Personnel infirmier : travail plus ardu pendant plus d’heures dans un contexte de pénurie croissante de main-d’œuvre

24 juillet 2023, 11 h 00 (HAE)

Après plus de trois ans de pandémie de COVID-19, le système de soins de santé au Canada continue d’éprouver des difficultés en ce qui a trait aux soins des patients, surtout du côté du personnel infirmier et des professions connexes.

Au premier trimestre de 2023, le nombre de postes vacants d’infirmiers autorisés et d’infirmières autorisées ainsi que d’infirmiers psychiatriques autorisés et d’infirmières psychiatriques autorisées a augmenté de 5 475, ou de près du quart (24,0 %), par rapport au même trimestre en 2022 pour se chiffrer à 28 335. Il s’agit de la plus forte hausse observée parmi toutes les professions du marché de l’emploi.

Le salaire horaire moyen offert pour ces postes vacants s’établissait à 34,00 $ au premier trimestre de 2023, en hausse de 2,9 % par rapport au même trimestre en 2022. À titre de comparaison, le salaire horaire moyen offert, corrigé en fonction des effets de composition liés à l’ensemble des professions du marché de l’emploi, a augmenté de 3,5 % au cours de la même période.

Quelles sont les professions qui occupent le deuxième rang et le troisième rang de cette liste? Le nombre de postes vacants d’infirmiers auxiliaires et d’infirmières auxiliaires a augmenté de 2 290 ou du cinquième (+20,2 %) pour atteindre 13 620 postes vacants au cours de la même période, alors que celui des postes vacants d’aides-infirmiers et d’aides-infirmières, d’aides-soignants et d’aides-soignantes ainsi que de préposés et de préposées aux bénéficiaires a progressé de 1 810 (+8,3 %) pour s’établir à 23 715.

Il s’agit d’un contraste saisissant si l’on considère que dans l’ensemble du marché de l’emploi, le nombre de postes vacants diminue depuis trois trimestres, après avoir atteint un sommet inégalé au deuxième trimestre de 2022.

Par ailleurs, comme le montrent nos données récentes et historiques sur l’emploi, la charge de travail du personnel infirmier a augmenté.

Des heures supplémentaires pour le tiers du personnel infirmier

En 2022, 392 100 Canadiens et Canadiennes travaillaient comme professionnels des soins infirmiers et paramédicaux, un groupe professionnel qui comprend les infirmiers praticiens et les infirmières praticiennes, les coordonnateurs et coordonnatrices et les superviseurs superviseures des soins infirmiers ainsi que les sages-femmes.

Environ 3 employés sur 10 (30,3 %) en soins infirmiers ont indiqué faire des heures supplémentaires, ce qui représente près du double de la proportion observée en 1997 (15,7 %), au début de cette série de données.

À titre de comparaison, parmi l’ensemble des groupes professionnels, en moyenne moins de 2 employés sur 10 (18,2 %) ont indiqué avoir travaillé des heures supplémentaires en 2022, une proportion pratiquement inchangée par rapport à celle observée en 1997 (18,6 %).

Les professionnels des soins infirmiers et paramédicaux qui ont effectué des heures supplémentaires ont travaillé, en moyenne, 8,2 heures supplémentaires par semaine en 2022, ce qui représente le plus grand nombre jamais enregistré. Environ 1 employé sur 10 (10,2 %) a travaillé des heures supplémentaires non rémunérées, une proportion plus élevée que la moyenne observée pour l’ensemble des professions (8,7 %).

Une analyse réalisée par Statistique Canada en 2020 révèle qu’environ le quart (26 %) du personnel infirmier avait travaillé des heures supplémentaires en avril et en mai, durant la première vague de la pandémie. Bien que cette proportion était inchangée pour les professionnels des soins infirmiers par rapport à 2019, la situation était très différente pour les travailleurs des autres professions. En avril et en mai 2020, les heures supplémentaires effectuées par les autres travailleurs avaient considérablement diminué par rapport à 2019.

Absence de près d’un mois au cours de l’année

En 2022, les professionnels des soins infirmiers et paramédicaux se sont absentés du travail pendant 19 jours en moyenne en raison d’une maladie ou d’une incapacité. Cela représente près d’un mois, selon une semaine de travail de 5 jours, et une hausse par rapport aux 14,7 jours enregistrés en 2021.

Parmi l’ensemble des grands groupes de professions, ce sont les infirmiers et infirmières qui ont enregistré la plus forte hausse (+4,2 jours) en ce qui a trait à ces absences de 2019 à 2020, c’est-à-dire pendant la première année de la pandémie.

En 2020, seules les personnes qui exerçaient des professions de soutien des services de santé, y compris les aides-infirmiers et aides-infirmières, les aides-soignants et aides-soignantes ainsi que les préposés et préposées aux bénéficiaires, ont affiché un nombre plus élevé de jours d’absence en raison d’une maladie ou d’une incapacité (21,0 jours) que le personnel infirmier (19,0 jours). Ces absences se sont inscrites dans un contexte de pénurie d’équipement de protection individuelle, avant l’introduction des vaccins à la fin de l’année.

De nombreux travailleurs occupent deux emplois en 2022

Statistique Canada effectue le suivi du nombre de travailleurs dans diverses professions qui occupent plus d’un emploi. Même si la nature du deuxième emploi varie, les travailleurs des soins infirmiers et des professions connexes peuvent effectuer des quarts de travail dans d’autres cliniques, établissements de soins ou hôpitaux.

En 2022, 131 600 Canadiens et Canadiennes qui travaillaient dans le domaine de la santé occupaient au moins un autre emploi. Parmi les personnes qui occupaient plus d’un emploi, on comptait 26 000 professionnels des soins infirmiers et paramédicaux.

Il s’agit d’un recul par rapport aux 27 600 personnes qui occupaient plus d’un emploi en 2021. Dans l’ensemble, 29 100 personnes cumulaient les emplois en 2019, un sommet sans précédent qui a été suivi par la plus forte baisse jamais enregistrée, qui a fait redescendre ce nombre à 18 000 en 2020.

Ce que nous ont dit les infirmiers et infirmières

Dans le cadre de l’Enquête sur les expériences vécues par les travailleurs de la santé pendant la pandémie, menée de septembre à novembre 2021, le tiers (34 %) des infirmiers et infirmières ont indiqué prévoir exercer leur emploi actuel pendant moins de trois ans.

Les principales raisons évoquées par ces personnes comprenaient le stress au travail ou l’épuisement professionnel (55 %), les préoccupations concernant la santé mentale et le bien-être (48 %) et le manque de satisfaction au travail (40 %). Plus du tiers (37 %) de ces infirmiers et infirmières ont indiqué qu’ils envisageaient de partir à la retraite.

Au moment de l’enquête, le nombre de postes vacants d’infirmiers autorisés et d’infirmières autorisées ainsi que d’infirmiers psychiatriques autorisés et d’infirmières psychiatriques autorisées a plus que doublé (+117 %) pour se chiffrer à 22 955 au cours du quatrième trimestre de 2021, comparativement au même trimestre de 2019.

Au cours de la même période, le nombre de postes vacants d’infirmiers auxiliaires/infirmières auxiliaires a presque triplé (+190 %; 10 765 postes vacants), et les offres d’emploi pour des postes d’aides-infirmiers et d’aides-infirmières, d’aides-soignants et d’aides-soignantes et de préposés et préposées aux bénéficiaires ont augmenté de 81 % pour atteindre 20 490. Ces trois professions représentaient plus des deux tiers (68,8 %) de tous les postes vacants dans le secteur de la santé au cours du quatrième trimestre de 2022, une proportion presque inchangée par rapport au même trimestre en 2021 (70,0 %).

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