Regards sur la société canadienne
L’écart entre les taux d’activité des femmes au Canada et aux États-Unis
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par Marie Drolet, Sharanjit Uppal et Sébastien LaRochelle-Côté
Début de l’encadré
Aperçu de l’étude
La présente étude révèle les tendances du taux d’activité chez les femmes d’âge intermédiaire (25 à 54 ans) au Canada et aux États-Unis. Les auteurs examinent les groupes de population responsables de la divergence croissante des taux d’activité entre les deux pays au cours des deux dernières décennies.
- En 1997, les taux d’activité chez les femmes de 25 à 54 ans au Canada et aux États-Unis étaient semblables et s’établissaient à 76 % et à 77 %, respectivement. En 2015, le taux d’activité chez les femmes de 25 à 54 ans se situait à 81 % au Canada, comparativement à 74 % aux États-Unis, ce qui représente un écart de 7 points de pourcentage.
- De 1997 à 2015, le taux d’activité aux États-Unis a diminué de près de 3 points de pourcentage — principalement en raison d’une baisse du taux d’activité chez les femmes plus jeunes (25 à 44 ans).
- Durant la même période, le taux d’activité au Canada a augmenté de 5 points de pourcentage. Cette hausse était surtout attribuable à une progression du taux d’activité chez les femmes de 45 à 54 ans.
- Au Canada, l’augmentation des niveaux de scolarité expliquait la totalité de la hausse du taux d’activité chez les femmes de 25 à 44 ans et environ le tiers de la hausse du taux d’activité chez les femmes de 45 à 54 ans. Aux États-Unis, sans la contribution positive de la hausse des niveaux de scolarité, le taux d’activité des femmes aurait diminué encore plus au cours de la même période.
- Dans les deux pays, on a constaté une réduction de l’écart des taux d’activité entre les hommes et les femmes. Au Canada, cette réduction s’explique principalement par l’augmentation du taux d’activité chez les femmes. Aux États-Unis, elle est en grande partie attribuable à la diminution du taux d’activité chez les hommes.
Fin de l’encadré
Introduction
Dans la plupart des pays occidentaux, l’évolution du marché du travail est caractérisée par des augmentations substantielles de l’activité des femmesNote 1. Bien que la croissance de l’activité ait débuté à différents moments et progressé à différents rythmes, les changements quantitatifs du marché du travail nord-américain qui en ont résulté depuis trente ans sont considérables.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les femmes au Canada et aux États-Unis affichaient, en 1990, les 5e et 6e taux d’activité les plus élevés des 22 pays occidentaux les plus avancés sur le plan économiqueNote 2. Toutefois, en 2014, le Canada et les États-Unis se sont classés aux 11e et 20e rangs, respectivement. Ce recul dans le classement s’explique par le fait que le taux d’activité moyen des femmes a augmenté plus rapidement dans les autres pays de l’OCDE qu’au Canada et aux États-UnisNote 3.
Compte tenu de l’interdépendance des économies canadienne et américaine, les analyses comparatives entre les marchés du travail du Canada et des États-Unis revêtent une importance particulière. Bien que l’écart du taux d’activité entre le Canada et les États-Unis soit demeuré relativement faible pour les hommes ces dernières années, le taux d’activité des femmes, lui, diverge. Pourquoi le taux d’activité des Canadiennes est-il si différent de celui de leurs homologues américaines?
Le présent article tente d’explorer les différentes explications avancées afin de brosser un tableau exhaustif de l’écart du taux d’activité chez les femmes d’âge intermédiaire (25 à 54 ans) entre le Canada et les États-Unis. Le fait de restreindre la comparaison à la population principale en âge de travailler simplifie l’analyse, puisque l’on réduit ainsi l’incidence possible du temps passé à l’école et de l’âge de la retraite durant la période étudiée.
Dans le présent article, les auteurs utilisent les données de l’Enquête sur la population active (EPA) pour étudier les tendances au Canada, et les données de la Current Population Survey (CPS) pour étudier les tendances aux États-Unis. L’EPA et la CPS sont toutes les deux des enquêtes mensuelles auprès des ménages faisant appel à des méthodes comparables. Les résultats pour le Canada ont été ajustés aux fins de comparaison avec les concepts en vigueur aux États-Unis (voir Sources de données, méthodes et définitions).
Tendances divergentes des taux d’activité
Depuis la fin des années 1990, les Canadiennes affichent des taux d’activité relativement plus élevés que ceux des Américaines (graphique 1), alors que dans les années 1970 et 1980, les taux d’activité aux États-Unis étaient légèrement supérieurs à ceux du Canada. Par exemple, en 1976, le taux d’activité s’établissait à 52 % chez les Canadiennes, comparativement à 57 % chez les Américaines.
Tableau de données du graphique 1
Canada | États-Unis | |
---|---|---|
Année | pourcentage | |
1976 | 51,9 | 56,8 |
1977 | 53,3 | 58,5 |
1978 | 55,8 | 60,6 |
1979 | 57,5 | 62,3 |
1980 | 59,5 | 64,0 |
1981 | 62,1 | 65,3 |
1982 | 62,8 | 66,3 |
1983 | 64,4 | 67,1 |
1984 | 66,0 | 68,2 |
1985 | 67,9 | 69,6 |
1986 | 69,5 | 70,8 |
1987 | 70,8 | 71,9 |
1988 | 72,4 | 72,7 |
1989 | 73,7 | 73,6 |
1990 | 74,7 | 74,0 |
1991 | 75,1 | 74,1 |
1992 | 74,4 | 74,6 |
1993 | 74,8 | 74,6 |
1994 | 74,5 | 75,3 |
1995 | 74,8 | 75,6 |
1996 | 75,1 | 76,1 |
1997 | 76,2 | 76,7 |
1998 | 77,0 | 76,5 |
1999 | 77,7 | 76,8 |
2000 | 77,9 | 76,7 |
2001 | 78,5 | 76,4 |
2002 | 79,9 | 75,9 |
2003 | 80,6 | 75,6 |
2004 | 81,0 | 75,3 |
2005 | 80,6 | 75,3 |
2006 | 80,6 | 75,5 |
2007 | 81,5 | 75,4 |
2008 | 81,3 | 75,8 |
2009 | 81,5 | 75,6 |
2010 | 81,7 | 75,2 |
2011 | 81,5 | 74,7 |
2012 | 81,8 | 74,5 |
2013 | 82,1 | 73,9 |
2014 | 81,2 | 73,9 |
2015 | 81,3 | 73,9 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
Le taux d’activité dans les deux pays a affiché une forte croissance durant les années 1980, mais il a augmenté plus rapidement au Canada. Par conséquent, le taux d’activité des Canadiennes a rattrapé celui de leurs homologues américaines à la fin des années 1980 : en 1989, le taux d’activité chez les femmes de 25 à 54 ans s’est établi à 74 % dans les deux pays.
Une stagnation des taux d’activité chez les femmes au Canada et aux États-Unis s'est ensuivie du début jusqu’au milieu des années 1990 — les taux étant demeurés autour de 75 % durant cette période.
La faible croissance constatée durant les années 1990 a incité les observateurs des deux pays à croire que la tendance à la hausse de l’activité des femmes sur le marché du travail tirait à sa fin. À l’issue d’une étude menée à la fin des années 1990, des chercheurs prédisaient, du moins par rapport à la situation au Canada vers 1994, que les « augmentations importantes des taux d’activité et d’emploi sont clairement chose du passé » [Traduction] et que « l’on peut encore s’attendre à une hausse des taux se situant à 2 ou 3 points de pourcentage si la situation macroéconomique continue de s’améliorer » [Traduction]Note 4. Le plateau atteint par le taux d’activité des femmes a aussi mené certains spécialistes à penser qu’un « taux naturel » d’activité avait été atteint aux États-Unis, même si le taux d’activité croissant des mères sur le marché du travail en a incité d’autres à se demander si les données traduisaient réellement un tel taux naturelNote 5.
À la fin des années 1990, toutefois, les données ont commencé à contrer les tendances observées antérieurement. Le taux d’activité des Canadiennes a continué d’augmenter, alors que celui des Américaines a amorcé un reculNote 6. Après 1997, le taux d’activité des Canadiennes est toujours demeuré supérieur à celui des Américaines. Certains observateurs aux États-Unis ont attribué le repli du taux d’activité survenu au début des années 2000 à un ralentissement du marché du travail caractérisé par une faible croissance de l’emploiNote 7.
La divergence des taux d’activité au Canada et aux États-Unis pourrait être en partie attribuable à la robustesse relative du marché du travail canadien. Même si la récession à la fin de la première décennie des années 2000 a entraîné des pertes d’emplois considérables dans les deux pays, elle a été décrite comme étant la récession la plus grave de l’après-guerre aux États-UnisNote 8, tandis qu’au Canada, le ralentissement a été considéré comme étant moins important que les récessions amorcées en 1981 et en 1990Note 9. Le Canada a perdu moins d’emplois durant la récession des années 2000, et l’emploi a augmenté plus rapidement depuis la fin de la récessionNote 10. En 2015, le taux d’activité chez les Canadiennes s’établissait à 81 %, comparativement à 74 % chez les AméricainesNote 11.
Les taux d’emploi des Canadiennes sont supérieurs à ceux des Américaines
La population active comprend les membres de la population admissibles qui sont actifs sur le marché du travail soit à titre de personne occupée ou à titre de personne en chômage. Le taux d’emploi — c.-à-d. la proportion des membres de la population active qui occupaient un emploi durant la semaine de référence divisée par la population totale en âge de travailler — représente une autre statistique importante. Comme le taux d’activité, le taux d’emploi aux États-Unis a affiché une tendance à la baisse après 2000 et durant la dernière récession, alors qu’au Canada, il a poursuivi sa tendance à la hausse. En 2015, le taux d’emploi au Canada était supérieur de 7 points de pourcentage à celui des États-Unis (graphique 2).
Tableau de données du graphique 2
Taux d'emploi, Canada | Taux d'emploi, États-Unis | Taux d'emploi à temps plein, Canada | Taux d'emploi à temps plein, États-Unis | |
---|---|---|---|---|
Année | pourcentage de la population | |||
1980 | 55,9 | 60,1 | 38,6 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
1989 | 68,9 | 70,3 | 48,6 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
1997 | 71,0 | 73,6 | 47,8 | 57,6 |
2000 | 74,0 | 74,3 | 51,2 | 59,5 |
2007 | 78,2 | 72,6 | 55,8 | 58,2 |
2015 | 77,5 | 70,5 | 55,0 | 56,3 |
... n'ayant pas lieu de figurer Note : Dans le graphique, « à temps plein » s'entend de 35 heures de travail ou plus par semaine à l'emploi principal. Des données comparables pour les États-Unis ne sont pas disponibles avant 1994, année où la Current Population Survey a subi un important remaniement. Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
Les heures travaillées par les membres de la population active constituent un autre aspect clé qui diffère au Canada et aux États-Unis. Par le passé, la proportion de femmes de 25 à 54 ans travaillant à temps plein (35 heures ou plus par semaine, à l’emploi principal ou à l’unique emploi)Note 12 était plus élevée aux États-Unis qu’au Canada. En 1997, 58 % des Américaines occupaient un emploi à temps plein, comparativement à 48 % des CanadiennesNote 13. En 2015, l’écart s’était considérablement amenuisé (55 % au Canada contre 56 % aux États-Unis), principalement en raison d’une hausse du taux d’emploi à temps plein chez les Canadiennes.
Le taux de chômage — c.-à-d. la proportion de la population active qui était sans emploi durant la semaine de référence — fournit des renseignements supplémentaires utiles. Le taux d’activité peut fluctuer en fonction des variations du taux de chômage global, et, dans certains cas, lorsque le taux de chômage est élevé, certains chômeurs arrêtent de chercher du travail et ne font alors plus partie de la population active.
De 1977 à 2007, le taux de chômage chez les femmes d’âge intermédiaire a été constamment plus élevé au Canada qu’aux États-Unis (graphique 3). Toutefois, l’écart a commencé à rétrécir au milieu des années 1990 et, après la récession des années 2000 — de 2008 à 2014 —, le taux de chômage aux États-Unis a dépassé celui du Canada. Récemment, toutefois, le taux a diminué aux États-Unis tandis qu’il est demeuré relativement stable au Canada. En 2015, le taux de chômage était comparable dans les deux paysNote 14.
Tableau de données du graphique 3
Année | Canada | États-Unis |
---|---|---|
pourcentage | ||
1976 | 6,5 | 6,8 |
1977 | 7,2 | 6,4 |
1978 | 7,7 | 5,5 |
1979 | 6,9 | 5,2 |
1980 | 6,4 | 6,0 |
1981 | 6,6 | 6,3 |
1982 | 8,5 | 7,7 |
1983 | 9,3 | 7,7 |
1984 | 9,4 | 6,3 |
1985 | 8,9 | 6,2 |
1986 | 8,1 | 5,9 |
1987 | 7,8 | 5,1 |
1988 | 7,1 | 4,6 |
1989 | 6,8 | 4,4 |
1990 | 6,9 | 4,6 |
1991 | 8,3 | 5,4 |
1992 | 8,5 | 6,0 |
1993 | 9,2 | 5,7 |
1994 | 8,1 | 5,0 |
1995 | 7,3 | 4,5 |
1996 | 7,4 | 4,4 |
1997 | 6,8 | 4,1 |
1998 | 6,2 | 3,8 |
1999 | 5,6 | 3,4 |
2000 | 5,0 | 3,3 |
2001 | 5,3 | 3,9 |
2002 | 5,6 | 4,8 |
2003 | 5,6 | 4,8 |
2004 | 5,1 | 4,6 |
2005 | 5,0 | 4,4 |
2006 | 4,4 | 3,9 |
2007 | 4,0 | 3,8 |
2008 | 4,0 | 4,6 |
2009 | 5,3 | 7,2 |
2010 | 5,5 | 7,8 |
2011 | 5,1 | 7,6 |
2012 | 4,9 | 7,1 |
2013 | 4,7 | 6,3 |
2014 | 4,5 | 5,3 |
2015 | 4,6 | 4,6 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
La section suivante porte sur la divergence récente des taux d’activité dans les deux pays, l’année 1997 servant de point de départ. On examine d’abord les groupes d’âge ayant contribué le plus à la différence, puis on étudie la possibilité que la hausse du niveau de scolarité chez les femmes dans les deux pays ait joué un rôle dans cet écart.
Le taux d’activité des Canadiennes plus âgées est en hausse
En 1997, les taux d’activité des femmes au Canada et aux États-Unis affichaient un écart d’un demi-point de pourcentage. Au cours des 18 années suivantes, le taux d’activité a augmenté de 5 points de pourcentage au Canada et a reculé de 3 points de pourcentage aux États-Unis. Le recul aux États-Unis a été enregistré principalement après 2007 — dans la foulée de la récession de 2008-2009. Au Canada, la majeure partie de la hausse a eu lieu de 1997 à 2007.
Afin de mieux comprendre l’origine de la divergence des taux d’activité au Canada et aux États-Unis après 1997, il importe de déterminer quels sont les groupes d’âge qui ont le plus contribué aux fluctuations dans les deux pays.
Au Canada, le taux global d’activité a augmenté en grande partie en raison des femmes de 45 à 54 ans, pour qui le taux d’activité est passé de 72 % à 82 % au cours de la période. Ainsi, plus de la moitié de l’augmentation globale était attribuable à une hausse du taux d’activité chez les femmes de 45 à 54 ans (tableau 1)Note 15. En revanche, le taux d’activité dans ce groupe d’âge a légèrement diminué aux États-Unis, passant de 76 % en 1997 à 74 % en 2015.
Variation dans le groupe des 25 à 44 ans | Variation dans le groupe des 45 à 54 ans | Variation de la proportion des groupes | Total | |
---|---|---|---|---|
point de pourcentage | ||||
Canada | 2,0 | 2,8 | 0,2 | 5,0 |
États-Unis | -2,0 | -0,7 | -0,2 | -2,8 |
Différence | 4,0 | 3,5 | 0,4 | 7,8 |
Note : Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme ne correspond pas toujours aux totaux indiqués. Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
Aux États-Unis, la majeure partie du recul était attribuable à une baisse du taux d’activité chez les femmes de 25 à 44 ansNote 16. De 1997 à 2015, le taux d’activité des femmes dans ce groupe d’âge a diminué de trois points de pourcentage soit de 77 % à 74 %. En comparaison, les femmes canadiennes du même groupe d’âge ont connu une augmentation de trois points de pourcentage de leur taux d’activité (de 78 % à 81 %).
Le taux d’activité varie selon le niveau de scolarité
Des différences entre les niveaux de scolarité ont été constatées à l’intérieur des groupes d’âge. De façon générale, les différences étaient plus prononcées chez les femmes qui avaient un niveau de scolarité moindre.
Parmi les femmes canadiennes de 45 à 54 ans, l’augmentation la plus importante a été constatée dans les deux catégories de scolarité les moins élevées (tableau 2). Chez les femmes ayant un diplôme d’études secondaires ou moins, le taux a augmenté de 8 points de pourcentage (de 64 % à 72 %), et chez les femmes ayant fait des études de niveau collégial, le taux d’activité a augmenté de 7 points de pourcentage (de 78 % à 85 %). Les diplômées universitaires ont aussi affiché une hausse, mais dans une moindre mesure.
Tous les niveaux | Diplôme d'études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé | Études collégiales, école de métiers ou autres études postsecondaires | Diplôme universitaire | |
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Canada | ||||
25 à 54 ans | ||||
1997 | 76,2 | 66,6 | 81,0 | 86,3 |
2000 | 77,9 | 68,9 | 81,9 | 86,2 |
2007 | 81,5 | 72,3 | 84,9 | 86,3 |
2015 | 81,3 | 68,0 | 84,4 | 86,6 |
25 à 44 ans | ||||
1997 | 77,8 | 68,2 | 82,0 | 86,6 |
2000 | 79,4 | 70,8 | 82,5 | 86,0 |
2007 | 82,0 | 72,3 | 85,1 | 85,4 |
2015 | 80,9 | 65,2 | 84,0 | 86,0 |
45 à 54 ans | ||||
1997 | 72,3 | 63,5 | 78,0 | 85,3 |
2000 | 74,8 | 65,6 | 80,1 | 86,5 |
2007 | 80,8 | 72,3 | 84,7 | 88,5 |
2015 | 82,0 | 71,8 | 85,0 | 88,3 |
États-Unis | ||||
25 à 54 ans | ||||
1997 | 76,7 | 69,7 | 80,6 | 84,6 |
2000 | 76,8 | 70,1 | 80,4 | 83,0 |
2007 | 75,5 | 67,0 | 79,2 | 82,3 |
2015 | 73,9 | 62,3 | 76,1 | 82,4 |
25 à 44 ans | ||||
1997 | 77,0 | 70,3 | 80,5 | 84,1 |
2000 | 76,9 | 70,7 | 80,3 | 82,3 |
2007 | 75,1 | 66,4 | 78,9 | 81,3 |
2015 | 74,0 | 61,5 | 76,4 | 82,2 |
45 à 54 ans | ||||
1997 | 76,1 | 68,2 | 81,0 | 85,9 |
2000 | 76,6 | 68,9 | 80,6 | 84,6 |
2007 | 76,2 | 68,0 | 79,8 | 84,2 |
2015 | 73,7 | 63,6 | 75,6 | 83,0 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis, 1997 à 2015; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey, 1997 à 2015. |
En revanche, les taux d’activité des Américaines de 45 à 54 ans ont diminué durant la même période, surtout parmi celles se trouvant dans les catégories de scolarité moindre. Ainsi, le taux d’activité est passé de 68 % à 64 % chez les femmes de ce groupe d’âge qui avaient un diplôme d’études secondaires ou moins, et de 81 % à 76 % chez celles qui avaient des études de niveau collégial.
On a constaté des tendances semblables parmi les plus jeunes. Aux États-Unis, la diminution du taux d’activité chez les femmes de 25 à 44 ans a été plus prononcée chez celles appartenant aux deux catégories de niveaux de scolarité les plus faibles — d’une marge de 9 points de pourcentage chez les femmes ayant un diplôme d’études secondaires ou moins, et de 4 points de pourcentage chez les femmes ayant fait des études de niveau collégialNote 17. Les taux d’activité des femmes détenant un grade universitaire ont aussi diminué, mais dans une plus faible mesure (2 points de pourcentage).
Chez les Canadiennes de 25 à 44 ans ayant un diplôme secondaire ou moins, les taux ont également diminué, mais dans une moindre mesure qu’aux États-Unis (3 points de pourcentage). Dans ce groupe d’âge, les femmes ayant fait des études de niveau collégial ont enregistré une légère hausse du taux d’activité, tandis que les taux sont demeurés stables parmi celles qui détenaient un diplôme universitaire.
En 2015, les Canadiennes de tous les groupes d’âge et de tous les niveaux de scolarité étaient donc plus susceptibles de faire partie de la population active que leurs homologues des États-Unis (graphique 4). Cela représente un changement par rapport à 1997, alors que seules les Canadiennes de 25 à 44 ans détenant un diplôme universitaire ou ayant fait des études de niveau collégial étaient plus susceptibles de faire partie de la population active que leurs homologues Américaines.
Tableau de données du graphique 4
Groupe d'âge | Niveau de scolarité | 1997 | 2000 | 2007 | 2015 |
---|---|---|---|---|---|
écart en pourcentage | |||||
25 à 44 ans | Diplôme d'études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé | -2,1 | 0,1 | 5,9 | 3,7 |
Études collégiales, école de métiers ou autres études postsecondaires | 1,5 | 2,2 | 6,2 | 7,6 | |
Diplôme universitaire | 2,5 | 3,7 | 4,1 | 3,8 | |
45 à 54 ans | Diplôme d'études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé | -4,7 | -3,3 | 4,3 | 8,2 |
Études collégiales, école de métiers ou autres études postsecondaires | -3,0 | -0,5 | 4,9 | 9,4 | |
Diplôme universitaire | -0,6 | 1,9 | 4,3 | 5,3 | |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
L’ampleur de la variation était particulièrement importante dans le cas des femmes de 45 à 54 ans ayant un diplôme d’études secondaires ou ayant fait des études de niveau collégial. En 1997, par exemple, les Américaines de cet âge ayant fait des études secondaires étaient de 5 points de pourcentage plus susceptibles que leurs homologues canadiennes de faire partie de la population active. En 2015, ce sont les Canadiennes qui étaient plus susceptibles d’être actives sur le marché du travail que leurs homologues américaines — d’une marge de 8 points de pourcentage.
L’augmentation des niveaux de scolarité a contribué de façon positive au taux d’activité des femmes dans les deux pays
Au cours de la période allant de 1997 à 2015, le niveau de scolarité des femmes a poursuivi son ascension au Canada comme aux États-Unis. La proportion de femmes ayant un diplôme universitaire a presque doublé au Canada, passant de 18 % à 35 %. Aux États-Unis, cette proportion a augmenté, mais moins rapidement, passant de 26 % à 38 % (tableau 3).
Canada | États-Unis | |||
---|---|---|---|---|
1997 | 2015 | 1997 | 2015 | |
pourcentage | ||||
25 à 54 ans | ||||
Diplôme d'études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé | 39,7 | 23,5 | 45,1 | 33,4 |
Études collégiales, école de métiers ou autres études postsecondaires | 42,0 | 41,4 | 28,5 | 28,8 |
Diplôme universitaire | 18,3 | 35,1 | 26,4 | 37,8 |
25 à 44 ans | ||||
Diplôme d'études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé | 36,7 | 20,5 | 43,8 | 31,5 |
Études collégiales, école de métiers ou autres études postsecondaires | 43,8 | 40,5 | 29,3 | 28,9 |
Diplôme universitaire | 19,5 | 39,0 | 26,9 | 39,7 |
45 à 54 ans | ||||
Diplôme d'études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé | 47,0 | 29,2 | 48,0 | 37,2 |
Études collégiales, école de métiers ou autres études postsecondaires | 37,6 | 43,0 | 26,7 | 28,6 |
Diplôme universitaire | 15,5 | 27,8 | 25,3 | 34,2 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
L’augmentation a été plus importante dans le cas des femmes âgées de 25 à 44 ans dans les deux pays, surtout au Canada. Ainsi, la proportion de Canadiennes de 25 à 44 ans détenant un diplôme universitaire a presque doublé durant la période étudiée et est passée de 20 % à 39 %. Aux États-Unis, les femmes de ce groupe d’âge étaient plus susceptibles que les Canadiennes de détenir un diplôme universitaire en 1997 (27 %), mais à peu près aussi susceptibles que leurs homologues canadiennes de détenir un diplôme en 2015 (40 %).
Dans quelle mesure les variations des taux d’activité au Canada et aux États-Unis ont-elles été touchées par l’augmentation du niveau de scolarité chez les femmes dans les deux pays? Pour répondre à cette question, on peut isoler les variations relatives au niveau de scolarité de celles qui sont liées à d’autres facteurs en estimant une série de modèles de régressionNote 18. Comme les femmes très scolarisées sont plus susceptibles d’occuper un emploi que les femmes moins scolarisées, il est probable que l’augmentation des niveaux de scolarité ait joué un rôle positif dans la hausse du taux d’activité dans les deux pays de 1997 à 2015.
Même si l’augmentation des niveaux de scolarité a contribué à la hausse du taux d’activité des Canadiennes durant la période, l’effet n’a pas été le même dans tous les groupes d’âge. Chez les Canadiennes de 25 à 44 ans, la totalité de l’augmentation de 3 points de pourcentage du taux d’activité de 1997 à 2015 était attribuable à la hausse des niveaux de scolarité (graphique 5). Les variations du niveau de scolarité expliquaient le tiers de la hausse de 10 points de pourcentage du taux d’activité chez les femmes de 45 à 54 ans, les deux autres tiers étant attribuables à d’autres facteurs.
Tableau de données du graphique 5
Groupe d'âge | Attribuable à la variation du niveau de scolarité | Attribuable à d'autres facteurs | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Canada | 25 à 44 ans | 3,1 | 0,0 |
45 à 54 ans | 3,0 | 6,7 | |
États-Unis | 25 à 44 ans | 2,2 | -5,1 |
45 à 54 ans | 1,9 | -4,3 | |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
En outre, même si l’augmentation du niveau de scolarité des Américaines a eu un effet positif sur le taux d’activité, cet effet a été plus que contrebalancé par les reculs des taux d’activité à l'intérieur catégories de niveaux de scolarité. De fait, sans la contribution positive de l’augmentation des niveaux de scolarité, le taux d’activité aurait reculé de 5 points de pourcentage chez les femmes de 25 à 44 ans et de 4 points de pourcentage chez les femmes de 45 à 54 ans.
Si les variations du niveau de scolarité n’expliquent pas entièrement l’augmentation de la divergence des taux d’activité des deux pays — particulièrement chez les femmes de 45 à 54 ans — d’autres facteurs pourraient expliquer la hausse du taux d’activité des Canadiennes. Entre autres possibilités, on retrouve une demande accrue dans les professions dominées par les femmes, ou une différence dans la croissance des gains.
Les Canadiennes de 45 à 54 ans occupent davantage d’emplois à temps plein et dans le secteur privé
La question peut être étudiée davantage en examinant les caractéristiques des emplois détenus par les Canadiennes de 45 à 54 ans — particulièrement celles ayant un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité moins élevé et celles ayant fait des études de niveau collégial.
De 1997 à 2007, par exemple, le nombre de femmes de 45 à 54 ans occupant un emploi et détenant au plus un diplôme d’études secondaires a augmenté de plus de 120 000 au Canada. Plus de la moitié de ces emplois supplémentaires étaient dans des professions liées à la vente et aux services (par exemple, préposée aux ventes et au service à la clientèle, préposée à l’entretien ménager et au nettoyage – travaux légers, caissière), et il s’agissait en grande majorité d’emplois à temps plein dans le secteur privé.
Durant la même période, le nombre de femmes de ce groupe d’âge (45 à 54 ans) qui ont fait des études collégiales et qui occupent un emploi a augmenté d’environ 333 000. Encore une fois, il s’agissait en grande majorité d’emplois dans le secteur privé et à temps plein. Plus du tiers de ces emplois supplémentaires étaient des professions liées aux affaires, à la finance et à l’administration, et un autre quart étaient des professions liées à la vente et aux services.
L’activité des Canadiennes sur le marché du travail pourrait aussi avoir été stimulée par une croissance accélérée des gains réels (exprimés en dollars constants de 2014)Note 19. De 1997 à 2014, les gains hebdomadaires médians chez les femmes de 25 ans et plus qui travaillaient à temps plein ont augmenté de 14 % au Canada, comparativement à 11 % aux États-UnisNote 20. Aux États-Unis, toutefois, le tiers de la hausse s’est produite entre 1997 et 1998. De 1998 à 2014, les gains hebdomadaires ont augmenté de 14 % au Canada, comparativement à 7 % aux États-Unis.
Cette différence sur le plan de la croissance des gains était également visible parmi ceux ayant un niveau d’éducation moins élevé, ce qui pourrait avoir eu un impact sur l’offre de travail des femmes canadiennes. Parmi les femmes qui n’avaient pas terminé leurs études secondaires, les gains hebdomadaires réels ont augmenté de 8 % au Canada de 1997 à 2014, comparativement à 1 % aux États-UnisNote 21.
L’écart de participation entre les hommes et les femmes a diminué plus rapidement au Canada
Une analyse comparative de la situation relative des hommes donne une image plus claire des tendances du taux d’activité chez les femmes au Canada et aux États-Unis. La hausse des taux d’activité des femmes, jumelée à une diminution lente, mais constante, de l’activité des hommes, a réduit l’écart entre les taux d’activité des hommes et des femmes.
De 1990 à 2015, le taux d’activité chez les hommes de 25 à 54 ans a diminué de 2 points de pourcentage au Canada et de 5 points de pourcentage aux États-Unis. Au Canada, l’écart entre les taux d’activité des hommes et des femmes a diminué, passant de 18 points de pourcentage en 1990 pour se situer à 9 points de pourcentage en 2015. Aux États-Unis, durant la même période, l’écart est passé de 19 points de pourcentage à 14 points de pourcentage (graphique 6).
Tableau de données du graphique 6
Année | Canada | États-Unis |
---|---|---|
points de pourcentage | ||
1976 | 42,5 | 37,4 |
1977 | 40,7 | 35,7 |
1978 | 38,6 | 33,7 |
1979 | 36,9 | 32,1 |
1980 | 34,7 | 30,3 |
1981 | 32,3 | 28,8 |
1982 | 30,4 | 27,7 |
1983 | 28,6 | 26,7 |
1984 | 26,8 | 25,7 |
1985 | 25,2 | 24,3 |
1986 | 23,8 | 23,0 |
1987 | 22,6 | 21,8 |
1988 | 20,7 | 20,9 |
1989 | 19,4 | 20,0 |
1990 | 18,0 | 19,4 |
1991 | 16,9 | 19,0 |
1992 | 16,4 | 18,4 |
1993 | 16,0 | 18,0 |
1994 | 16,1 | 16,5 |
1995 | 15,4 | 16,0 |
1996 | 15,1 | 15,6 |
1997 | 14,3 | 15,2 |
1998 | 13,7 | 15,3 |
1999 | 13,0 | 15,0 |
2000 | 12,7 | 14,9 |
2001 | 12,1 | 14,9 |
2002 | 11,1 | 15,2 |
2003 | 10,6 | 14,9 |
2004 | 10,1 | 15,2 |
2005 | 10,4 | 15,2 |
2006 | 9,9 | 15,1 |
2007 | 9,0 | 15,5 |
2008 | 9,6 | 14,7 |
2009 | 8,6 | 14,1 |
2010 | 8,2 | 14,0 |
2011 | 8,6 | 14,0 |
2012 | 8,4 | 14,2 |
2013 | 8,0 | 14,5 |
2014 | 8,6 | 14,3 |
2015 | 8,9 | 14,4 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; U.S. Bureau of Labor Statistics, Current Population Survey. |
Globalement, la diminution totale de l’écart du taux d’activité entre les sexes au Canada découle davantage de l’augmentation du taux d’activité chez les femmes que de la baisse du taux d’activité chez les hommes. La situation est inversée aux États-Unis — la diminution de l’écart entre les sexes depuis 1990 est davantage attribuable au recul du taux d’activité chez les hommes qu’à la variation du taux d’activité chez les femmes.
Conclusion
L’article présente un ensemble d’indicateurs de l’activité des femmes sur le marché du travail au Canada et aux États-Unis. Une analyse comparative des tendances récentes des taux d’activité montre que les Canadiennes de 25 à 54 ans sont plus susceptibles d’être actives sur le marché du travail que leurs homologues américaines. Depuis deux décennies, le taux d’activité des Canadiennes a augmenté légèrement, tandis que le taux d’activité des Américaines a diminué.
Au Canada, la majeure partie de la hausse du taux d’activité des femmes peut s’expliquer par une augmentation importante de l’activité des femmes de 45 à 54 ans, surtout chez les femmes moins scolarisées. Aux États-Unis, malgré l’effet positif de l’augmentation du niveau de scolarité, l’activité des femmes sur le marché du travail a diminué dans les deux groupes d’âge (25 à 44 ans et 45 à 54 ans), particulièrement chez les femmes plus jeunes et moins scolarisées. Les Américaines demeuraient toutefois légèrement plus susceptibles de travailler à temps plein que leurs homologues canadiennes.
D’autres recherches sont nécessaires pour étudier l’augmentation de l’activité des femmes de 45 à 54 ans sur le marché du travail au Canada. Toutefois, le fait que l’augmentation se soit principalement produite durant une période de croissance économique soutenue avant le ralentissement à la fin de la première décennie des années 2000 — ainsi que le fait que les femmes moins scolarisées soient à l’origine de la hausse des taux d’activité au Canada — indique que les conditions du marché du travail pourraient avoir joué un rôle.
En revanche, les États-Unis ont connu la pire récession depuis des décennies à la fin de la première décennie des années 2000, ce qui a vraisemblablement fait obstacle aux possibilités d’emploi pour les femmes — surtout les femmes moins scolarisées. Le Canada a aussi été touché par une récession, mais le taux d’activité des femmes n’a pas connu la même baisse durant cette période.
Marie Drolet est chercheuse principale à la Division de la statistique du travail de Statistique Canada; Sharanjit Uppal est chercheur principal pour la publication Regards sur la société canadienne; et Sébastien LaRochelle-Côté est rédacteur en chef de la publication Regards sur la société canadienne.Début de l’encadré
Sources de données, méthodes et définitions
Sources de données
Les données pour le Canada sont tirées de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada, et les données sur le marché du travail pour les États-Unis proviennent de la Current Population Survey (CPS). Même si l’EPA et la CPS sont toutes les deux des enquêtes mensuelles auprès des ménages faisant appel à des méthodologies semblables, des ajustements ont dû être apportés aux données canadiennes pour permettre de les comparer aux concepts américainsNote 22. Ces ajustements sont expliqués ci-dessous.
Ajustements apportés aux données canadiennes
Les ajustements suivants ont été apportés aux données de l’Enquête sur la population active (EPA) canadienne afin de les rendre directement comparables aux données de la Current Population Survey (CPS) américaine.
- Trois groupes de personnes qui sont considérées comme étant des chômeurs au Canada sont considérés comme inactifs aux États-Unis. Il s’agit :
- des personnes qui étaient à la recherche d’un emploi, mais dont la seule activité de recherche d’emploi était la consultation d’offres d’emploi;
- des personnes n’ayant pas cherché de travail, mais qui débuteront un nouvel emploi au cours des quatre prochaines semaines;
- des personnes qui ont déclaré ne pas être disponibles pour travailler en raison d’obligations personnelles ou familiales.
On a donc retranché ces trois groupes de personnes du nombre des chômeurs dans l’EPA pour les ajouter au groupe des personnes inactives.
- Les étudiants à temps plein qui déclarent être à la recherche d’un emploi à temps plein sont considérés comme inactifs au Canada, alors qu’ils sont considérés comme chômeurs aux États-Unis. On a donc retranché ces personnes de la population inactive dans l’EPA pour les ajouter à la population des chômeurs.
En moyenne, les taux d’activité canadiens dont il est question dans le présent article ont été ajustés à la baisse d’environ 0,6 point de pourcentage pour toute la période allant de 1976 à 2013. De plus — même si cela n’a pas d’incidence pour la présente étude — il convient de souligner que la population cible de la CPS comprend les personnes de 16 ans et plus, alors que l’EPA comprend les personnes de 15 ans et plus.
Méthode de décomposition de la variation en points de pourcentage du taux d’activité entre groupes d’âge
= variations des taux :
+ variations des proportions des groupes :
où
g1 : groupe d’âge 25 à 44 ans
g2 : groupe d’âge 45 à 54 ans
y1 : année 1997
y2 : année 2015
Β : moyenne des taux d’activité pour un groupe d’âge donné
X : proportion du groupe d’âge dans la population de 25 à 54 ans
Début de l’encadré
Différences dans l’activité des mères sur le marché du travail
Des chercheurs américains ont évoqué un certain nombre d’initiatives stratégiques visant à favoriser l’activité des femmes sur le marché du travail (par exemple, le droit à un congé parental avec garantie de retour au travail et le droit au travail à temps partiel) pour expliquer la diminution du taux d’activité des Américaines par rapport à celui des femmes d’autres pays de l’OCDENote 23. Au Canada et aux États-Unis, les femmes ont moins d’enfants et les ont à un âge plus avancé. Au Canada, l’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant a augmenté de 5,3 ans, passant de 23,7 ans en 1970 à 29,0 ans en 2012. Même si l’âge moyen des femmes qui sont mères pour la première fois a augmenté de 4,2 ans aux États-Unis durant la même période, les femmes mères pour la première fois étaient plus jeunes aux États-Unis (25,6 ans) qu’au Canada (29,0 ans) en 2012Note 24. Cette maternité tardive a été attribuée, entre autres, à la poursuite des études à des niveaux supérieurs et à l’investissement des jeunes femmes dans leur carrière.
L’activité sur le marché du travail chez les femmes qui ont des enfants a généralement augmenté au cours des trente dernières années dans les deux pays (graphique 7)Note 25. En 2014, 70 % des Canadiennes ayant des enfants de moins de 3 ans étaient actives sur le marché du travail, soit plus du double par rapport à 1976, alors que 31 % des femmes dans cette situation étaient actives sur le marché du travail. Les chiffres pour les États-Unis s’établissaient à 34 % en 1976 et à 62 % en 2014Note 26. Soulignons que les taux d’activité des Canadiennes et des Américaines étaient relativement semblables à la fin des années 1990, mais ils ont continué à augmenter au Canada (bien que légèrement) durant les années 2000, alors qu’ils sont demeurés stables aux États-Unis. En conséquence, le taux d’activité chez les Canadiennes ayant de jeunes enfants en 2014 était supérieur d’environ 8 points de pourcentage à celui des Américaines se trouvant dans la même situation.
Tableau de données du graphique 7
Année | Canada | États-Unis |
---|---|---|
pourcentage | ||
1976 | 31,3 | 34,1 |
1977 | 33,6 | 35,4 |
1978 | 36,7 | 39,4 |
1979 | 38,8 | 41,1 |
1980 | 41,1 | 41,9 |
1981 | 43,8 | 44,3 |
1982 | 44,9 | 45,6 |
1983 | 48,4 | 46,0 |
1984 | 50,9 | 47,6 |
1985 | 53,3 | 49,5 |
1986 | 55,5 | 50,8 |
1987 | 56,1 | 52,9 |
1988 | 57,1 | 52,4 |
1989 | 58,7 | 52,4 |
1990 | 58,8 | 53,6 |
1991 | 60,4 | 54,5 |
1992 | 59,8 | 54,5 |
1993 | 60,1 | 53,9 |
1994 | 60,7 | 57,1 |
1995 | 61,0 | 58,7 |
1996 | 62,4 | 59,0 |
1997 | 63,6 | 61,8 |
1998 | 63,9 | 62,2 |
1999 | 64,0 | 60,7 |
2000 | 63,8 | 61,0 |
2001 | 64,7 | 60,7 |
2002 | 65,9 | 60,5 |
2003 | 67,0 | 58,7 |
2004 | 68,1 | 57,3 |
2005 | 68,2 | 58,9 |
2006 | 67,9 | 59,9 |
2007 | 67,9 | 60,1 |
2008 | 67,4 | 59,6 |
2009 | 68,0 | 61,1 |
2010 | 69,4 | 61,1 |
2011 | 68,3 | 60,9 |
2012 | 69,1 | 60,7 |
2013 | 70,7 | 62,1 |
2014 | 69,5 | 61,8 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, données ajustées aux fins de comparaison avec les données des États-Unis; Annual Social and Economic Supplements of the Current Population Survey, tel que rapporté dans Women in the Labor Force: A Databook 2015 (U.S. Department of Labor). |
Les droits à des congés parentaux en vigueur dans les deux pays diffèrent, ce qui pourrait expliquer les différences dans l’activité sur le marché du travail. Au Canada, les mères ayant accumulé au moins 20 semaines de gains assurables ont obtenu 15 semaines de prestations de maternité à compter de 1971. En 1990, on a ajouté un congé parental de 10 semaines que les parents pouvaient se partager en fonction de leurs besoins. À compter de décembre 2000, les prestations de congé parental sont passées de 10 semaines à 35 semaines; ainsi, le total du congé parental payé a augmenté, passant de six mois à un an. Les employeurs sont tenus de reprendre les employés à leur poste ou à un poste équivalent à la fin du congé prescrit, au même taux de rémunération et avec les mêmes avantages liés à l’emploiNote 27. De plus, un programme universel de services de garde subventionnés a été mis en place au Québec au début des années 2000, ce qui a mené à une hausse importante de l’activité des mèresNote 28. Aux États-Unis, la loi fédérale Family and Medical Leave Act (FMLA) de 1993 exige que les employeurs accordent jusqu’à 12 semaines de congé sans rémunération pour la naissance d’un enfant. Avant que cette loi ne soit proclamée, aucune loi aux États-Unis n’obligeait les employeurs à accorder un congéNote 29.
Les recherches montrent que la plupart des femmes prennent la totalité du congé auquel elles ont droit avant de reprendre l’emploi qu’elles avaient avant la naissance de leur enfant. Selon les résultats d’une étude fondée sur des données canadiennes de 1993 à 1996, 16 % des travailleuses canadiennes sont retournées au travail avant la fin du premier mois suivant la naissance de l’enfant, et environ 90 % sont retournées au travail après un anNote 30. En comparaison, une étude fondée sur des données américaines de 2001Note 31 révèle qu’environ 11 % des mères qui avaient un emploi au moment de la naissance de leur enfant sont retournées au travail moins d’un mois après l’accouchement et que près de 90 % étaient de retour au travail neuf mois après l’accouchement. Plus de 80 % des mères qui sont retournées au travail l’ont fait auprès du même employeurNote 32.
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