
« Si vous n’aimez pas la météo, attendez cinq minutes. » Ce célèbre (et probablement apocryphe) dicton, habituellement attribué à Mark Twain, pourrait souvent s’appliquer au Canada. Il n’est pas rare d’y vivre plusieurs saisons en une semaine, ou même sur une période de 24 heures. Selon Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), il devrait y avoir plus d’événements météorologiques extrêmes, et on peut notamment s’attendre à « une augmentation des feux de forêt, ainsi qu’à des sécheresses, des ouragans et des vagues de chaleur plus intenses ».
Ces événements météorologiques extrêmes peuvent avoir de nombreuses répercussions, plus ou moins graves, sur nos vies. En fait, l’année 2024 a été la plus coûteuse en ce qui concerne les paiements d’assurance liés à des événements météorologiques catastrophiques. Parmi les effets que peuvent entraîner ces phénomènes, les pannes d’électricité sont probablement l’un des plus courants et des plus immédiatement ressentis. Toutefois, les répercussions des conditions météorologiques sur l’ensemble des systèmes énergiques du Canada ne se limitent pas au fait que les lumières ne s’allument pas en un basculement d’interrupteur.
Assez chaud pour cuire un œuf?
Selon ECCC, l’été 2023 a été l’un des plus chauds à avoir été enregistrés depuis au moins 1940. C’était particulièrement vrai en Colombie-Britannique, et plus particulièrement pour le village de Lytton, qui a affiché la température la plus élevée de l’été le 15 août 2023, à savoir 42,2 degrés Celsius bien sentis.
Les Britanno-Colombiens se sont tournés vers la climatisation pour se rafraîchir, ce qui a contribué à une hausse de leur consommation d’électricité. En 2023, la consommation d’électricité pendant les mois les plus chauds de l’année a été bien plus élevée que les moyennes historiques. En juillet 2023, la consommation d’électricité en Colombie-Britannique a été supérieure de 7,7 % à la moyenne des mois de juillet de 2016 à 2022, tandis qu’en août 2023, elle a dépassé la moyenne de 6,3 %.
Graphique 1 : Consommation mensuelle d’électricité en Colombie-Britannique

Description - Graphique 1 : Consommation mensuelle d’électricité en Colombie-Britannique
Le titre de ce graphique est « Consommation mensuelle d’électricité en Colombie-Britannique ».
Il s’agit d’un graphique linéaire.
L’axe vertical représente la consommation d’électricité en millions de mégawattheures. Il va de 4,0 à 7,0, et il augmente par tranche de 0,5.
L’axe horizontal montre les mois de janvier à décembre.
La ligne verte pointillée montre la moyenne mensuelle de la consommation d’électricité en Colombie-Britannique de 2016 à 2022. La consommation moyenne mensuelle s’élevait à 6,53 en janvier, à 6,11 en février, à 6,13 en mars, à 5,17 en avril, à 4,96 en mai, à 4,73 en juin, à 4,86 en juillet, à 4,97 en août, à 4,74 en septembre, à 5,34 en octobre, à 5,85 en novembre et à 6,72 en décembre.
La ligne noire continue montre la consommation d’électricité totale en Colombie-Britannique au cours de chaque mois de 2023. En 2023, la consommation mensuelle totale s’élevait à 6,29 en janvier, à 5,97 en février, à 6,26 en mars, à 5,53 en avril, à 4,68 en mai, à 4,88 en juin, à 5,23 en juillet, à 5,28 en août, à 4,96 en septembre, à 5,48 en octobre, à 6,21 en novembre et à 6,50 en décembre.
Source(s) : Tableau 25-10-0016-01, Production de l'énergie électrique, réceptions, livraisons et disponibilité, mensuel.
De 2016 à 2022, il n’était pas rare de voir la consommation d’électricité dépasser la production d’énergie en Colombie-Britannique. Cette province dépend fortement de la production d’hydroélectricité. Cependant, la vague de chaleur de l’été 2023 en Colombie-Britannique a coïncidé avec le début d’une sécheresse (des précisions seront données plus loin), ce qui a donné lieu à un recul de la production d’hydroélectricité. L’écart entre la production et la consommation d’électricité a fait en sorte que la Colombie-Britannique a dû importer plus d’électricité en juillet 2023 qu’au cours de tout autre mois depuis 2016, année au cours de laquelle la série de données sur l’électricité a été remaniée. Les importations sont demeurées élevées en août 2023, et le niveau sans précédent qui avait été atteint en juillet a été dépassé en septembre.
La hausse des importations a eu des effets tangibles et immédiats. Selon BC Hydro, le coût des importations d’électricité s’est élevé à 450 millions de dollars en 2023. Certains fournisseurs d’électricité ont attribué l’augmentation des tarifs de l’électricité au coût des importations (lien en anglais seulement).
Chaud et sec
En 2023, la chaleur a accentué les conditions de sécheresse partout au Canada. À l’instar de la Colombie-Britannique, le Québec et le Manitoba dépendent fortement de l’hydroélectricité, et les conditions de sécheresse ont réduit considérablement la production dans ces provinces.
Hydro-Québec se décrit comme « la batterie verte du nord-est du continent nord-américain » en raison de son énorme capacité de production d’hydroélectricité et de ses exportations vigoureuses, tant vers d’autres provinces que vers les États-Unis. De 2016 à 2022, le Québec a été à l’origine, en moyenne, de plus du tiers (38,9 %) des exportations mensuelles d’électricité du Canada vers les États-Unis, ce qui représente 2,1 millions de mégawattheures (MWh).
En 2023, lorsqu’Hydro-Québec a indiqué dans un rapport qu’elle avait réduit ses exportations pour compenser la réduction des apports d’eau dans ses réservoirs, les exportations du Québec ont fléchi de 41,1 % d’une année à l’autre, et la moyenne des exportations s’est établie à 1,1 million de MWh par mois cette année-là.
Graphique 2 : Exportations d’électricité du Québec vers les États-Unis

Description - Graphique 2 : Exportations d’électricité du Québec vers les États-Unis
Le titre de ce graphique est « Exportations d’électricité du Québec vers les États-Unis ».
Il s’agit d’un graphique linéaire.
L’axe vertical représente les exportations d’électricité en millions de mégawattheures. Il va de 0,0 à 3,0 millions de mégawattheures, et il augmente par tranche de 0,5.
L’axe horizontal montre les mois de janvier à décembre.
La ligne verte pointillée montre les exportations mensuelles d’électricité du Québec vers les États-Unis en 2022. En 2022, les exportations mensuelles s’élevaient à 2,02 en janvier, à 1,68 en février, à 1,82 en mars, à 1,77 en avril, à 1,74 en mai, à 2,01 en juin, à 2,42 en juillet, à 2,58 en août, à 1,79 en septembre, à 1,60 en octobre, à 1,31 en novembre et à 1,88 en décembre.
La ligne noire continue montre les exportations mensuelles d’électricité du Québec vers les États-Unis en 2023. En 2023, les exportations mensuelles s’élevaient à 1,73 en janvier, à 1,57 en février, à 1,84 en mars, à 1,53 en avril, à 0,96 en mai, à 0,85 en juin, à 0,88 en juillet, à 0,81 en août, à 0,77 en septembre, à 0,65 en octobre, à 0,76 en novembre et à 0,97 en décembre.
Source(s) : Tableau 25-10-0016-01, Production de l'énergie électrique, réceptions, livraisons et disponibilité, mensuel.
Malgré la baisse des exportations, Hydro-Québec a tout de même affiché un bénéfice net de 3,3 milliards de dollars en 2023. Il s’agit toutefois d’un résultat nettement inférieur au bénéfice record de 4,6 milliards de dollars enregistré en 2022. Cet écart est attribuable en partie à la baisse des exportations liée à la sécheresse.
Saison de feux de forêt sans précédent
En 2023, les conditions exceptionnellement chaudes et sèches observées dans une grande partie du pays ont été des facteurs à l’origine de la saison de feux de forêt sans précédent. Comme l’a souligné ECCC, le 6 juin 2023, des feux de forêt hors de contrôle brûlaient dans toutes les provinces et tous les territoires, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nunavut.
Ces incendies ont eu une incidence particulièrement marquée sur la production de gaz naturel de l’Alberta en mai et en juin 2023. Plusieurs installations de production de gaz naturel ont été fermées par mesure de précaution et, par conséquent, la production a reculé de 9,3 % en mai 2023 comparativement au même mois en 2022, et ce, même si le niveau de production au début de 2023 était supérieur à celui enregistré au début de 2022.
Graphique 3 : La production de gaz naturel de l’Alberta

Description - Graphique 3 : La production de gaz naturel de l’Alberta
Le titre de ce graphique est « La production de gaz naturel de l’Alberta ».
Il s’agit d’un graphique linéaire.
L’axe vertical montre la production de gaz naturel en millions de gigajoules. Il va de 350 à 470, et il augmente par tranche de 20.
L’axe horizontal montre les mois de janvier à décembre.
La ligne noire continue montre la production mensuelle de gaz naturel de 2022. En 2022, la production mensuelle s’élevait à 443,59 en janvier, à 401,90 en février, à 444,84 en mars, à 425,38 en avril, à 388,57 en mai, à 395,51 en juin, à 438,38 en juillet, à 436,73 en août, à 413,21 en septembre, à 431,59 en octobre, à 433,47 en novembre et à 452,57 en décembre.
La ligne verte pointillée montre la production mensuelle de gaz naturel de 2023. En 2023, la production mensuelle s’élevait à 416,08 en janvier, à 383,16 en février, à 429,16 en mars, à 427,13 en avril, à 428,33 en mai, à 408,24 en juin, à 435,21 en juillet, à 430,64 en août, à 420,60 en septembre, à 436,45 en octobre, à 424,39 en novembre et à 427,74 en décembre.
Source(s) : Tableau 25-10-0055-01, Approvisionnements et utilisations du gaz naturel, mensuel.
Un malheur n’arrive jamais seul
S’il est vrai que recevoir une plus grande quantité de pluie aurait été bénéfique pour une grande partie du Canada en 2023, les pluies abondantes peuvent toutefois avoir une incidence sur l’industrie de l’énergie. En novembre et en décembre 2021, une rivière atmosphérique en Colombie-Britannique a entraîné des inondations généralisées. À plusieurs endroits, ces inondations ont emporté le sol autour de l’oléoduc Trans Mountain, qui relie les sites de production de pétrole brut en Alberta aux raffineries et aux terminaux d’exportation de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington. Cet oléoduc transporte également des liquides de gaz d’hydrocarbures et des produits pétroliers raffinés, comme l’essence.
En raison des inondations, l’oléoduc a été dangereusement exposé à des billots et à d’autres débris transportés par les eaux de crue. L’oléoduc a donc été fermé le 14 novembre 2021 par mesure de précaution. Les activités ont repris à capacité réduite 21 jours plus tard, à la suite de travaux d’entretien et de réparations. Il s’agit de la plus longue fermeture de l’oléoduc depuis son ouverture, il y a environ 70 ans.
Les répercussions de cette fermeture se sont reflétées dans les données de notre Enquête mensuelle sur le transport et l’entreposage d’énergie. Ensemble, les mouvements de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés par oléoduc en novembre et en décembre 2021 ont été inférieurs de 48,2 % à ceux observés au cours de la même période en 2020, alors que les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents ont diminué de 21,4 %.
Graphique 4 : Mouvements de pétrole brut et équivalents et de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés en provenance de l’Alberta et de la Colombie-Britannique

Description - Graphique 4 : Mouvements de pétrole brut et produits équivalents et de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés en provenance de l’Alberta et de la Colombie-Britannique
Le titre du graphique est « Mouvements de pétrole brut et produits équivalents et de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés en provenance de l’Alberta et de la Colombie-Britannique ».
Il s’agit d’un graphique à barres groupées.
L’axe vertical représente les mouvements du pétrole brut et de produits équivalents et les mouvements de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés en milliers de mètres cubes. Il va de 0 à 1000, et il augmente par tranche de 200.
L’axe horizontal montre quatre groupes de deux barres. La première barre représente les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents, tandis que la deuxième représente les mouvements de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés. Les quatre groupes représentent, de gauche à droite, les mouvements en novembre et en décembre pour les années 2020, 2021, 2022 et 2023.
En novembre et décembre 2020, les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents se sont établis à 696,92 et ceux des liquides de gaz d’hydrocarbures et des produits pétroliers raffinés se sont établis à 350,68.
En novembre et décembre 2021, les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents se sont établis à 548,04 et ceux des liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés se sont établis à 181,76.
En novembre et décembre 2022, les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents se sont établis à 604,60 et ceux des liquides de gaz d’hydrocarbures et des produits pétroliers raffinés se sont établis à 311,50.
En novembre et décembre 2023, les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents se sont établis à 886,64 et ceux des liquides de gaz d’hydrocarbures et des produits pétroliers raffinés se sont établis à 314,28.
Source(s) : Tableau 25-10-0077-01, Mouvements de pétrole brut et de produits pétroliers, par mode de transport et type de produit, mensuel.
En raison des inondations et de la fermeture de l’oléoduc, le gouvernement de la Colombie-Britannique a mis en place des mesures de restriction des déplacements non essentiels et de rationnement du carburant (lien en anglais seulement). En décembre 2021, les mouvements de pétrole brut et de produits équivalents ont continué de diminuer par rapport à novembre, mais les mouvements de liquides de gaz d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés ont augmenté, ce qui a permis d’atténuer la pénurie de carburant.
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- Diffusé le 5 mars 2024 : La production hydroélectrique se tarit en raison de faibles précipitations et de températures élevées sans précédent : Électricité — Bilan de l’année 2023

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