècle, on estime que le territoire qu’on appelle maintenant le Canada comptait déjà de 200 000 à 2 millions de membres de Premières Nations et d’Inuit.

En 1666, plus d’un demi-siècle après la fondation de la ville de Québec en 1608, Jean Talon a effectué le tout premier recensement. Tout comme c’est le cas aujourd’hui, le dénombrement de la population vivant en Nouvelle-France a été toute une entreprise pour Jean Talon, qui a réussi à mener à bien ce recensement même s’il s’est déroulé en hiver. À l’aide du concept de lieu de résidence habituel (sur quoi repose toujours le recensement mené aujourd’hui par Statistique Canada), Jean Talon a recensé une population de 3 200 personnes, dont la croissance était principalement attribuable à des taux de fécondité élevés.

À la fin du 18^e siècle, les loyalistes fuyant la guerre d’indépendance des États-Unis ont formé la première grande vague de migration au Canada. Tout au long du début du 19^e siècle, la population a continué de croître grâce à l’immigration, principalement de personnes venant des îles Britanniques.

À partir de la deuxième moitié du 19^e siècle, l’immigration s’est diversifiée à mesure que des immigrants chinois ont commencé à s’installer au Canada, lesquels ont ensuite contribué à la construction du réseau ferroviaire canadien. Au cours de ces années, les taux de natalité sont demeurés élevés par rapport à aujourd’hui.

Par conséquent, en 1867, l’année de la Confédération canadienne, on estime que 3 463 000 personnes vivaient au pays, principalement dans les régions désormais appelées l’Ontario, le Québec et les provinces maritimes.

Colonisation de l’Ouest

À partir de la fin du 19^e siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, de nouvelles vagues d’immigration ont commencé à arriver au Canada, accélérant encore la croissance démographique. Il s’agit d’une période où les nouvelles perspectives florissaient dans l’ouest du pays, rendues possibles par l’achèvement réseau ferroviaire canadien reliant les deux côtes du pays.

Les immigrants arrivant au Canada au cours de cette période provenaient principalement de pays européens, comme l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine, les Pays-Bas ainsi que les pays scandinaves.

En 1870, le Manitoba s’est joint à la Confédération canadienne, rapidement suivi par la Colombie-Britannique en 1871. Quelques années plus tard (en 1905), la Saskatchewan et l’Alberta se sont également jointes au Canada. À ce moment, la population canadienne comptait déjà plus de 5 millions de Canadiennes et de Canadiens.

Périodes troubles des années 1910, 1920 et 1930

En 1913, le Canada a accueilli un nombre record de 400 000 immigrants, et ce nombre n’a été atteint de nouveau qu’en 2021. Juste avant la Première Guerre mondiale, la population du Canada augmentait rapidement à un rythme dépassant 3 % par an. Ce rythme a abruptement diminué après le début de la Première Guerre mondiale en 1914.

En 1916 et 1917, le Canada a connu sa première période de deux années consécutives de croissance démographique inférieure à 1 %.

Malgré un fléchissement de l’immigration et de la croissance démographique pendant et entre les deux grandes guerres et lors de la Grande Dépression du début des années 1930, la population du Canada a atteint 10 millions d’habitants en 1929. Cette croissance a été principalement attribuable aux taux de fécondité élevés et s’est accompagnée d’une forte urbanisation.

Baby-boom de l’après-guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, le Canada et de nombreux autres pays ont enregistré une hausse soudaine du nombre de naissances. Le Canada a, en fait, connu l’un des plus importants baby-booms d’après-guerre au monde; son taux de fécondité a atteint 3,94 enfants par femme en 1959, un taux qui est près de trois fois plus élevé que le creux sans précédent de 1,41 enregistré en 2020.

En 1960, plus de 463 000 bébés sont nés au Canada. Il s’agit d’un record qui tient toujours aujourd’hui. À titre de comparaison, 368 000 bébés sont nés en 2021, alors que la population totale était le double de celle de 1960.

En 1966, à la fin de la période du baby-boom, la population du Canada avait atteint 20 millions d’habitants, dont une part importante était composée d’enfants de 0 à 14 ans.

Dans les années 1960 et 1970, le taux de fécondité a progressivement diminué alors que l’accès à la contraception et la participation des femmes au sein du marché du travail augmentaient. En 1972, le nombre d’enfants par femme est tombé pour la première fois en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme).

Parallèlement, l’urbanisation et l’étalement urbain se sont également accélérés avec la croissance rapide de diverses banlieues. Au début des années 1970, les trois quarts de la population canadienne vivaient en région urbaine.

Un Canada de plus en plus diversifié

Au milieu des années 1990, comme les couples canadiens avaient moins d’enfants, l’immigration est devenue le moteur de la croissance démographique. Les niveaux d’immigration ayant commencé à augmenter à la fin des années 1980, la population canadienne a atteint 30 millions d’habitants en 1997. Cette tendance s’est poursuivie et, en 2022, l’immigration était à l’origine de la quasi-totalité (96 %) de la croissance démographique au pays.

Au cours de cette récente période, nous avons également vieilli. Le vieillissement de la population s’est accéléré en 2011, lorsque les premières cohortes de baby-boomers ont atteint l’âge de 65 ans et commencé à prendre leur retraite. Des pénuries de main-d’œuvre ont commencé à apparaître dans certains secteurs de l’économie.

Puisque les niveaux d’immigration ont été soutenus depuis la fin des années 1980, la diversité ethnoculturelle de la population canadienne s’est également accrue. En 2021, le recensement a permis de dénombrer plus de 450 origines ethniques et culturelles, 200 lieux de naissance, 100 religions et 450 langues. Plus de 1,8 million d’Autochtones ont aussi été dénombrés lors du recensement, représentant 5 % de la population et parlant plus de 70 langues autochtones.

En 2021, le Canada est également devenu le premier pays à recueillir et à publier des données sur la diversité de genre dans le cadre d’un recensement national.

Regard vers l’avenir

Alors que nous atteignons les 40 millions d’habitants, l’avenir de notre population dépend des décisions que nous prenons aujourd’hui. Si les niveaux d’immigration actuels demeurent les mêmes, la population canadienne pourrait atteindre 50 millions d’habitants en 2043, soit dans seulement 20 ans. À titre de comparaison, 26 ans ont été nécessaires pour que la population passe de 30 à 40 millions d’habitants.

Par ailleurs, d’ici 2041, les deux cinquièmes des Canadiennes et Canadiens pourraient être nés à l’étranger, ce qui représenterait un autre record.

Quelle que soit la voie choisie, Statistique Canada sera là pour continuer à surveiller les tendances démographiques, et vous pouvez faire de même grâce à l’horloge démographique de Statistique Canada (modèle en temps réel). De plus, vous pouvez consulter les estimations et projections de la population accessibles sur le Portail des statistiques sur la population et la démographie de Statistique Canada.