Hé-coutez bien! Épisode 9 - Sylvia Ostry : Les leçons d'une légende

Date de diffusion : le 7 octobre 2022

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2269

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Graphique de Sylvia Ostry (PNG, 453 ko)

Graphique de Sylvia Ostry

Si c'est la première fois que vous entendez parler de Sylvia Ostry, ouvrez grand les oreilles.

Ostry a été nommée au poste de statisticienne en chef en 1972. Première et seule femme à avoir joué ce rôle au Canada, elle n'y est pas parvenue par un chemin tout tracé. Elle avait certes de l'ambition, mais elle a évolué dans une société où il n'était pas bien vu pour une femme d'avoir une carrière.

Sylvia était également juive. Malgré l'obtention d'un doctorat en économie à l'université de Cambridge, elle s'est vu refuser un poste à l'Organisation des Nations Unies en raison de son sexe. Quoi qu'il en soit, elle a connu une carrière bien remplie : elle a occupé le poste de présidente du Conseil économique du Canada, puis celui d'économiste en chef de l'OCDE. Mais nous ne nous attarderons pas à ses réalisations professionnelles. Nous parlerons plutôt de la manière dont elle a repoussé les limites pour atteindre le succès et devenir une mère et une économiste respectée. Nous verrons comment elle a fait face aux revers et à la discrimination tout en demeurant fidèle à elle-même et en faisant preuve d'une intégrité qui a fait sa renommée.

Nous soulignons le 50e anniversaire de la nomination de Sylvia Ostry au poste de statisticienne en chef. Dans cet épisode du balado « Hé-coutez bien », où vous entendez des entrevues avec ses fils Adam et Jonathan Ostry, nous sommes ravis de vous présenter cette femme remarquable et de vous donner huit conseils inspirés de sa vie.

Animatrice

Mélanie Charron

Invités

Adam Ostry, Jonathan Ostry

Narration

Chris Houle

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 9 - Sylvia Ostry : Les leçons d'une légende - Transcription

(Intro)

Mélanie : Bienvenue à « Hé-Coutez bien! », un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance avec les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Mélanie Charron.

En 1972, Sylvia Ostry est devenue la première statisticienne en chef de Statistique Canada, et la seule femme à occuper ce poste jusqu'à ce jour. Il y a 50 ans, le monde était un endroit différent de ce qu'il est aujourd'hui : la NASA lançait son programme de navette spatiale et Le Parrain était à l'affiche dans les salles de cinéma.

Le monde du travail évoluait et les femmes étaient de plus en plus nombreuses à travailler à l'extérieur du foyer. En 1972, 45 % des femmes âgées de 25 à 54 ans faisaient partie de la population active, c'est à dire qu'elles occupaient un emploi ou en cherchaient un1. Bien qu'aujourd'hui, un tel pourcentage puisse nous sembler relativement faible, cela représentait un énorme changement à l'époque. Une décennie plus tôt, en 1962, cette proportion n'était que de 32 %, c'est quand même une augmentation de 40 % en seulement 10 ans.

En 1952, alors que Sylvia était chargée de cours à l'Université McGill, les femmes de sa province natale, le Manitoba, obtiennent le droit d'être membres d'un jury2. En 1965, Sylvia commence à travailler comme directrice de la Division des études spéciales sur la main d'œuvre et de la consultation (3) à Statistique Canada. Alors qu'en 1964, à peine un an auparavant, les femmes obtenaient le droit d'ouvrir un compte bancaire sans la signature de leur mari (4). En 1971, l'année avant que Sylvia ne soit nommée statisticienne en chef, le Manitoba cesse de licencier les employées municipales après leur mariage (5).

Lorsque Sylvia Ostry est nommée à la tête du Conseil économique du Canada, le Globe and Mail se contente d'une annonce au bas de la cinquième page de la section féminine du journal.

Sylvia est décédée en 2020 et pour lui rendre hommage, nous revenons sur sa vie pour essayer d'en tirer quelques leçons.

Les extraits de la voix de Sylvia que vous entendrés, sont tirés d'une entrevue qu'elle a donnée à Bronwyn Bragg et Mary Breen, enregistrée en mai 2008.

Voici huit conseils inspirés de la vie de Sylvia Ostry.

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro un : « Mettez-vous au défi! »

Quand on pense à des gens qui ont mené des vies remarquables, il est difficile d'imaginer qui ils étaient avant de réussir.

Sylvia Ostry était d'origine modeste.

Adam : Je me nomme Adam Ostry. Je suis le fils de Sylvia Ostry. C'était une pionnière, vous savez. Sa propre mère, était une immigrante d'Angleterre et avait obtenu un diplôme de l'école normale de Winnipeg. Sa mère à elle, donc est née à Londres, dans un des quartiers ouvriers les plus emblématiques de la ville dans les années 1890, Tottenham Court road. Elle était véritablement partie de rien et la famille n'avait pas d'argent. La famille elle-même était des immigrés sans sou de la Prusse-Orientale. Donc le grand-père de ma mère provenait de Dyganz aujourd'hui Dyganz en Pologne. Il avait gagné de l'argent avant la crise de 1929, puis il l'avait tout perdu. Il n'a jamais pu véritablement se rétablir par la suite. Ma grand-mère a réussi à devenir institutrice, après avoir suivi les cours de l'école normale à Winnipeg, mais, ça s'est arrêté là. Ma mère et son frère ont été les premiers dans la famille à entreprendre des études supérieures et à obtenir des doctorats universitaires.

Mélanie : Sylvia Ostry s'est mise au défi! Elle était intelligente et travaillait dur et était fermement décidée à se dépasser pour réussir.

Dans ses propres mots.

Sylvia Ostry : Il était très difficile d'entrer à la faculté de médecine à l'Université du Manitoba. C'était une école de médecine de première classe, mais elle couvrait tout l'Ouest canadien. C'était la seule à l'époque et les femmes avaient beaucoup de mal à s'y tailler une place. Je ne me souviens plus combien avaient réussi à le faire depuis le début, pas plus d'une poignée! et comme il était plus difficile d'être juif, alors le fait d'être une femme juive me donnait vraiment le goût de relever le défi. J'avais deux amies au secondaire, très brillantes, et nous avions décidé que nous allions faire notre prémédecine et obtenir les notes les plus élevées dans l'Ouest canadien parce que nous allions nous organiser pour étudier et que nous échangerions nos notes en plus d'obtenir de l'argent et d'embaucher des spécialistes pour nous enseigner, et nous allions y aller une, deux, trois. Et j'ai dit : « S'ils nous refusent l'entrée, nous allons les poursuivre », ce qui semble très étrange pour l'époque, mais j'y tenais beaucoup, et c'est ce que nous avons fait.

Adam : Le talent et l'intelligence, l'intégrité, l'honnêteté, le travail acharné et la discipline; c'étaient les choses qu'elle respectait le plus chez les gens. Vous savez, lorsqu'elle avait l'occasion de l'employer, une de ses expressions préférées, qui qui démontrait d'où elle de la période pendant laquelle elle avait grandi dans les années 1950, était « to goof off », ce qui en anglais veut dire être paresseux! Et à chaque fois que je ne faisais pas mes devoirs ou que je ne travaillais pas, elle m'accusait d'être paresseux. Elle-même, si elle avait le choix entre se détendre et de travailler, elle choisissait invariablement de travailler.

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro deux : « Suivez vos passions, même – ou peut-être même surtout – si elles vous emmènent dans une direction inattendue! »

L'idée d'abandonner a toujours eu mauvaise presse. Avez-vous entendu parler du « piège des coûts irrécupérables »? Essentiellement, c'est la tendance qu'ont les gens à continuer de faire quelque chose parce qu'ils y ont investi beaucoup de temps, d'efforts et d'argent, et ce même si ça ne correspond plus à leurs besoins. Si cela semble être votre situation, peut-être aviez-vous déjà songé utiliser l'abandon stratégique? Et c'est fort probablement ce que ferait Sylvia!

Lors d'une visite auprès de son frère, qui étudiait à l'Université Queens, Sylvia s'est rendu compte, qu'elle préférerait de loin étudier les sciences sociales. Elle avait assisté à des conversations entre les étudiants sur des sujets comme l'art, la politique et l'économie, qui lui avaient semblées bien plus passionnantes que ses études en médecine, et avait donc décidé de se joindre à eux; toutefois, ça voudrait donc dire qu'il lui faudrait abandonner l'école de médecine.

Sylvia : Je me suis beaucoup ennuyée la première année parce qu'on ne parlait de rien d'autre que d'anatomie, de physiologie et de biochimie. Mais cet été-là, je suis allée voir mon frère, qui étudiait à Queens, à Kingston, où j'ai passé l'été. Je me sentais comme sur Mars. Je n'avais jamais rencontré de gens qui lisaient des livres et parlaient d'histoire, et tout ce que j'avais fait, c'était d'étudier. Je suis allée voir le doyen de la faculté de médecine et lui ai dit : « Je me sens vraiment mal, mais je trouve la faculté de médecine si ennuyeuse que je veux la quitter. » Hors de lui, il m'a crié : « C'est exactement à cause de femmes comme vous que nous n'accepterons de femmes à la faculté de médecine, et que nous avions raison de le faire. Vous vous rendez compte que vous empêchez un homme d'y entrer! » Et je lui ai dit : « Je sais, je suis désolée, mais je veux étudier autre chose. » Et il a dit : « C'est faux, vous êtes comme toutes les femmes! Vous abandonnez pour pouvoir aller vous marier. » Je lui ai répondu : « C'est faux, je vais être docteure, mais pas en médecine. » Il a rétorqué : « C'est un mensonge! » Et je suis sortie.

Jonathan : Je m'appelle Jonathan Ostry. Je suis le fils cadet de Sylvia et Bernard Ostry. Au départ, ma mère souhaitait devenir médecin. Il me semble que ce qui l'a poussée dans cette direction, c'est parce que c'était l'objectif le plus difficile, voire impossible, à atteindre, un peu comme ces gens qui souhaitent accomplir un exploit sportif, pas tellement parce que c'est leur véritable passion, mais plutôt pour le plaisir de pouvoir se dire « J'y suis arrivé! » Puis, elle s'est rendu compte, par la suite, que ce n'était vraiment pas le domaine qui l'intéressait le plus. Elle avait simplement choisi cette orientation pour la raison dont je viens de parler. En fait, c'est une très mauvaise raison pour motiver quelqu'un à faire quelque chose pour le restant de ses jours, n'est-ce pas ? C'est comme ça qu'elle a décidé qu'elle voulait se lancer dans l'économie.

Mélanie : Pour Sylvia, le plus important ce n'était pas forcément les cours qu'elle suivait ou son sujet d'étude, c'était plutôt :

Sylvia Ostry : Si je raconte cette histoire, c'est que je voulais surtout apprendre. Je suis allée à McGill, mais je ne voulais pas suivre de cours d'économie, peu m'importait la matière. Mais ce qui s'est passé, c'est qu'on m'a dit : « Suivez des cours d'économie, nous pensons que vous pouvez faire deux années. »

Jonathan: Je n'ai jamais vraiment vu ma mère comme une économiste. Bien sûr elle était économiste de formation. Mais, bon, pour moi, c'était avant tout ma mère! J'ai toujours considéré qu'elle et mon père étaient des gens qui savaient « tout sur tout ».

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro trois : « Refusez d'accepter les limites que d'autres vous imposent! »

Sylvia a été victime de discrimination toute sa vie. Même après l'obtention d'un doctorat, les Nations Unies lui ont refusé un emploi parce qu'elle était une femme.

Sylvia Ostry : Je voulais d'abord devenir économiste du développement, je suis allée aux Nations Unies, doctorat en poche, voir le responsable de tout cela et je lui ai dit : « J'ai toutes les compétences et j'aimerais beaucoup travailler ici ». Il m'a répondu : « Écoutez, autant vous le dire clairement, aucun gouvernement dans les pays en développement n'embauchera une femme! Vous feriez mieux de trouver une autre carrière ». C'est incroyable que les gens puissent dire de telles choses! Mais c'était honnête… et quand je suis allée à McGill… il a fallu que je m'en trouve une autre. Et comme l'économie du travail m'intéressait beaucoup, c'est à cela que j'ai travaillé.

Adam : Ma mère a mené le bon combat, même si elle a eu des déceptions professionnelles. Dans son plan de carrière, vous savez, elle dans les années '70 elle voulait être sous-ministre des Finances, et ensuite elle voulait être nommée gouverneure de la Banque du Canada. Mais vous savez, elle faisait face aux mœurs de son temps, et puis y avait aucune chance qu'une femme soit nommée soit sous-ministre des finances soit gouverneure de la Banque du Canada. Elle en était consciente, on le lui avait dit d'ailleurs. Mais nonobstant tout ça, elle a tiré le maximum de profit de ce que les cartes lui ont offert. Vous savez, il y a une vieille expression qui dit à peu près « Il faut aller au bout du chemin qui s'offre à vous » et le fait demeure qu'elle a tiré le meilleur parti de la « donne » qui lui avait été distribuée. Avant qu'elle rentre à Ottawa, en sortant de l'université, elle avait essayé d'obtenir un poste aux Nations Unies dans le domaine du développement; et elle avait été refusée par les Nations Unies. Mais ça ne l'a pas arrêté. Elle ne s'est pas laissé abattre. Elle n'a pas abandonné lorsqu'elle s'est retrouvée face à ce qui semblait être une impasse. Elle a trouvé sa propre voie pour réussir; elle a refusé d'accepter les limites imposées par les autres et par les mœurs de son temps.

Jonathan : À l'instar des chats de la légende, elle a prouvé qu'elle aussi, en tant qu'économiste, avait neuf vies! Elle ne s'est pas contentée de passer de la médecine à l'économie. Elle a fait un doctorat à Cambridge sur un sujet qui serait considéré aujourd'hui comme plutôt incompréhensible. Sa thèse portait sur la planification économique de type soviétique dans la nouvelle Inde indépendante. Elle n'a travaillé ni sur l'économie marxiste, ni sur l'économie du développement, ni sur la planification soviétique. Elle a ensuite travaillé à l'Oxford Institute of Statistics and Economics et a également fait beaucoup d'autres choses. Elle est finalement devenue économiste du travail, avant d'être considérée comme une spécialiste du marché du travail canadien et, plus généralement, de l'ensemble des enjeux de l'économie canadienne. Elle a été présidente du Conseil économique du Canada. Elle s'est également spécialisée en matière réglementaire en microéconomie, alors qu'elle occupait le poste de sous-ministre de la Consommation et des Affaires commerciales. Elle a enfin été reconnue officiellement comme experte des échanges commerciaux internationaux, ce qui constitue un sujet totalement différent. On peut vraiment dire qu'elle a passé sa carrière à se réinventer de toutes sortes de façons. Elle avait suffisamment de confiance en elle et en ses atouts pour savoir qu'elle pouvait le faire.

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro quatre : « Face à un problème, essayez de voir les choses autrement! »

Avant que Sylvia n'occupe le poste de directrice de la Division des études spéciales sur la main-d'œuvre et de la consultation, Statistique Canada étudiait l'offre de main-d'œuvre, en s'intéressant au nombre d'hommes occupant un emploi et à celui de ceux qui étaient disponibles pour en occuper un.

Sylvia Ostry: J'ai adoré mon premier emploi à Statistique Canada; on appelait ça les études spéciales sur la main-d'œuvre mais c'était fort intéressant, car on me laissait joindre des questionnaires distincts à l'enquête auprès des ménages pour me permettre d'obtenir des renseignements sur toute une gamme de choses que personne d'autre n'avait et que nous produisions. Cela me permettait d'embaucher des universitaires et nous produisions des études incroyables. Alors j'adorais ce travail. C'était vraiment fascinant. Et, en fait, certaines de mes premières publications ont été très importantes aux États-Unis. Nous concevions de nouvelles façons de voir les choses, des façons de faire. Je voulais développer des mesures non seulement de l'offre, mais également de la demande.

Mélanie : Elle souhaitait aborder ce sujet sous un autre angle. Son idée était d'examiner la participation des travailleurs au marché du travail, les raisons pour lesquelles quelqu'un pouvait choisir de ne pas intégrer la population active et de ne pas trouver d'emploi, et le fait qu'une telle personne pourrait ou non souhaiter travailler dans des conditions différentes.

Les études sur la main-d'œuvre ont donné à Sylvia les ressources nécessaires pour étudier de plus près la main-d'œuvre canadienne, comme cela n'avait jamais été fait auparavant. Statistique Canada mesurait bien l'offre de main-d'œuvre depuis longtemps, mais le terme main-d'œuvre (manpower, en anglais) était pris dans un sens un peu trop littéral et n'intégrait que les hommes. Sylvia avait compris l'intérêt d'élargir les recherches, en incluant d'autres groupes dans de nouvelles mesures. Elle a réinventé la façon dont nous envisagions des concepts comme le travail et la main-d'œuvre, en élargissant l'analyse aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Elle a étudié la présence des femmes sur le marché du travail et, plus particulièrement, la question de savoir ce qui poussait une femme à choisir ou non de travailler, ainsi que l'effet de facteurs tels que l'éducation, les revenus du mari et la présence d'enfants sur cette décision. C'était un vaste sujet et un projet ambitieux, à une époque où, selon les mots de l'économiste Joan Mc Farland, « La plupart des analyses économiques […] ignoraient complètement le rôle des femmes dans l'économie. »

Sylvia Ostry a étudié la productivité d'une personne tout au long de sa vie et la production perdue en raison de son décès prématuré ou de son départ à la retraite. Son étude portait sur la présence sur le marché du travail et sur les gains des agents économiques masculins et féminins, ce qui en faisait la première étude canadienne de ce type.

Sylvia a remis en cause un certain nombre d'acquis de l'économie traditionnelle, changeant la perspective habituelle et s'intéressant non seulement aux hommes, mais également aux femmes, accroissant ainsi notre compréhension de l'économie du travail.

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro cinq : « Vivez le succès selon votre propre définition! »

Sylvia Ostry elle-même était mère et elle avait aussi une carrière. Une situation qui lui valait parfois d'être jugée par les autres.

Sylvia : Eh bien… à Ottawa, on m'a dit que beaucoup de femmes étaient scandalisées et horrifiées que je travaille. Elles trouvaient cela tout simplement épouvantable. J'avais des enfants et je travaillais à temps plein. Elles ne me l'ont jamais dit, mais bien des gens m'en ont parlé. La seule fois où cela a été dit ouvertement, c'est quand on m'a nommée à l'OCDE, en 1979. On m'a raconté que l'épouse de l'ambassadeur avait dit à son mari que je n'avais pas le droit d'entrer à l'ambassade parce que je lui faisais tellement honte qu'il lui était impossible de m'accueillir. J'étais mariée, j'avais deux enfants, comment pouvais-je me retrouver dans un endroit comme l'OCDE et en être la directrice! L'économiste en chef! Et il était tout simplement scandaleux pour une femme de travailler.

Jonathan : Vous savez, lorsque ma mère a intégré l'OCDE en tant qu'économiste en chef, elle a établi un certain nombre de premières, peut-être encore plus nombreuses que lorsqu'elle est devenue statisticienne en chef, parce que, dans ce dernier cas, c'était au Canada, son pays. Il est vrai qu'on peut estimer qu'il est toujours plus facile de « s'élever » dans son propre pays. Mais, quand elle a obtenu le poste de chef économiste à l'OCDE, la plupart des gens à Paris étaient absolument incrédules. Tout d'abord, parce que, depuis toujours, ce poste était occupé par un Européen, parfois par un Canadien ou un Américain, mais vous savez, le Canada était un peu considéré comme « un coin perdu du bout du monde » et tout le monde se demandait ce que cette Canadienne venait faire à Paris. Deuxièmement, et cela a beaucoup joué, c'était un milieu assez misogyne. Je suis certain que les oreilles de ma mère ont dû siffler lorsque les gens chuchotaient dans les couloirs de l'organisation, faisant des remarques sur sa présence à ce poste : « Elle vient du Canada et c'est une femme! Elle n'est pas des nôtres! ». En plus, le fait qu'elle était juive a encore probablement contribué aux interrogations. Elle ne faisait vraiment pas « partie du club », on peut donc véritablement parler de « sortir de sa zone de comfort ».

Mélanie : Chacun décide pour soi de ce qu'est le succès. Et si vous souhaitez suivre les traces de Sylvia et définir le succès comme le fait d'élever deux enfants et d'être l'économiste en chef de l'OCDE, allez-y! Grand bien vous fasse, vous ne manquez pas de confiance en vous!

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro six : « Quand les préjugés ferment une porte, enfoncez-la! »

Vous connaissez peut-être l'expression « quand une porte se ferme, une autre s'ouvre ». C'est peut-être vrai. Mais il est également vrai que les préjugés ferment parfois des portes. Et quand ces portes se ferment, n'hésitez pas à les enfoncer complètement. Cette maxime pourrait s'appliquer non seulement au sens figuré, mais également au sens propre, à de nombreux moments de la vie de Sylvia.

Sylvia Ostry : Le moment le plus drôle, c'est quand Flo Byrd a tenu sa première réunion pour discuter de la commission royale sur la situation de la femme. La rencontre avait lieu dans un club très chic d'Ottawa et j'allais dîner avec elle. On m'a stoppée à l'entrée et j'ai dit : « Je suis désolée, j'ai un dîner de travail avec la sénatrice Bird. » On m'a dit : « Vous ne pouvez pas entrer par cette porte-ci. Ce n'est pas permis parce que vous êtes une femme. Vous devez entrer par la porte de côté. » J'ai donc éclaté de rire et dit : « Nous avons bien raison de tenir une réunion sur une commission royale sur la situation de la femme, et je vais m'assurer qu'on ferme cet endroit à moins que vous m'ouvriez cette porte d'entrée. »

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro sept : « Entourez-vous de personnes qui vous aiment et vous soutiennent! »

Comme vous le savez, les détracteurs auront toujours des reproches à formuler. Mais, inspirez-vous de la vie de Sylvia, s'entourer de gens qui vous aiment et vous appuient fait toute la différence. Pour Sylvia, cet allié c'était Bernard, son mari.

Sylvia Ostry : Mon mari était l'homme le plus extraordinaire. Je le connaissais depuis que j'avais 5 ans.

Adam : Elle n'aurait pas survécu sans mon père. Ma mère a eu la chance d'avoir mon père comme mari. Vous savez, mon père aimait ma mère, il adorait ma mère. Il aurait embrassé le sol sur lequel elle marchait, et pour toutes sortes de raisons. Ma mère n'a jamais perdu de vue à quel point son mari lui était dévoué! Et, mon frère et moi avons eu l'immense privilège d'avoir grandi et d'avoir été élevés par deux personnes qui s'aimaient autant que notre père et notre mère. Alors chacun exprime son amour pour l'autre d'une manière différente. Pour mon père par exemple, la collection de meubles et d'objets d'art de styles Art nouveau et Art déco, qu'on peut maintenant voir au Musée royal de l'Ontario à Toronto, témoigne en fait de l'amour de mon père pour ma mère. Lui-même n'était pas néces sairement spécialement intéressé par cette période mais il a bâti cette collection, parce qu'elle, elle l'était. Intellectuellement, c'était elle qui s'intéressait à la période de la république de Weimar et de l'Art déco français. Cette période la captivait sur le plan politique et elle se passionnait pour les troubles de la période des années '20 et d'30 en Europe, notamment en France et en Allemagne. Et c'est pour ça que mon père a décidé de l'entourer d'objets incarnant cette époque. C'était pour lui un moyen de lui manifester son amour. Tout au long de sa vie, ma mère n'a pris aucune grande décision quant à sa carrière sans d'abord en parler avec mon père. Quand on regarde la carrière de ma mère, je suis convaincu qu'il n'y a pas beaucoup d'autres exemples de mari renonçant volontairement à des occasions de carrière pour lui-même , afin de privilégier l'évolution professionnelle de son épouse.

Sylvia Ostry : J'avais été nommée présidente du Conseil économique et j'étais au bureau un matin quand l'adjoint du directeur général m'a téléphoné pour me dire : « Le chef du département des Affaires économiques prend sa retraite. C'est avec beaucoup d'intérêt que nous souhaiterions vous interviewer. Le directeur général aimerait savoir si vous pourriez venir à Paris. » J'étais stupéfaite et lui ai dit : « Eh bien… je pourrais vous rappeler vendredi. » C'était un mercredi, et en rentrant à la maison ce soir-là, j'ai dit à mon mari : « J'ai eu un appel fou de Paris » et le lui ai décrit en disant « Par souci de politesse, j'attendrai jusqu'à vendredi, puis je leur dirai non », et mon mari m'a dit « es-tu folle? » Je lui ai demandé : « Que veux-tu dire? » Ce à quoi il m'a répondu : « On ne t'offrira jamais un autre emploi aussi crucial que celui-là au cours de ta vie. » Il avait raison. C'était très important à l'époque. « Que veux-tu que je fasse? » lui ai-je demandé. « Je ne peux pas le faire. » Et lui de répondre : « Oui, tu le peux, tu vas y aller et je vais trouver une solution. » C'est ainsi qu'il était. Je n'en serais pas là sans lui.

(Carillon)

Mélanie : Conseil numéro huit : « Travaillez fort! »

Notre dernier conseil nous vient directement de Sylvia Ostry.

Sylvia : Il faut donner le meilleur de soi-même, faire preuve de discipline et travailler fort. Je sais que ça sent le réchauffé, mais c'est ce que j'ai fait. Je n'ai jamais pensé au pouvoir, que ce soit en cherchant un emploi ou quoi que ce soit. Je voulais simplement faire mieux que quiconque. Et j'étais déjà comme ça en première année d'école.

Adam : Sylvia Ostry était un être humain compliqué. Elle était complexe. Elle était très intelligente; elle était très douée, elle était motivée par son besoin de travailler; elle exprimait son identité par le biais de son travail et elle a consacré sa vie au travail. Elle était totalement intègre et était d'une honnêteté absolue, d'abord envers elle- même, mais elle n'en exigeait pas moins des autres, à commencer par ses enfants. En tant que mère, elle m'a appris, ou en tout cas a essayé de m'apprendre, et ce, dès mon plus jeune âge, la discipline du travail et la nécessité d'être honnête avec soi-même sur ce que qu'on peut et ne peut pas faire. Elle croyait fermement qu'il fallait essayer d'être le meilleur possible et de s'y efforcer en permanence. Elle avait toujours une expression qu'elle utilisait avec moi, chaque fois que je renonçais et que je disais que je ne pouvais pas, que j'étais tanné, que je n'y arriverais pas. Ça la contrariait énormément et elle me disait que c'est parce que je ne faisais pas suffisamment d'efforts que je ne réussissais pas. Elle employait l'expression en anglais : « Your reach should always exceed your grasp! » « Ton but doit être hors d'atteinte et rester hors d'atteinte! » Elle-même a vécu par ce crédo toute sa vie et elle a vécu en vertu de cette conviction.

Jonathan : Sylvia a consacré sa vie à améliorer le bien-être de la population canadienne. Elle était non seulement une intellectuelle de haute volée avec des compétences dans de multiples domaines, mais elle était également avide de savoir, pour l'amour du savoir. Elle s'intéressait à la façon de tirer parti des connaissances pour orienter les politiques, dans le but, au bout du compte, d'améliorer le bienêtre de la population canadienne, voire, dans un contexte plus large, de l'humanité. C'est à cet objectif qu'elle a consacré sa vie.

Adam : Ma mère était une personne qui était totalement engagée à servir son pays, à servir ces concitoyens, à servir l'État. Elle y a consacré toute sa vie. Pour elle, il n'y avait pas de vocation plus noble et elle en est une parfaite illustration. Je crois qu'on peut dire que le Canada en a été conscient. Quand elle est morte, on lui avait décerné le grade de compagnon de l'Ordre du Canada. D'ailleurs mon père est décédé également avec le grade de compagnon de l'Ordre du Canada. C'était l'un des très rares couples qui se sont vus tous les deux octroyer le le plus grade de compagnon de l'Ordre. Cependant, j'espère surtout que les gens se souviendront d'elle pour avoir contribué à faire du Canada un pays un meilleur endroit où vivre.

(Conclusion)

Mélanie : Vous venez d'entendre « Hé-Coutez bien! ». Merci aux fils de Sylvia Ostry, Adam Ostry et Jonathan Ostry, pour leur contribution spéciale à cet épisode. Merci à Joan McFarland pour son aide avec certains des concepts économiques. Notre gratitude va également aux bibliothécaires et archivistes de Statistique Canada, de Bibliothèque et Archives Canada, pour leur aide à la recherche; ainsi qu'à l'équipe des collections spéciales de la Bibliothèque de l'Université d'Ottawa, pour nous avoir permis d'inclure les extraits de l'entrevue de Bronwyn Bragg et de Mary Breen avec Sylvia Ostry.

Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez surtout pas à nous évaluer, à la commenter et à vous y abonner à partir de votre plateforme d'écoute habituelle. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée « Eh Sayers ». Merci de votre écoute! À bientôt.

Sources

« Canadian Women's History. » (en anglais seulement) 2013. AFPC RCN. Alliance de la Fonction publique du Canada. le 9 janvier 2013..

McFarland, Joan. 1976. « Economics and Women: A Critique of the Scope of Traditional Analysis and Research. » (en anglais seulement) Atlantis: Critical Studies in Gender, Culture & Social Justice 1 (2): 26-41.

Ostry, Sylvia. 2008. Sylvia Ostry Interview by Bronwyn Bragg and Mary Been. (en anglais seulement) University of Ottawa Library Archives and Special Collections.

Hé-coutez bien! Épisode 8 - Hé mec! Où est mon semi-conducteur?

Date de diffusion : le 28 avril 2022

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Hé-coutez bien balados logo

Plus de deux ans après s’être déclarée, la pandémie persiste, nous forçant à nous y adapter au quotidien. Nous avons pu constater que des interruptions de service, des fermetures et des retards survenaient fréquemment, que ce soit en raison des pénuries de semi-conducteurs, de mauvaises conditions météorologiques ou de changements au niveau de l’offre et de la demande. On se demande quelle est la véritable cause de ces perturbations, et en quoi consiste au juste la fameuse chaîne d’approvisionnement dont tout le monde parle? Notre invité, Benoit Carrière, économiste à Statistique Canada, discute de la chaîne d’approvisionnement, de sa nature et des raisons de son importance pour les Canadiens. Il parle aussi de l’effet d’entraînement de la chaîne d’approvisionnement sur les biens et services de consommation.

Animatrice

Mélanie Charron

Invité

Benoit Carrière, économiste, Statistique Canada

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 8 - Hé mec! Où est mon semi-conducteur? - Transcription

Extraits sonores

Je vois que présentement beaucoup de PME mettent de l'emphase sur leurs chaînes d'approvisionnement...

Les gens sont plus intéressés maintenant à faire justement ce qu'on appelle de la gestion de risque...

Est-ce qu'on veut aller cent pour cent en Asie...

Est-ce qu'on est capable de s'autosuffire sur certains éléments...

Aujourd'hui, dans un prix de produit, la portion achat approvisionnement peut représenter jusqu'à 60, 70, 75, 80 % donc la maturité de la chaîne d'approvisionnement se doit d'être adressée. -Réal Julien, Radio-Canada

Mélanie : Vous êtes à l’écoute d’Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu’elles révèlent. Je suis votre animatrice Mélanie.

Les mots « chaîne d’approvisionnement » nous les entendons de plus en plus et ils sont sur tous nos écrans! Si vous magasiniez des appareils dont les semi-conducteurs font partis des composantes et bien, vous avez peut-être dû prendre votre mal en patience pour en faire l’acquisition.

Ma collègue est récemment devenue propriétaire d'un véhicule usagé. Elle m’a raconté que pour le vendeur du concessionnaire, il était devenu si difficile de garder suffisamment de voitures en inventaire, qu'il devait maintenant chercher des véhicules d’occasion à vendre afin de répondre à la demande de ses clients. Cette anecdote illustre bien les impacts qui découlent des ralentissements des chaînes d’approvisionnement sur le modèle d’affaires de la vente de véhicules d’occasion.

Pour avoir une meilleure idée de ce qui se passe, nous avons questionné notre collègue économiste à Statistique Canada.

Mélanie : Bonjour Benoît, merci d'être avec nous pour cet épisode. Est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît pour nos auditeurs?

Benoît Carrière : Mon nom est Benoît Carrière. Je suis économiste pour Statistique Canada. Je travaille pour la division des comptes et du commerce international depuis plus de dix ans. Et le rôle de mon équipe, c'est de publier à tous les mois les résultats de la balance commerciale de marchandises du Canada. Donc en gros, l'analyse des flux des exportations et des importations.

Mélanie : Lorsqu'on parle de chaîne d'approvisionnements, on parle de quoi au juste?

Benoît Carrière : La chaîne d'approvisionnement c'est un réseau de fournisseurs qui peut être vaste et même extrêmement complexe, donc des fournisseurs qui contribuent là d'une certaine façon à la fabrication d'un bien. Puis dans la chaîne d'approvisionnement, il existe aussi une sorte de synchronisation ou de coordination, là qui permet à la marchandise d'être produite de façon continue.

Donc je pourrais donner un exemple, ça pourrait peut-être aider les auditeurs. Donc supposons une compagnie québécoise qui produit un bien, puis qui a besoin de vingt types de matériaux ou de pièces pour faire l'assemblage final du bien. Supposons que cinq de ces matériaux-là proviennent du Québec, cinq proviennent de l'Ontario, cinq fournisseurs font des pièces aux États-Unis; donc, la compagnie québécoise importe de cinq fournisseurs des États-Unis. Puis, supposons qu'il y a cinq autres qui sont en Asie. Donc ces différentes compagnies-là qui fournissent à la compagnie québécoise ce dont elle a besoin pour produire le bien, ben ils représentent l’approvisionnement. Mais aussi l'approvisionnement s'applique tout autant aux fournisseurs qu'à la compagnie finale qui assemble le produit. Donc, dans notre exemple, supposons les cinq fournisseurs de pièces qui viennent des États-Unis, bah peut-être que et même assurément qu'eux-mêmes dépendent de l'approvisionnement d'un autre type de pièces qui sont produites ailleurs. Et peut-être même que ce qui est produit ailleurs, ben eux dépendent de l'extraction de matières premières d'un autre pays. Donc, dans le fond, on fait face ici à une chaîne de fournisseurs qui sont tous interdépendants puis qui représentent tous une étape importante dans l'assemblage du bien au Québec.

Puis, si on revient à notre compagnie québécoise, ben, normalement avec le temps, si elle a pu survivre dans son marché, ben, elle a assurément adopté là une logistique d'approvisionnement avec le temps, de plus en plus efficace pour recevoir les pièces au bon moment. Mais pas juste au bon moment dans l'ordre aussi! Si elle fabrique un véhicule automobile, ben, elle veut recevoir le châssis avant de recevoir le moteur. Ah donc cette efficacité-là lui a sûrement permis de faire des économies d'échelle, de diminuer ses coûts, de garder les inventaires bas et, du même fait, de peut-être diminué son prix, puis de prendre une plus grande part de marché dans l'industrie, là où elle évolue. Mais ça c'est en théorie, c'est quand tout se passe bien.

Donc, puis ce qu'on a vu aussi dans les dernières années, les 10, 20, 30 dernières années; c'est que la mondialisation a comme entraîné alors un étirement ou un allongement de la chaîne d'approvisionnement. Ce qui fait en sorte que les fabricants, ou ceux qui assemblent les produits finis; sont de plus en plus exposés à des événements qui sont totalement hors de leur contrôle.

Mélanie : Pourquoi est-ce qu'on en parle plus que jamais maintenant?

Benoît Carrière : Ben, comme je le disais, on a une chaîne d'approvisionnement, hein, c'est toutes sortes de fournisseurs qui eux, ont un rôle qui est souvent critique dans la fabrication d'un bien. Donc pour reprendre une expression québécoise si un de ces fournisseurs-là n'est pas capable d'exécuter une tâche ou d'envoyer un produit, et bien la chaîne va débarquer. Puis euh c'est sûr qu'il y a toujours des événements qui affectent la chaîne d'approvisionnement.

Par contre, dernièrement, il y a une multitude d'événements, puis on dirait que c'est pratiquement interminable, qui affectent au même moment la chaîne d'approvisionnement. Donc on peut revenir là, évidemment, au début de la pandémie lors de la première vague où il y a plusieurs entreprises spécialement dans la fabrication qui ont fermé leurs portes pendant plusieurs mois, on parle d'un deux, trois mois, donc y pas eu de production ni au niveau des des produits finis, ni au niveau des pièces et même au niveau des matières premières aussi, ça a été affecté.

Ensuite de ça, il y a une reprise de la production qui est quand même été assez lente. Évidemment, là ces entreprises là c'est des grosses entreprises puis il n'y a pas un interrupteur qui va remettre la production a « on » du jour au lendemain. C'est beaucoup plus compliqué que ça. Et pendant les premières vagues, ces compagnies-là étaient aussi affectées par des éclosions. Donc lorsqu'il y a une reprise de la production, c'est quand même été très laborieux. Et évidemment, ça l'a engendré beaucoup, beaucoup de délais au niveau de la fabrication des pièces, au niveau, euh, du transport des pièces aussi et finalement au niveau de l'assemblage, là de biens finis.

Puis pendant ce temps-là, on avait aussi des problèmes au niveau du transport. On se souviendra qu'il y a un navire qui a bloqué le canal de Suez pendant quelques semaines. Donc le canal de Suez, c'est vraiment un endroit-là névralgique pour le commerce international. Et si le Canal de Suez est fermé pendant une journée, c'est pratiquement catastrophique! Donc on peut imaginer comment un dix à quinze jours de fermeture, a pu affecter là la situation au niveau du transport de marchandises.

Il y a même eu des éclosions aussi dans des ports qui ont dû fermer. Donc, je pourrais prendre l'exemple de quelques ports en Chine. Dont un port qui est, je pense le 3e plus grand port en exportations au monde a été fermé pendant quelques semaines en Chine. Donc, ce que ça crée ça, évidemment, ça crée des files d'attente au niveau des navires. Donc, un navire qui va passer peut-être une ou deux journées en attente de décharger ou pour le chargement; y a passé quelques semaines. Donc, quand on regarde tous ces problèmes-là ça fait en sorte que les navires, pendant qu'ils sont stationnés devant le port pendant quelques semaines, ben ils ne livrent pas de la marchandise.

Y a aussi eu une baisse de la production en Chine à l'automne. Donc, en Chine pour régler des problèmes de pollution là, puis dû aussi à des problèmes d'approvisionnement de charbon, la Chine a coupé le courant dans 17 régions pendant les moments de la journée. Donc, à l'automne normalement, c'est vraiment là que les fabricants de pièces, pour des biens comme les ordinateurs, les tablettes, les téléphones cellulaires et tout ça, ils roulent à pleine capacité parce que c'est un grand moment de l'année. On a la fête aux États-Unis le Thanksgiving, au Canada aussi, ensuite de ça, on a les fêtes de Noël. Et ces entreprises-là qui fabriquent ces pièces-là roulent vraiment 24h sur 24, 7 jours sur 7. Mais, pendant l'automne et ils ne pouvaient pas travailler la nuit. Donc, la production de ces pièces a été coupée d'un tier.

En même temps, au niveau de la demande des biens, elle a fortement augmenté pendant la pandémie. Donc, on se souviendra que pendant les premières vagues, même encore maintenant, c'est vraiment les industries du service qui ont été le plus affectées. Donc, les gens qui normalement consommaient, dépensaient une partie de leurs revenus en services. Donc en restaurant ou au cinéma ou en théâtre et tout ça; et bien ils se sont mis à dépenser leur argent plus sur des biens. Il y a aussi eu des aides gouvernementales. Le taux d'intérêt était bas. Il y a des biens spécifiques qui étaient en grande demande comme les ordinateurs portables pour le travail à la maison, les tablettes ou aussi l'école à la maison, qui a contribué à l'augmentation de la demande pour ces produits-là. Donc, on a eu une année où on avait une offre qui était déficiente combinée à une forte demande des biens puis qu'est-ce que ça fait ça une offre déficiente puis une grande demande? Ça fait que les prix augmentent. Et on voit très bien dans les chiffres sur l'inflation que ces situations-là se reflètent à plusieurs niveaux pour nous aussi, évidemment les consommateurs.

Mélanie : Est-ce qu'il y a des marchandises qui sont plus impactées que d'autres? Comme par exemple, t'as parlé d'ordinateur plus tôt? Je crois qu'il y a la fameuse puce. Il y a une pénurie mondiale de puces électroniques. Qu'est-ce qui en découle de tout ça?

Benoît Carrière : Si on est des habitués là des indicateurs publiés par Statistique Canada, là, on connaît le problème relié à l'assemblage des véhicules automobiles dont la production a vraiment diminuée en 2021 dû à cette pénurie-là de la puce-là, à semi-conducteur. Donc, pourquoi les véhicules automobiles bien, si vous êtes assis récemment dans une voiture neuve, vous avez sûrement remarqué que le tableau de bord est en fait un ordinateur. Donc les véhicules maintenant y ont tellement de gadgets électroniques qui ont vraiment besoin de beaucoup de puces à semi-conducteur, donc, des « microchips » qu'on retrouve dans les ordinateurs pour assembler les véhicules.

Et ce qui est arrivé pendant les premières vagues de la pandémie, c'est que les fabricants automobiles dans le monde puis surtout en Amérique du Nord, ont annulé leurs commandes de puces de semiconducteurs auprès des fabricants de ces fameuses puces là. Les fabricants qui ne sont vraiment pas nombreux dans le monde! Il n'y en a que quelques-uns. Ils sont principalement en Asie. Et les fabricants de puces ont aussi été affectés par les mêmes choses qu'on a mentionnées. Ils ont fermé. Ils ont arrêté de produire pendant quelques mois au début de la première vague. La reprise a été difficile pour eux aussi. Puis quand ils ont repris, ben ils se sont certainement concentrés sur les commandes qu'ils avaient déjà. Et alors que les fabricants de voitures automobiles avaient annulé leurs commandes de puces à semi-conducteurs; ben ceux qui assemblent des ordinateurs, des téléphones cellulaires et des tablettes, ben eux avaient passé plus de commandes à ces compagnies-là.

Donc évidemment, les fabricants de puces se sont mis à fabriquer plus de puce pour eux. Ensuite de ça les fabricants de véhicules automobiles ont passé de nouvelles commandes. Et ça prend du temps pour ceux qui font les puces de de de changer là un petit peu leur leur mode de production pour satisfaire à la demande des fabricants de véhicules automobiles. Donc cette fameuse puce-là est devenue là un peu en pénurie spécialement pour l'industrie de la fabrication de véhicules automobiles.

Donc les conséquences de ça, c'est que les fabricants pendant toute l'année 2021, pratiquement tous les mois, ont dû réduire leur production. Donc y arrêtaient de produire pendant 1 semaine, peut-être pendant 2 semaines, peut-être plus, parce qu'il n'avait pas assez d'arrivages de ces fameuses puces à semi-conducteurs-là.

Selon le site www.auto-forecast, la production mondiale de véhicules automobiles n'a pas produit 11 millions de véhicules automobiles en 2021 dû à cet enjeu-là. Donc, 11 millions de véhicules automobiles c'est, c'est beaucoup de véhicules. Et puis au Canada, là on parle d'environ 500 000 véhicules automobiles qui n'ont pas été produits. Et ça, ça représente à peu près une diminution de 30% si on compare à 2019 qui est une année qui qui a une base comparative là plus solide.

Mélanie : Quelles sont certaines des conséquences des perturbations sur les différentes chaînes d'approvisionnement?

Benoît Carrière : On a des conséquences, des chamboulements de deux façons au niveau de l'industrie puis des employeurs mais aussi au niveau du consommateur.

Ça l'a des graves conséquences quand on y pense. Au Canada, on fabrique des véhicules automobiles et c'est un employeur majeur au Canada, spécialement en Ontario. Donc, qu'est-ce qui arrive aux travailleurs lorsque la compagnie pour laquelle tu travailles ferme à chaque mois pendant 1 semaine ou 2 ? Euh est-ce que ça créer de l'insécurité d'emploi ? Certainement. Est-ce qu'il y a des gens qui ont été mis à pied dû à ça? J'en suis persuadé.

Mais ce n'est pas juste cette industrie-là. Il y a aussi une industrie qui fabrique des pièces pour les véhicules automobiles au Canada qui envoie ça aux fabricants canadiens mais aussi aux fabricants américains; qui, eux, sont en attente. Puis ça crée des délais. Puis eux aussi ont peut-être dû, ça peut- être créé une insécurité au niveau de l'emploi de leurs employés. Peut-être même qu'ils ont fait des mises à pied également. Donc, il y a des conséquences qui sont directes certes, mais il y a toutes sortes de conséquences aussi qui sont indirectes puis que souvent, on sous-estime.

Puis ça c'est au niveau de l'industrie. C'est au niveau des travailleurs. Mais de l'autre côté, nous les consommateurs bien on est habitués à l'époque quand on voulait acheter un véhicule automobile; d'aller dans un concessionnaire et souvent on pouvait partir avec les clés, la voiture. Maintenant qu'on va chez le concessionnaire, bien on ne sort pas avec les clés on a plutôt fait un dépôt là de deux-cents, cinq-cents dollars avec la promesse qu'on va recevoir notre véhicule dans 3 ou 6 mois. Donc, c'est différent. Puis évidemment, moins de fabrication de véhicules automobiles, ça veut dire, les véhicules sont moins disponibles. Ça veut dire sont plus rares. Et ça l'a un effet encore une fois sur les prix.

Si on regarde les données de décembre sur l'indice des prix à la consommation mais ça disait que sur les 12 mois de l'année, les prix des véhicules automobiles avaient augmenté de plus de 7%. Alors que pour ce qui est des véhicules automobiles, normalement, on voit quand même une certaine stabilité dans les prix-là historiquement. Donc 7 %, c'est vraiment significatif pour 2021 au niveau de l'augmentation du prix des véhicules.

Mélanie : On a pu observer donc certaines pénuries de marchandises quand on voulait s'approvisionner quelque chose en particulier à un moment précis. Est-ce que on doit s'attendre à un certain changement dans notre façon de s'approvisionner?

Benoît Carrière : Ouais, ben en fait, euh. On le voit déjà que toute cette situation-là, a un impact sur le mode de production. Donc, lorsqu’on parlait des exemples avec notre compagnie québécoise, là on parlait qu'elle avait avec le temps, fait des gains en efficacité au niveau de la chaîne d'approvisionnement. On parlait du fait qu'elle tenait des inventaires le plus bas possible, puis ça, ça lui permet de sauver des coups au niveau de l'entreposage. Et on disait aussi qu'elle s'arrangeait pour recevoir les pièces juste au bon moment. Puis ça, c'est un mode de production qui est comme du « juste-à-temps » en anglais ils disent un « just-in-time ». Donc, c'est vraiment l'entrée et la sortie des marchandises à un moment précis dans la production qui fait en sorte qu'on est extrêmement bien coordonné avec les fournisseurs. Puis on est aussi extrêmement bien coordonné avec le client. Là ce qu'on voit, puis si on regarde les données là sur les ventes des manufacturiers, si on regarde la donnée sur les inventaires; on voit que les fabricants ont gardé beaucoup plus d'inventaires cette année qu'auparavant. Donc, on est comme dans un espèce de mouvance entre le mode de production « juste-à-temps » à un mode de production « juste-au-cas ». Donc, un « just-in-case ». Donc, les fabricants on dirait qu'ils veulent garder un inventaire suffisant pour que supposons qu'un bien, qu'ils ont besoin pour assembler leurs produits, devient soudainement non disponible; ben qu'il y en ait assez en stock, pour que ça n'interrompt pas la chaîne ou le cycle de production pour cette compagnie-là.

Mélanie : Dans quelles mesures alors ces pénuries actuelles sont-elles exceptionnelles?

Benoît Carrière : Ben si on regarde les 10, 20, 30 dernières années, c'est assez exceptionnel. Ce qui est exceptionnel, ce n'est pas nécessairement ce qui est en train d'impacter la chaîne d'approvisionnement. C'est que tous ces événements-là sont en train d'arriver au même moment! Donc c'est vraiment ça qui qui est exceptionnel selon moi.

Mélanie : Donc Benoît, qu'est-ce que vous espérez que nos auditeurs retiennent de notre conversation?

Benoît Carrière : Écoute, ce n'est pas un sujet qui est simple, on voit passer ça dans les nouvelles, puis on se demande bon, comment ça nous affecte? Mais ultimement, ça l'affecte vraiment tout le monde. Puis donc je pense que ça vaut la peine de s'intéresser à ça. Puis ça là, ça affecte nos habitudes de consommation. Ça, ça l'affecte le prix que l'on paye pour certains produits. Si on est un employé dans une industrie de fabrication, ça peut même affecter notre notre emploi. Donc, évidemment là la chaîne d'approvisionnement et les différents enjeux reliés à ça affectent vraiment tout le monde. Puis je pense que ça vaut la peine de s'y intéresser pour ces raisons-là.

Mélanie : Où pouvons-nous trouver davantage d'informations sur ce que tu nous a présenté?

Benoît Carrière : Donc, évidemment là, il y a plein d'exemples, tous les exemples que j'ai nommés, vous allez retrouver ça dans des les médias traditionnels, qui couvrent le milieu des affaires. Par contre vous allez trouver aussi vraiment beaucoup d'information sur le site de Statistique Canada, sous l'onglet du Quotidien. Le Quotidien, c'est là où on publie nos indicateurs économiques principaux, puis que vous lisiez sur les résultats de la balance commerciale ou des ventes de gros ou des ventes au détail ou des ventes des manufacturiers et évidemment de l'indice des prix à la consommation; vous allez trouver plein d'information concernant les enjeux reliés à la chaîne d'approvisionnement. Puis comment ça impact les indicateurs économiques qu'on publie.

Mélanie : Merci d'avoir accepté notre invitation Benoît. C'était vraiment une discussion très éclairante!

Benoît Carrière : Ok, mon plaisir.

Vous étiez à l’écoute d'Hé-Coutez bien! Merci à notre invité : Benoît Carrière ainsi qu'à toute l'équipe. Vous pouvez vous abonner là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone appelée Eh Sayers. Vous avez aimé cet épisode? Évaluez-nous et faites-nous part de vos commentaires.

C’est le dernier épisode de notre deuxième saison, j'aimerais profiter de l’occasion pour remercier mes collègues : Janelle Bah, Sarah Messou-Ghelazzi, Alexandra Bassa, Chris Houle, Martin Charlebois et Tony Colasante pour leur soutien à la production, ainsi qu’aux experts en la matière et aux autres équipes de Statistique Canada ayant contribué au contenu. Merci à Jessie James McCutcheon et Max Zimmerman, ingénieurs de son; et à Vincenzo Germano pour la conception du logo. Et finalement, merci à Annik Lepage et à Marc Bazinet à la direction. Je suis Mélanie Charron, votre animatrice. Je vous remercie d'avoir été à l'écoute. À bientôt!

Hé-coutez bien! Épisode 7 - Consultation santé? Visite branchée!

Date de diffusion : le 7 avril 2022

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

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Les soins de santé sont un privilège qui revêt une très grande importance aux yeux des Canadiens. Cela dit, les soins de santé virtuels étaient très peu courants avant la pandémie de COVID-19. Dès le début de la pandémie, en mars 2020, les Canadiens n'ont eu d'autre choix que de revoir la façon dont ils accèdent aux soins de santé. Les consultations, qui auraient normalement eu lieu dans le cabinet du médecin, se déroulaient dorénavant par téléphone ou par clavardage vidéo. Il s'est écoulé deux ans et l'on constate que la plupart des soins de santé sont maintenant offerts virtuellement. La question est de savoir si l'accès aux soins de santé virtuels va disparaître lorsque la pandémie prendra fin. Avec notre invité, docteur Yanick Beaulieu, cardiologue-intensiviste, pionnier et innovateur dans le domaine des soins virtuels, nous allons nous pencher sur ces obstacles, sur les changements que nous avons observés durant la pandémie, et sur les mesures qui sont prises pour que les soins virtuels deviennent une réalité permanente.

Animatrice

Mélanie Charron

Invité

Docteur Yanick Beaulieu, cardiologue-intensiviste, pionnier et innovateur dans le domaine des soins virtuels

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 7 - Consultation santé? Visite branchée! - Transcription

Bienvenue à Hé-Coutez bien! un balado de Statistique Canada, où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Mélanie.

Et si je vous demandais à quand remonte la dernière fois où vous vous êtes rendu dans la salle d'attente du bureau de votre médecin? Pour bon nombre d'entre nous, je parie que la réponse est quelque chose comme « pas depuis mars 2020 ». Certains n'avaient peut-être jamais eu de réunion virtuelle avec leurs professionnels de la santé avant la pandémie, mais pour plusieurs, les rendez-vous médicaux en ligne sont maintenant possibles. L'on peut dire que cela a changé la donne! Plus besoin de prendre congé pour traverser la ville en métro et de s'asseoir dans une salle d'attente souvent bondée de patients.

Les soins de santé virtuels ne sont pas nouveaux, mais la COVID-19 en a certes accéléré son adoption généralisée partout au pays. Quels sont les avantages et les inconvénients des soins de santé virtuels? Est-ce que ces nouveaux accès sont là pour rester?

Mélanie : Bonjour Docteur Beaulieu. J'aimerais que vous vous présentiez pour nos auditeurs.

Dr Yanick Beaulieu : Oui, mon nom est Yannick Beaulieu. Je suis cardiologue et intensiviste à l'hôpital du Sacré-Cœur et à l'Institut de cardiologie de Montréal et je suis impliqué dans le milieu des affaires depuis une vingtaine d'années, relié à la médecine, donc entrepreneur, innovateur et clinicien.

Mélanie : Tout d'abord, dites-nous ce que sont les soins virtuels?

Dr Yanick Beaulieu : Quand on parle de médecine virtuelle, c'est l'ensemble des soins de santé qui utilise la technologie. Alors par exemple, si quelqu'un fait une prescription à distance ou le, le patient n'a qu'à se présenter à la pharmacie, la prescription est prête. Si un texto est envoyé entre une infirmière clinicienne, un médecin ensuite, le patient, bien sûr la composante de vidéoconférence en est une. Si y a du monitoring des fois les gens ont leurs signes vitaux, la tension artérielle, la saturation d'oxygène, le rythme cardiaque qui est envoyé par l'internet. Alors tout ça est donc un regroupement de soins qu'on appelle virtuel, qui est très globale, très important en termes de de de de sa versatilité. Alors c'est important de voir ça dans l'ensemble et non juste de penser à la vidéoconférence traditionnelle.

Mélanie : Quel est l'impact de la COVID-19 sur les soins virtuels actuellement?

Dr Yanick Beaulieu : En fait, dans le contexte de la COVID-19, c'est évident que les soins virtuels ont pris un chemin un peu différent de celui sur lequel le la, la technologie et l'implantation évoluaient. Tant mieux d'un sens mais ce qui est bien important de comprendre, c'est qu'il y a beaucoup, beaucoup de différences dans la façon dont les soins virtuels ont été implémentés, non seulement à travers le monde, mais ne serait-ce que au Canada. Alors par exemple avant la pandémie, si on regarde le Canada au complet, il y avait moins de 5% euh, et même moins 2% dans beaucoup de cas des consultations qui étaient faites en virtuel alors que le potentiel est très grand. Quand on regarde les statistiques pour ce qui est des rendez-vous de suivi entre un patient et son professionnel qu'il connait déjà, donc pour pouvoir avoir des nouvelles, soit un nouveau problème ou un suivi d'un patient connu; la littérature démontre bien qu'environ 70% de ces sessions-là peuvent être faites en virtuel. Des places comme l'Ontario et la Colombie-Britannique étaient en avance où il y avait des réseaux plus déployés qu'ailleurs. Et donc, même s'il y avait beaucoup de vouloir, il y avait beaucoup de choses qui étaient longues à s'installer, que ce soit le côté de la facturation pour les médecins, la mise en place dans les cliniques, la partie technologique de l'internet. Alors quand la COVID-19 est arrivée, il est arrivé un besoin immédiat de passer d'une implantation qui était longue et un peu douloureuse dans certains cas, à une implantation presque immédiate. Alors, il y a eu bien sûr une résurgence et une adoption rapide pour le mieux. Bien sûr, il y a des choses qui se font jamais en virtuel. Mais pour ce qui ce fait, l'adoption est montée à presque 80%. Mais dès que la COVID-19 a commencé à fléchir un peu avant, ce qui se passe maintenant, il y a eu tout de suite un retour rapide à beaucoup moins de téléconsultations, de sorte que quand on regardait des statistiques récentes dans beaucoup de cas, on était revenu a du 5, 8% de consultations virtuelles. Alors donc, il y a eu clairement une adoption importante mais le problème a été que cette adoption-là ne s'est pas faite avec une implantation solide. C'est très bien ce qui a été fait mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour pérenniser l'implantation des soins virtuels.

Mélanie : Est-ce qu'il y a des idées préconçues, tant de la part du personnel médical que de la population, au sujet des soins de santé virtuels que vous aimeriez adresser?

Dr Yanick Beaulieu : En fait, quand on parle de soins de santé virtuels, il y a plusieurs idées préconçues qui étaient qui, qui étaient clairement là, qui sont de moins en moins là; qui ont été déjà un peu adressées. Premièrement, il y avait des soignants qui se disaient : « Ahhh en virtuel là…c'est pas pareil » ou même des patients qui disaient : « Moi je veux pas faire ça à distance, je vais le faire en présentiel » et d'autres surtout les catégories plus jeunes qui disaient : « Pourquoi je me déplacerais? Je peux le faire en virtuel ! » Alors il y en a que c'est assez évident pour eux que le virtuel avaient leur place mais beaucoup d'autres qui disaient autant du côté patient que du côté soignant : « Non, ça ne sera pas pareil ». Alors je pense qu'une des premières idées préconçues, c'était que la médecine virtuelle pouvait pas, disons, livrer une qualité de soins adéquate. Beaucoup d'études, même en pré pandémie, ont démontré que c'était pas le cas. Un point très très, très important là que je tiens à clarifier sur les soins virtuels, c'est que l'optimisation de l'utilisation des soins virtuels est dans un cadre de médecine hybride. Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que faut qu'un patient ait quand même son médecin et qu'il aille souvent une fois par année, par 2 ans, peu importe une façon d'avoir un accès ou y'a un examen de prise de poids tout ça mais que par la suite la relation thérapeutique peut se poursuivre beaucoup beaucoup en virtuel. Alors il y a plein de problèmes, assez simple dermatologique, infection urinaire et tout qui peuvent facilement se répondre par une personne qui ne connaît pas le patient. Mais quand on entre dans des contextes plus chroniques de maladie plus sévère, tout ce que la télémédecine a fait, c'est décaler la prise en charge du vrai problème et qui, ultimement, eu un mauvais impact sur le patient. La plus grosse idée préconçue qui était : «On n'aura pas la même qualité de médecine » et tout ça, je pense qu'on est dépassé ça parce que les gens savent ce qui est indiqué ou pas indiqué en virtuel fait que c'est important de suivre ça. Et que dès que quelqu'un ait pas sûr, que là ça se fasse en présentiel. Et là, c'est là que l'efficacité puis la sécurité est préservée.

De nombreux Canadiens n'ont pas de fournisseur de soins de santé régulier. En 2020, 14 % des Canadiens de 12 ans et plus ont déclaré ne pas avoir de fournisseur de soins de santé régulier. Ce nombre est encore plus élevé chez les 18 à 34 ans, soit environ 1 personne sur 4.

Mélanie : Selon vous, est ce que les soins virtuels aident à contrer cet enjeu?

Dr Yanick Beaulieu : Oui, parce qu'effectivement c'est un groupe de personnes qui, souvent bon, un : ce sont des grands consommateurs de technologies, personne va à la banque maintenant, tout se fait à distance et donc quand on jase avec ces populations-là, une des premières questions c'est : ' Peux-tu le faire à distance? ' et donc clairement de pouvoir offrir ce mode-là de soins, peut, de façon significative, augmenter l'accès aux soins. Et un bel exemple de ça, c'est les soins pour la santé mentale. Tout dépendamment des problèmes, ils ne veulent pas nécessairement se présenter à un rendez-vous, dès que tu leur offres l'option virtuelle, il y a une adoption du suivi des soins qui est beaucoup plus grand. Et ça, ça l'a été remarqué avant et pendant la pandémie. Alors clairement, je pense que les soins virtuels peut être une façon d'augmenter l'accès aux soins et la consommation des soins de santé par ce groupe d'âge-là.

En 2018, 5,3 millions de personnes au Canada ont déclaré avoir eu besoin d'aide relativement à leur santé mentale au cours de l'année précédente. Juste un peu plus de la moitié d'entre eux estimaient que leurs besoins étaient entièrement satisfaits.

Mélanie : Comment est-ce que les soins de santé virtuels pourraient aider à répondre aux besoins en santé mentale de la population?

Dr Yanick Beaulieu : Quand on regarde les 20 dernières années, et même plus, parce que faut garder en tête que la télémédecine existe depuis 30 à 40 ans. Alors pour certaines personnes ça l'air d'être très nouveau, mais c'est pas le cas du tout. C'est juste que ça a été long à s'implanter, la technologie a évoluée à la vitesse grand V. Les soins pour la santé mentale sont idéales. Pourquoi? Parce que dans la majorité des cas, un examen physique n'est pas nécessaire. Et donc de pouvoir établir un contact avec le patient à distance, que ce soit un enfant, un adolescent, un adulte; la télémédecine s'y prête très bien. Et dans certains cas, s'y prête même mieux. Parce que certains patients peuvent être un peu plus instables et tout, ne veulent pas se déplacer, ça peut être des des phobies d'être dans le public ou y'a toutes sortes de raisons et les soins de santé virtuels se prêtent mieux et augmentent l'adoption au traitement. Donc, les soins de santé mentale sont clairement un un aspect de la télémédecine qui qui gagne à être déployé non seulement pour des traitements mais aussi pour le support aux familles et pour que les intervenants aient un meilleur accès à tout le réseau de soins. Et donc c'est c'est vraiment quelque chose qui je pense, sera pérennisé de façon significative.

20 % des personnes ayant des besoins en santé mentale non satisfaits ont déclaré que des problèmes linguistiques et l'indisponibilité de l'aide constituaient un obstacle d'accès aux soins.

Mélanie : Avez-vous vécu un événement où les soins virtuels ont pu atténuer une barrière linguistique ou auraient pu permettre de le faire?

Dr Yanick Beaulieu : En fait, en termes de de barrière linguistique, la partie de la médecine virtuelle change pas énormément la donne, sauf en fait deux choses. On a souvent des gens qui sont unilingues. Ils vont souvent venir à l'hôpital avec quelqu'un, un proche avec qui on fait l'histoire. Mais disons que la personne est hospitalisée, par la suite, il faut communiquer avec la personne. Alors ça l'aidera pas beaucoup dans la communication directe quoi que des fois on se sert de Google translate mais là où ça aide, c'est pour pouvoir communiquer avec la famille disons le fils est à la maison, on fait une session en virtuel en présence du patient, la personne peut voir son proche, le médecin fait une traduction automatique et tout le monde est un peu rassuré que la bonne information est véhiculée. Alors que, entre autres dans le temps de la COVID vous pouvez vous imaginer aux soins intensifs, surtout dans des contextes de décès imminent et tout, où les familles ne peuvent pas venir à l'hôpital, maintenant on a des tablettes partout et non seulement dans le contexte linguistique mais de pouvoir faire cette communication-là fréquente, ça rassure tout le monde et les gens ont la bonne information. Une implantation plus large des soins virtuels aide à pouvoir mieux communiquer et à ultimement mieux traiter le patient et informé mieux la famille.

Si vous avez une vitesse de téléchargement de 50 mégabits par seconde ou plus, votre Internet permet la prise en charge de plusieurs utilisateurs à la fois, la diffusion de vidéos d'ultra-haute définition alors que plus d'un appareil est connecté, ou le téléchargement rapide d'un film de haute définition. En 2020, selon l'Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet, parmi les répondants qui connaissaient la vitesse de connexion annoncée, 72 % utilisaient cette vitesse plus rapide. Mais un écart géographique subsiste entre ceux qui vivaient à l'intérieur ou à l'extérieur des régions métropolitaines de recensement et agglomérations de recensement. Québec, Montréal, Ottawa, Gatineau, ou Vancouver en sont quelques exemples. Un peu plus des trois quarts des répondants vivant dans ces régions utilisaient cette vitesse plus rapide, comparativement à moins de la moitié de ceux vivant à l'extérieur de ces régions. SOURCE : Accès à Internet au Canada, 2020.

Mélanie : Pourriez-vous nous dresser le portrait actuel de l'accès aux soins virtuels?

Dr Yanick Beaulieu : En fait, quand on regarde l'accès aux soins virtuels, bon première chose, il est évident que même si en 2021 l'accès technologique, technologique étant d'avoir l'appareil, que ce soit iPad, un ordinateur, un téléphone intelligent; en général pour la majorité de la population, c'est pas la restriction à l'accès, mais c'est quand même un des points importants. L'autre partie c'est l'internet. Alors même si on sait qu'une grande partie des foyers canadiens et des gens ont accès à l'internet, il demeure quand même un pourcentage non négligeable que y'a beaucoup de monde qui ont pas encore accès à l'internet haute vitesse qui permet une connexion adéquate pour faire des soins virtuels de de qualité acceptable disons. Donc, il y a une inégalité parce que y a des gens qui n'ont pas la bonne technologie, le bon internet ou qui ne sont pas à l'aise avec la technologie qui n'auront pas accès à ça ou moins accès. Donc le plus important là-dedans pour diminuer cette inégalité-là, c'est ce que l'on appelle en en bon français le onboarding. Quand une clinique veut faire des soins virtuels avec un patient, il doit y avoir un processus pour pouvoir introduire la personne avec des questions-réponses, et ça, c'est une des choses qui manque encore. Ça prend des ressources, du temps et c'est ça qui qui rapidement s'est un peu installé pendant la pandémie mais qu'il va falloir que ce soit solidifié pour pouvoir diminuer les inégalités et que l'accès soit le plus universel possible.

Dr Beaulieu a raison. L'équité d'accès est toujours un enjeu. Par exemple, en 2016, les personnes âgées de 65 ans et plus étaient le groupe le plus susceptible d'avoir eu des contacts avec un médecin au cours des 12 mois précédant l'enquête. Cependant, les aînés en tant que groupe avaient des opinions plus négatives sur les avantages de la technologie et étaient moins susceptibles d'en être les utilisateurs. En 2016, c'était 97,2 % des Canadiens âgés de 15 à 64 ans qui utilisaient internet par rapport à 68 % des aînés.

Mélanie : Quels sont les obstacles qui pourraient mettre en péril une adoption permanente des soins virtuels?

Dr Yanick Beaulieu : En fait, il y en a plusieurs. Je pense un point qui est très important pour la population à toujours garder en tête, c'est que malgré tous les avancements qu'on a faits, l'implantation de la télémédecine demeure, pas partout, mais dans beaucoup de cas, assez fragile. Alors il y a des centres qui implantaient déjà bien la télémédecine où ça l'a juste été un boost pis ils sont encore plus avancés pis ça roule vraiment bien. Mais dans beaucoup de contextes, le problème qu'on a vu, c'était les ressources. Alors si tu veux développer un programme de télémédecine disons dans une clinique de médecine de famille, ben ça prend des ressources, ça prend quelqu'un qui va être capable de dire, ben je m'occupe de pouvoir créer les profils, communiquer avec les patients c'est la gestion du changement. Alors ces ressources-là, ben il faut qu'elles soient ajoutées, faut qu'elles soient déployées. On a vu dans la pandémie au tout début, il y a beaucoup de ressources qui ont été mises là-dessus et quand les choses ont commencé à aller mieux des centres hospitaliers disaient : « on se fait enlever les ressources qu'on s'était faites donner! » et le programme ne peut pas survivre par magie. Dans les défis, c'est de mettre les bonnes ressources. Ensuite côté technologique, même si c'est quand même beaucoup mieux, ça demeure que dans beaucoup d'hôpitaux, la bande passante est mauvaise. Les médecins veulent faire de la télémédecine mais l'internet n'y est pas. Il y a le la composante technologique intra-hospitalière quand les médecins veulent se connecter et il y a toute la composante aussi de la facturation. Alors si un médecin passe 2 jours sur sur 5 à faire de la télémédecine, ben il faut qu'il y ait une façon d'être rémunéré ni plus ni moins, mais adéquatement. Il y a maintenant le Conseil numérique qui va sortir, qui sont des soins virtuels entre médecins. Pour qu'au lieu que t'attende six mois pour voir, par exemple un cardiologue, ben le médecin de famille pourra parler par conseil numérique et avoir une opinion très très rapide. Et ça y aura des codes de facturation et tout. Fait que ça avance, ça avance mais y'a plusieurs enjeux pour lesquels il ne faut pas faut pas lâcher la balle pour que toutes ces points-là soient adressées pour pérenniser et augmenter l'adoption. Parce que sinon si une partie de la chaîne n'est pas bien adaptée, ça peut être un obstacle à un déploiement qui se fait avec succès.

Le Canada continue d'avoir un système de santé axé sur les soins-hospitaliers pour les personnes qui sont en fin de vie, malgré leur préférence de mourir dans leur communauté ou d'autres milieux comme dans les maisons de fin de vie. En 2020, 55 % des décès au Canada ont eu lieu dans un hôpital.

Mélanie : Les soins de santé virtuels ont-ils leur place dans les unités de soins palliatifs?

Dr Yanick Beaulieu : Donc, les soins de santé virtuels dans le contexte des soins palliatifs ont tout à fait leur place. Et en fait, si je peux vous donner un petit exemple, alors dans la dernière compagnie que j'avais mis sur pied en télémédecine dès 2012 pour augmenter l'accès aux soins, la supervision à distance, la télémédecine, euh bien avant la pandémie, on a commencé à travailler avec des associations de soins palliatifs dans le grand Montréal pour différents volets. Un des volets était clairement d'améliorer l'accès entre autres, si quelqu'un est en fin de vie, les familles, les proches sont souvent confrontés à des situations où le proche, qui est en fin de vie, est inconfortable, a de la douleur et c'est important de ne pas avoir à attendre trois jours ou d'avoir à aller à l'urgence ou autre pour ces genres de situations-là. Fait que les soins virtuels se prêtaient très bien à ça. Alors on a travaillé donc avec plusieurs associations de soins palliatifs régionales pour déployer à leurs aidants. Donc beaucoup des infirmiers infirmières qui eux déployaient avec les familles pour pouvoir par vidéoconférence ou simplement par texto, amener une composante de soins virtuels. Alors clairement, l'utilisation des soins virtuels peut avoir une grosse différence pour les patients qui sont en soins palliatifs.

Mélanie : Pourriez-vous nous parler du succès d'une intervention qui n'aurait pas pu réussir sans l'usage des soins virtuels?

Dr Yanick Beaulieu : En fait, euh une chose très intéressante qui moi, m'intéresse ça fait 20 ans que je suis impliqué non seulement dans la partie clinique médicale avec les patients, mais dans la partie d'enseignement et d'éducation. Qui, dans les 10 dernières années, je l'avais redirigée pour pour tout ce qui est en support à distance pour mieux aider à faire des techniques, des procédures, une de ceux-là est l'échographie. Mais ça s'applique donc dans plein d'autres choses. C'est par exemple des diabétiques, des patients qui ont eu des interventions, qui retournent à la maison et qui ont des plaies complexes. Et pour s'occuper d'une plaie complexe, ça prend quelqu'un qui a une expertise. Alors il y a des programmes qui ont été développées au Québec où des infirmières expertes se connectent en virtuel avec des infirmières qui sont très bonnes, mais qui n'ont pas l'expérience de soins de plaies. Et donc l'infirmière à distance peut voir la plaie, peut interagir pour pointer vers les structures, mentionner quoi faire. Et ça évite au patient de se déplacer. Parce qu'il y a soit le service où l'infirmière va à la maison pour les patients avec mobilité réduite, avec tout le kit de télémédecine; ou le patient se déplace dans un centre local, tout près de chez lui ou chez elle, et l'infirmière à distance peut donner des soins qui peuvent prendre 5 minutes, un support mais qui peut tout changer. Parce que si ce support-là n'est pas approprié, le patient peut avoir besoin d'être hospitalisé, faire une grosse infection et tout. Et quand on pense qu'un soin de plaie par année peut coûter entre 9 et 10,000 dollars par patient et qu'il y a des centaines de milliers de patients par année qui ont des soins de plaies complexes, si on optimise ce processus-là, non seulement on aide le patient, mais on diminue de beaucoup le coût des soins.

Mélanie : Lorsque nous pensons aux soins virtuels, on peut se limiter à penser à un rendez-vous téléphonique avec notre médecin, par exemple. Mais si nous élargissons notre vision, quel serait le portrait d'une approche virtuelle ambitieuse?

Dr Yanick Beaulieu : Prenons un peu le séjour d'un patient qui arrive, qui a besoin de voir son médecin qui va sur Internet, clique sur un bouton pour se trouver un rendez-vous, cédule son rendez-vous, reçoit sa confirmation, le patient prend son rendez-vous mais pas en en réel, en virtuel. C'est l'heure de son rendez-vous; se connecte soit au travail soit à la maison; voit son médecin ou son pharmacien ou sa physiothérapeute parce que ça c'est un point important, que les soins virtuels, c'est toute l'équipe de soins. Alors le patient fait sa session et euh disons qu'il a besoin d'avoir une consultation avec travailleur social ou ergothérapeute; que cette prise de rendez-vous là soit aussi prise en virtuel pour peut-être l'évaluation initiale suivie plus tard, une prescription doit être faite. Le médecin la fait en numérique; le patient peut passer à la pharmacie la chercher. Et donc, c'est un petit scénario, mais que dans la vie de tous les jours, une fois que cette boucle-là du virtuel sera vraiment bien implémentée, ça c'est quelque chose qui peut vraiment faire une grande différence. Ce que je viens de décrire là, c'est pas du tout de la science-fiction, il y a beaucoup de places qui donnent ce genre de service-là. Mais c'est pas encore largement disponible. Ce le sera, c'est des choses simples qui vont pouvoir amener toute l'importance pis l'impacte que la médecine virtuelle peut avoir.

Mélanie : Quelle est votre vision sur ce que les soins virtuels pourraient devenir?

Dr Yanick Beaulieu : En fait ma vision sur ce que les soins virtuels pourraient devenir elle est très très simple parce que même si en virtuel on peut faire beaucoup de choses je travaille encore avec des choses où tu sais, tu te mets des lunettes de réalité virtuelle ou réalité augmentée mais pour moi c'est à la base tout, tout ce qu'on a présentement là qui existe et qui fonctionne très bien : les plateformes de rendez-vous, la pharmacie à distance, les soins virtuels, les textos, les conseils numériques; bien pour moi la vision du futur c'est tout simplement d'implémenter ça de façon adéquate. Alors on n'a pas besoin de chercher des technologies davantage funky là, même s'il y en a pis que ça peut-être super intéressant. De pouvoir travailler sur l'implémentation des différentes étapes qui amènent à ce que ce soit solide et pérenne. Pour moi, c'est ça la vision du présent et du futur pour que dans les cinq prochaines années, je veux pas dire dix, parce que c'est beaucoup trop loin; mais que ce soit bien implémenté pour moi, c'est si on est capable de se rendre là, ça sera déjà une très grosse étape pour ce déploiement avec succès de la médecine virtuelle.

Mélanie : Eh bien, c'est tout pour notre discussion docteur Beaulieu. Je vous remercie beaucoup, c'était très intéressant. Vos réponses étaient très complètes, alors on continue d'avoir espoir pour la suite.

Dr Yanick Beaulieu : Merci. Il faut effectivement garder espoir. On a de belles choses en avant de nous, faut juste pas lâcher.

Vous étiez à l'écoute de Hé-Coutez bien. Merci à notre invité docteur Yannick Beaulieu ainsi qu'à toute l'équipe! Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone appelée Eh Sayers. Vous avez aimé cet épisode? Allez l'évaluer, la commenter et vous abonner! Merci de nous avoir écouté et à la prochaine!

Encore une chose! Si vous avez aimé entendre les histoires qui se cachent derrière les chiffres dans le cadre de notre balado, vous pouvez avoir accès à encore plus de contenu en téléchargeant notre toute nouvelle application mobile, StatsCAN. Accédez aux plus récentes publications et soyez informé de la diffusion de nouveaux renseignements qui correspondent à vos intérêts, comme l'agriculture, l'alimentation, la santé ou la science et la technologie. Vous pouvez télécharger gratuitement l'application StatsCAN à partir des boutiques d'applications d'Apple et de Google. Jetez-y un coup d'œil!

Document d'information : Recensement de la population de 2021

Aperçu du recensement

  • Le recensement est mené tous les cinq ans.
  • Le Recensement de 2021 a été le 23e recensement national du Canada.
  • L'année 2021 a marqué le 355e anniversaire du premier recensement.
  • Le questionnaire abrégé (2A) a été reçu par 75 % des ménages canadiens et portait sur les sujets suivants : l'âge, le sexe à la naissance, le genre, les liens entre les membres du ménage, l'état matrimonial, la langue et le service militaire canadien.
  • Le questionnaire détaillé (2A-L) a été reçu par 25 % des ménages canadiens et portait sur les sujets susmentionnés ainsi que sur les activités de la vie quotidienne, les renseignements socioculturels, la mobilité, l'éducation et l'activité sur le marché du travail.

Participation au recensement

  • Comme pour les années précédentes, la participation au Recensement de 2021 était obligatoire. Tous les résidents du Canada étaient légalement tenus de remplir le questionnaire du recensement, conformément aux dispositions de la Loi sur la statistique.

Diffusions principales du Recensement de 2021

  • À compter du 9 février 2022, il y aura sept diffusions « thématiques » principales soulignant les données du Recensement de la population de 2021. Ces diffusions sont publiées dans Le Quotidien, le bulletin de diffusion officielle des données de Statistique Canada, et elles proposent des produits de données, des produits analytiques et des produits de référence.
  • Le 27 avril 2022, Statistique Canada a publié le deuxième ensemble de résultats du Recensement de 2021. Cette diffusion portait sur l'évolution du portrait démographique du Canada et comprenait, pour la toute première fois, des données sur la diversité de genre de notre population. Des questions supplémentaires sur le sexe à la naissance et le genre ont été ajoutées au Recensement de 2021 pour permettre à plus de personnes au Canada d'être mieux représentées. Des données sur les différents types de logements au Canada ont également été publiées.
  • La prochaine diffusion, prévue pour le 13 juillet 2022, dressera le portrait des familles et des ménages canadiens et fournira des renseignements sur l'expérience militaire passée et actuelle et sur le profil du revenu des Canadiens et des Canadiennes. Beaucoup d'autres histoires sont à venir :
    • 27 août
      • diversité linguistique et utilisation du français et de l'anglais au Canada;
    • 21 septembre
      • Premières Nations, Métis et Inuits au Canada;
      • portrait du logement au Canada;
    • 26 octobre
      • portrait de la citoyenneté et de l'immigration au Canada;
      • composition ethnoculturelle et religieuse de la population;
      • mobilité et migration.
  • La dernière diffusion sur la scolarité, la population active et l'instruction dans la langue officielle minoritaire aura lieu le 30 novembre 2022. À la suite des sept diffusions principales, d'autres diffusions portant sur de nouvelles analyses et de nouveaux produits suivront (dates à déterminer).

Pourquoi Statistique Canada mène-t-il un recensement?

  • Le recensement brosse un portrait des personnes au Canada et des lieux où elles vivent.
  • Le recensement fournit des renseignements de grande qualité qui sont utilisés par tous les ordres de gouvernement, les entreprises et divers organismes de services sociaux et organismes communautaires.
  • Les données du recensement servent à gérer les programmes gouvernementaux et à planifier les garderies, les écoles, les hôpitaux, le logement, la formation axée sur les compétences pour l'emploi, le transport public et les services d'urgence.
  • Le recensement est également mené afin de satisfaire aux exigences de la loi. Les chiffres de population qui proviennent du recensement sont utilisés pour recalculer les estimations de la population, qui à leur tour servent à déterminer la représentation au Parlement, à calculer les paiements de transfert entre les différents ordres de gouvernement et à appuyer divers programmes gouvernementaux partout au pays.
  • Les données du recensement sont essentielles pendant la pandémie de COVID-19 puisqu'elles sont utilisées à des fins de préparation aux situations d'urgence et d'intervention d'urgence. Tous les ordres de gouvernements ont besoin des données du recensement à l'échelle locale sur la population, l'âge, le revenu et le logement pour déterminer les personnes qui sont les plus vulnérables à la crise sanitaire et économique en cours. En outre, la répartition des vaccins a été effectuée selon le nombre d'habitants, au moyen des données du recensement.
  • Les données du recensement nous aideront à mieux comprendre les répercussions de la pandémie sur les différents groupes de population et les différentes collectivités, ainsi que l'évolution de ces derniers depuis le précédent recensement mené en 2016. En outre, les données recueillies dans le cadre du Recensement de 2021 éclaireront bon nombre de décisions stratégiques en matière d'économie et de santé qui devront être prises par tous les ordres de gouvernement au cours des mois et des années à venir, au moment où la population canadienne continue de subir les répercussions de la pandémie.

Comment Statistique Canada a-t-il mené le recensement?

  • Statistique Canada s'est adapté à la réalité de la pandémie de COVID-19 pour mener un recensement de façon sécuritaire, ce qui a permis aux Canadiens et aux Canadiennes de raconter leur histoire et de fournir des renseignements essentiels sur leur pays et leurs collectivités.
  • Les procédures de collecte dans le cadre du recensement ont été repensées afin de garantir la sécurité des répondants et du personnel du recensement en limitant le nombre de contacts nécessaires pour participer à cet important exercice.
  • Tous les ménages ont été encouragés à remplir le questionnaire en ligne afin de respecter l'approche sans contact de la collecte des données du recensement.
  • Aucun employé du recensement de Statistique Canada n'a été autorisé à visiter les logements collectifs institutionnels (comme les résidences pour personnes âgées et les établissements de soins de longue durée) ou à y entrer.

Langues et autres formats

  • Les questions du Recensement de 2021 étaient disponibles en 25 langues (13 langues autochtones et 12 langues immigrantes), en plus du français et de l'anglais. Le questionnaire du recensement était, quant à lui, disponible uniquement en français et en anglais et devait être rempli dans l'une de ces deux langues.
  • Des documents tels que des questionnaires en gros caractères ainsi que les versions en braille, en vidéo et en audio des questions pouvaient être obtenus sur demande en communiquant avec l'Assistance téléphonique du recensement.

Contenu du recensement

  • Statistique Canada a entrepris un processus rigoureux de consultation, de mise à l'essai, d'examen et d'approbation afin d'assurer que les questions figurant dans le Recensement de 2021 répondent aux demandes de renseignements clés.
  • Le contenu proposé par Statistique Canada a été soumis au Cabinet, et les questions du Recensement de 2021 ont été prescrites par décret du conseil, comme l'exige la Loi sur la statistique.
  • Le questionnaire abrégé (2A) du Recensement de la population de 2021 comportait jusqu'à 17 questions sur des sujets comme l'âge, le sexe à la naissance, le genre, les liens entre les membres du ménage, l'état matrimonial, la langue et le service militaire canadien.
  • Le questionnaire détaillé (2A-L) du Recensement de la population de 2021 contenait les mêmes questions que celles du questionnaire abrégé en plus des questions nouvelles ou modifiées sur les origines ethniques ou culturelles, la religion, la citoyenneté et l'immigration, les Premières Nations, les Métis et les Inuits, le travail et le logement. Les changements apportés aux questions sont décrits dans les feuillets d'information propres à chaque sujet, et sont disponibles sur le site Web de Statistique Canada.

Taux de réponse

Les taux de réponse de la collecte à l'échelle nationale pour le Recensement de la population se chiffrent comme suit :

Les taux de réponse de la collecte en ligne à l'échelle nationale pour le Recensement de la population se chiffrent comme suit :

Veuillez consulter le site Web de l'organisme pour obtenir une ventilation détaillée (par région et par type) des Taux de réponse de la collecte du Recensement de la population de 2021.

Statistique Canada et Mila s’associent pour faire progresser l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique éthique

Le 3 mai 2022

Statistique Canada est fier d’annoncer un nouveau partenariat avec Mila, le plus important institut de recherche universitaire au monde dans le domaine de l’apprentissage profond. En se joignant à la communauté diversifiée de Mila, Statistique Canada pourra accéder à un plus vaste écosystème d’intelligence artificielle et à une boîte à outil de partenariat, ce qui permettra à l’organisme d’accélérer ses recherches en matière d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique.

« La science des données est une discipline d’équipe, et ce partenariat nous permet d’enrichir collectivement les connaissances de nos équipes respectives dans ces domaines de recherche cruciaux », indique le statisticien en chef du Canada, Anil Arora. « En tant que chef de file respecté dans le domaine de la science des données, Statistique Canada travaille à des projets de pointe en matière d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique. Ce nouveau partenariat appuie notre engagement en matière de modernisation alors que nous continuons de chercher des éléments susceptibles d’être améliorés. Il nous aide aussi à conserver notre rôle de chef de file mondial en matière de statistiques officielle et d’offrir de meilleurs services aux Canadiens et aux Canadiennes. »

Mila est une organisation à but non lucratif reconnue mondialement pour ses importantes contributions au domaine de l’apprentissage profond, en particulier dans les domaines de la modélisation du langage, de la traduction automatique, de la reconnaissance d’objets et des modèles générateurs. Établir des relations avec la communauté de 900 chercheurs de Mila permettra à Statistique Canada d’être exposé aux points de vue d’une variété de pairs et de collaborer avec des communautés de pratique aux idées semblables. Cela donnera aussi accès à Statistique Canada à un bassin de plus en plus important de talent au Canada et à l’étranger.

« Ce partenariat entre Mila et Statistique Canada constitue une occasion intéressante de combiner nos expertises et de relever certains défis précis en matière d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle », affirme Stéphane Létourneau, vice-président exécutif à Mila. « La communauté de recherche de Mila œuvre quotidiennement à la démocratisation de l’apprentissage automatique et au développement responsable de l’intelligence artificielle. Nous sommes ravis de poursuivre nos efforts avec notre nouveau partenaire. »

Anil Arora a jouté que ce partenariat permettra à Statistique Canada d’avoir un accès direct à experts émergeants dans le domaine. « Le fait de pouvoir tirer parti de cette expertise, de collaborer à des projets et de découvrir les travaux que mène la prochaine génération de chercheurs et chercheuses de pointe en intelligence artificielle et en apprentissage automatique grâce à ce partenariat représente un atout formidable pour l’organisme. »

Coordonnées

Relations avec les médias
Statistique Canada
statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca

Relations avec les médias
Mila
medias@mila.quebec

Statistique Canada tiendra une conférence de presse pour présenter les données du recensement de 2021 sur la transformation démographique du Canada

Avis aux médias

Le 31 mars 2022, Ottawa (Ontario)

Le 27 avril 2022, Statistique Canada publiera le deuxième ensemble de résultats tirés du Recensement de 2021. Cette diffusion portera sur la transformation démographique du Canada. De plus, pour la toute première fois, des données sur la diversité de genre des personnes au Canada seront diffusées. Des questions supplémentaires sur le sexe à la naissance et le genre ont été ajoutées au Recensement de 2021 afin de permettre à un plus grand nombre de Canadiens et Canadiennes d'être mieux représentés. Des données sur l'âge et les différents types de logements au Canada seront également publiées.

Les données seront diffusées dans Le Quotidien de Statistique Canada, à 8 h 30, heure de l'Est, le 27 avril 2022. Des renseignements sur les diffusions ultérieures de 2022 sont disponibles à Planification de la diffusion des données du Recensement de 2021 — Plans de diffusion.

Les représentants de Statistique Canada tiendront une conférence de presse pour présenter les résultats d’ordre général sur le pays, les provinces et les territoires dans le cadre de la deuxième diffusion du Recensement de 2021. Les participants seront disponibles pour répondre aux questions des médias à la suite de leurs allocutions.

Le 27 avril et les jours qui suivent, Statistique Canada accordera également des entrevues au sujet de cette diffusion de données du Recensement de 2021. Les membres des médias sont invités à présenter leurs demandes d'entrevue et/ou de totalisations personnalisées à la Ligne info-médias, et ce, avant la date de diffusion.

Date

Le 27 avril 2022

Heure

De 9 h 30 à 10 h 30 (HAE)

Lieu

La conférence de presse se tiendra en mode virtuel.

La participation à la partie questions et réponses de cet événement est réservée aux membres accrédités de la Tribune de la presse parlementaire canadienne. Les médias qui ne sont pas membres de la Tribune de la presse peuvent contacter pressres2@parl.gc.ca pour demander un accès temporaire. Une ligne de téléconférence est également disponible pour les médias qui souhaitent suivre l'événement en mode écoute :

Numéros d'appel (en mode écoute seulement) :
Local : 613-954-9003
Sans frais : 1-866-206-0153
Code d'accès : 7501902#

Coordonnées :

Relations avec les médias
Statistique Canada
statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca

Recensement de 2021& : Sexe à la naissance et genre - un portrait global

Vidéo -Recensement de 2021 : Sexe à la naissance et genre - un portrait global

Cette vidéo présente certains renseignements sur la nouvelle question sur le genre comprise dans le Recensement de 2021 et sur l'ajout de la précision « à la naissance » à la question sur le sexe. Elle souligne l'importance de ces modifications qui permettent d'accroître l'inclusivité des données et qui bénéficient à tous les individus au Canada.

Hé-coutez bien! Épisode 6 - Créés égaux

Date de diffusion : le 16 mars 2022

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Hé-coutez bien balados

Le Canada est une société plurielle, ayant un patrimoine culturel d'une grande richesse. Les divers peuples issus des quatre coins du monde ont fait du Canada une terre d'accueil. Néanmoins, même dans une société aussi plurielle que la nôtre, il peut être difficile d'éliminer toutes les formes de discrimination. Dans cet épisode, nous avons voulu porter un regard critique sur la manière dont les préjugés qui nourrissent le racisme systémique peuvent avoir un effet même sur les éléments les plus neutres : nos données. Les données ont la réputation de refléter la réalité de la manière la plus factuelle possible, mais est-ce toujours le cas? Nous nous sommes aussi questionnés sur le rôle que peuvent jouer les données dans la lutte pour une société canadienne plus équitable.

Animatrice

Mélanie Charron

Invités

  • Sarah Messou-Ghelazzi, Agente de communication, Statistique Canada
  • Filsan Hujaleh, Analyste au Centre d'analyse des données sociales et d'innovation à Statistique Canada
  • Jeff Latimer, directeur général, responsable de la Santé, Justice, Diversité et Population à Statistique Canada
  • Pauline Tuitoek, directrice ajointe au Centre des statistiques sur le genre, la diversité et l'inclusion à Statistique Canada

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 6 - Créés égaux - Transcription

Sarah : J'ai une expérience personnelle avec le racisme systémique effectivement c'est vrai que jusqu'à ce qu'il y ait toutes ces manifestations toute cette ébullition autour du racisme systémique c'est vrai que jusqu'à présent je m'étais considérée comme étant relativement privilégiée dans le sens où même si j'ai peut-être vécu des micro-agressions c'est généralement des choses qui peuvent glisser plus ou moins en fonction du caractère de la personne.

Mélanie : Vous êtes à l'écoute d'Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Mélanie. Le sujet d'aujourd'hui a été suggéré par notre collègue, Sarah.

Sarah Messou Ghelazzi : Bonjour, mon nom est Sarah Messou Ghelazzi, je travaille en communication pour Statistique Canada.

Mélanie : Bonjour Sarah, merci d'être avec nous. Qu'est-ce qui t'a incité à proposer un balado au sujet du racisme systémique?

Sarah Messou Ghelazzi : L'idée du balado sur le racisme systémique m'est venue au cours de l'année passée lorsque j'ai observé tout ce qui s'est passé un peu partout dans le monde finalement. Que ce soit les révoltes, la manifestation qu'il y a eu un peu partout aux quatre coins du Canada, que ce soit à Montréal et surtout celle à Ottawa à laquelle j'ai participée où notre premier ministre a fait un geste justement de reconnaissance que le racisme systémique existait. Et surtout qu'il était prêt à s'engager dans la lutte contre le racisme systémique ici au Canada.

Mélanie : Qu'espères-tu que les auditeurs retiennent de notre entretien?

Sarah Messou Ghelazzi : Déjà je tiens à saluer le fait que on en parle...! Ce que j'ai apprécié au cours des deux dernières années, c'est que on est passé du racisme systémique est un mythe au racisme systémique existe...vraiment et il faut faire quelque chose. Donc déjà ça c'est bien! Je pense que quand on connaît les histoires des gens ça les humanise. On dépasse la couleur, la culture qui est différente et on rentre dans la richesse de l'être humain. Et c'est ce que j'aimerais que chaque auditeur retienne.

Mélanie : Merci Sarah. Écoutons maintenant nos collègues Filsan, Jeff, et Pauline nous expliquer comment ce thème se décline dans leurs projets.

Filsan Hujaleh : Je m'appelle Filsan Hujaleh et je suis analyste au Centre d'analyse des données sociales et d'innovation à Statistique Canada. Je fais de la recherche qui porte sur les groupes racialisés. Plus spécifiquement c'est de la recherche qui est plus semblable à de la recherche sur l'immigration ethnoculturelle.

Je fais de la recherche liée aux groupes racialisés. Plus spécifiquement chez les divers groupes dont ceux dont les identités se croisent. Il s'agit donc d'examiner des groupes de population différents, mais on examine les questions liées à l'inclusion et à l'exclusion liées à la racialisation, et les différentes expériences qui en découlent.

Mélanie : Pourriez-vous nous aider à comprendre ce qu'est le racisme systémique?

Filsan Hujaleh : Donc la Commission ontarienne des droits de la personne définit la discrimination systémique comme des comportements, des politiques ou des pratiques qui font partie des structures d'une organisation et qui créent ou perpétuent des désavantages pour les personnes racialisées.

Prenons l' exemple des jeunes Noirs qui naviguent dans différents systèmes qui sont interconnectés; donc, si vous regardez par exemple le système d'éducation. Ont-ils le soutien nécessaire à leur disposition en dehors de ce système et ce système en question peut-il répondre à leur besoins? Ou encore, est-ce qu'ils se sentent représentés dans le curriculum? Est-ce qu'ils sont plus surveillés? Vous savez, dans les écoles? Est-ce qu'il y a des comportements sous-entendus, suggérant subtilement d'agir ou de s'habiller d'une certaine façon selon une certaine «norme», et qu'ils ne correspondent pas à cette norme ou encore y a-t-il la suggestion d'autres pratiques d'exclusion qui se produisent dans l'école? C'est une façon de voir les choses, et si vous regardez en dehors de ça, s'ils marchent dans la rue ou s'ils sont Noirs, sont-ils plus susceptibles d'être surveillé et d'être contrôlé, et ils ne sont pas autorisés à circuler librement dans la société parce qu'un agent de police vient leur poser des questions. Ou bien sont-ils plus susceptibles d'être arrêtés quand ils conduisent une voiture ? C'est une autre façon de ne pas pouvoir se déplacer librement dans les espaces publics. Et puis tout ça ça contribue à ce qu'ils aient plus de contact avec le système de justice par exemple.

Si on se tourne vers les hôpitaux et ailleurs, y a-t-il d'autres préoccupations qui peuvent être prises au sérieux? Vont-ils recevoir les soins dont ils ont besoin selon une norme acceptable. Donc, comme vous pouvez le voir, ça touche plusieurs domaines . Que ce soit la loi ou la santé ou le système d'éducation Ce sont ces comportements que vous noterez comme étant des obstacles pouvant les limiter à évoluer librement pour atteindre leur plein potentiel.

Si vous voulez en apprendre davantage à ce sujet et sur la complexité de la collecte de données sur les groupes racialisés et leurs expériences, Pauline et Jeff sont d'excellentes personnes avec qui discuter.

Jeff Latimer : Je suis Jeff Latimer, directeur général, responsable de la Santé, Justice, Diversité et Population à Statistique Canada.

Mélanie : Quel serait l'un des projets sur lequel vous participez présentement en lien avec le thème que nous abordons?

Jeff Latimer : Le plan d'action en matière de données désagrégées est un projet clé que le gouvernement fédéral a financé en 2021. Dans le cadre du budget de 2021, Statistique Canada a reçu l'investissement le plus important depuis 30 ans pour essayer d'aborder certains des enjeux systémiques relatifs aux écarts en matière de racisme et de genre au sein de la société. Il s'agit d'un projet essentiel qui va nous permettre de collaborer avec tous nos partenaires dans l'ensemble du pays pour mieux recueillir des données permettant la désagrégation, afin de fournir des informations sur les inégalités que nous ne pouvons pas découvrir sans ces données désagrégées. C'est une tâche relativement difficile. Cette initiative est donc vraiment importante. Nous passons beaucoup de temps et d'énergie à en discuter à l'échelle du pays, des provinces, des territoires, et avec nos partenaires, la population canadienne, les groupes autochtones, les groupes racisés. Nous essayons d'employer ce temps à réellement comprendre comment nous devrions recueillir ces données, comment nous devrions les désagréger, comment nous devrions en faire état. C'est vraiment une initiative équitable et respectueuse. Je pense que ce projet est une pierre angulaire de la façon dont Statistique Canada change sa culture. Il ne s'agit pas d'un projet relatif à un domaine spécialisé unique, comme le travail, la justice ou la santé. C'est un changement fondamental dans la manière dont Statistique Canada approche les données. Je pense qu'il est donc réellement important de souligner ce projet.

Mélanie : Jeff vient de nous présenter un projet qui évoluera sur la base de collectes et d'utilisation de données désagrégées. Vous vous posez peut-être la question pourquoi ces données seront-elles privilégiées. Nous devons savoir que des données agrégées sont en fait des résumés ou des rapports de données à grande échelle. Quant aux données désagrégées, ce sont des données qui ont été divisées en différentes catégories, comme la région, le genre et l'ethnicité. Des données désagrégées peuvent faire ressortir des inégalités entre différents groupes de population. Ces inégalités auraient pu ne pas être révélées par des données agrégées.

Mélanie : Bonjour Pauline, tu peux te présenter pour les auditeurs stp ?

Pauline Tuitoek : Mon nom c'est Pauline, je suis la directrice adjointe au centre des statistiques sur le genre, la diversité et l'inclusion à Statistique Canada.

Mélanie : Il y a des gens qui croient que les chiffres ne mentent pas et j'aimerais savoir selon toi, pourquoi les gens croient que les données sont neutres et objectives? Puis quels sont certains problèmes qui accompagnent cette manière de penser?

Pauline Tuitoek : je crois que dans les données des fois, il y a un élément de biais, mais ça dépend aussi de la façon dont l'information ou les données ont été recueillies. Par exemple, à Statistique Canada, il y a 2 façons dont on recueille les données : on pourra voir les données administratives ou bien on va mener des enquêtes. En utilisant par exemple des données administratives. Le biais à l'étape de collecte de données entraîne le biais de l'analyse.

Si tu regardes les données sur la criminalité, Statistique Canada, ça fait des années qu'on recueille ces données, en utilisant les systèmes administratifs mais l'enjeu, c'est tous les crimes ne sont pas signalés à la police au Canada. Donc si je suis un décideur par exemple, qui utilise ces données et j'essaie de faire ou d'établir les liens entre la consommation des drogues et les crimes violents par exemple . Si j'utilise ces données exclusivement, ça se peut que y aura certains éléments de biais. on doit aussi considérer la stigmatisation parce que si pendant des années la conclusion était, il y a un lien entre la consommation des drogues et les crimes violents dans certains groupes de population e l'information que je vois que j'entends toujours il y a aussi ce risque-là de stigmatisation. on doit y penser. Ah l'autre façon dont on recueille des données, c'est en mélangeant des enquêtes. la chose avec ce type de collecte de données, c'est l'importance de d'assurer que l'échantillon est représentatif, on ne peut pas mesurer quelque chose qu'on ne sait pas. Donc si les réponses viennent d'une partie de la population, on peut complètement manquer la perspective ou la réalité de de de l'autre partie de la population. Donc on peut avoir un élément de biais si l'échantillon n'est pas représentatif de la population au Canada.

Mélanie : Alors la prochaine question concerne l'utilisation de l'expression minorités visibles. Bon, on l'entend souvent dans un contexte gouvernemental. C'est d'usages répandu, mais pourquoi est-ce qu'on utilise ces termes-là?

Pauline Tuitoek : Oui, ça c'est une très bonne question euh cette terminologie minorités visible en fait ça fait partie de la Loi d'enquête en matière d'emploi. Donc c'est vraiment dans la Loi, mais je suis d'accord que présentement il y a beaucoup de questions. Et pourquoi pour essayer de comprendre la raison pour laquelle on utilise cette terminologie. Il y a beaucoup de propositions pour remplacer cette terminologie. Mais au Canada, présentement, on n'a pas eu un consensus en terme de : Est-ce que on va laisser à côté la terminologie minorités visible? Ce que je sais présentement c'est que le Conseil du Trésor, même avec Statistique Canada sont en train de discuter pour voir quelle terminologie on devrait utiliser étant donné notre environnement présentement.

Mélanie : Quels sont les renseignements qui ont été recueillis en lien avec l'ethnicité des Canadiens lors du recensement de 2021?

Jeff Latimer : La première chose qu'il faut noter, c'est que le recensement vise tous les ménages du Canada, mais que nous posons uniquement les questions relatives à la race et à l'ethnicité à un ménage sur quatre. Nous le faisons afin de pouvoir fournir des estimations exactes de la diversité au sein de la population. Nous demandons aux personnes d'indiquer avec quelles races et ethnicités elles s'identifient, à quel groupe elles estiment appartenir et nous leur proposons une série de dix catégories. Nous n'utilisons pas nécessairement le terme « race », car, pour beaucoup de gens, il s'agit d'un concept social; nous demandons donc aux personnes de choisir le terme qui, selon elles, les décrit le mieux. Nous posons également d'autres questions au-delà des simples groupes de population pour explorer l'ethnicité comme le lieu de naissance, le statut d'immigration et plusieurs autres variables. Nous pouvons combiner les réponses afin de brosser un meilleur portrait du pays dans son ensemble. Si on y réfléchit bien, disposer de ces données sur la race et l'ethnicité dans le cadre du recensement est vraiment essentiel. Nous voulons que nos institutions, les politiques et les programmes reflètent la population ou en soient le miroir. Sans comprendre la composition ou la diversité de la population, il serait vraiment difficile d'étudier ces enjeux.

Mélanie : Pourquoi est-il important d'avoir des données de grande qualité dans le contexte afin de s'assurer d'éviter les dangers de biais statistiques?

Jeff Latimer : C'est une excellente question. Je pense en effet que c'est parce qu'il y a beaucoup de données. Comme vous le savez, leurs données et toutes les données ne sont pas créées égales. Je pense qu'il est essentiel de comprendre les différentes expériences et les situations distinctes de toute la population canadienne et de toutes les personnes au Canada. Quand on y pense, le racisme est un concept très difficile à mesurer, mais nous pouvons mesurer les expériences et les situations. Laissez-moi vous donner un exemple. Je vais choisir quelque chose de relativement simple. Si nous souhaitons examiner les personnes surqualifiées au Canada; c'est une idée très simple. En général, si une personne possède un grade universitaire, mais occupe un emploi ne nécessitant que des études secondaires, nous considérons qu'elle est surqualifiée. Lorsque nous observons cette variable, nous remarquons qu'environ 14 % de la population canadienne serait considérée comme étant surqualifiée. Lorsque nous explorons le sujet plus en détail et commençons à désagréger ces statistiques, par exemple, au sujet des immigrants au Canada; ce chiffre passe de 14 % à 22 %. Si nous examinons de plus près la catégorie des immigrants et les immigrants racisés, ce chiffre passe à 26 %; on peut alors commencer à voir la situation. Il peut donc exister un enjeu de racisme systémique et les données deviennent vraiment essentielles pour pouvoir répondre à cette question. Vous pourriez même aller plus loin parmi les immigrants racisés et explorer l'une des dix catégories de la population et constater que 69 % des immigrants philippins au Canada sont surqualifiés. En revanche, si ces données ne sont pas fiables et ne sont pas bien construites en étant dépourvues de biais, ces chiffres ne seront alors pas significatifs; il est donc vraiment important que les données recueillies reflètent les situations et les expériences de l'ensemble de la population canadienne.

Mélanie : Et notre collègue Filsan maintenant.

Filsan Hujaleh : Je pense que… vous savez deux choses très importantes dont vous entendrez souvent parler sont: la responsabilisation et la transparence. Parce que dans plusieurs cas d'expériences de racisme systémique. C'est quelque chose de très secret, n'est-ce pas? C'est caché, ce n'est pas quelque chose qu'on voit. Il est intégré dans les institutions, et je pense donc que les données rendent le racisme systémique visible.

Il y a beaucoup de ces choses qui sont cachées, ou de ces comportements, ces attitudes, systèmes, procédures qui nuisent aux différents groupes racialisés et rendent le racisme systémique transparent, n'est-ce pas? Ça fait en sorte que ça fournit beaucoup d'éléments de recherche qui existent sur le racisme systémique.

Et évidemment il est tout simplement très compliqué d'étudier l'identité dans le contexte du racisme systémique. C'est quelque chose de très complexe et, par conséquent, vous avez beaucoup de données qui existent. Et quelles statistiques officielles, ou quelles statistiques peuvent vous montrer la prévalence d'un problème? Il y a davantage de données qui sont recueillies et les lacunes en matière de données sont comblées. Par conséquent, ce que vous avez en fait, c'est une responsabilisation, non?

Une fois que vous avez la preuve dans les données… les gens peuvent les utiliser et ils le font. Vous devez faire quelque chose à ce sujet. Les gens peuvent dire, vous savez, voici des données qui prouvent que cela existe, ou il y a des preuves que le racisme systémique existe, sa prévalence, et par conséquent, nous voulons que quelque chose se passe, ou que le gouvernement agisse, ou qu'une politique soit mise en œuvre. Donc, je pense que ce sont deux attributs à y associer. Ça aide un peu plus les choses, non? Oui, donc la responsabilisation et la transparence.

Mélanie : Et puis à l'avenir, qu'est-ce que nous pourrions faire pour dresser un portrait encore plus nuancé de la diversité au Canada?

Filsan Hujaleh : Je pense que ce que nous commençons à comprendre, c'est qu'il est très important d'avoir divers groupes de personnes qui travaillent dans le domaine des données. Nous voulons explorer le type de questions et les différents points de vue. Cela dépend vraiment de la présence d'un groupe diversifié de personnes autour de la table qui font la recherche, la collecte de données et le processus de détermination du contenu.

Il s'agit de postes décisionnels qui permettent de proposer des points de vue différents et de combler les lacunes en matière de données. C'est donc très important de simplement aborder la question comme si c'était une façon de faire. Je pense que c'est reconnu comme un moyen de combler un manque de données pour avoir une main-d'œuvre diversifiée.

À partir de là, c'est vraiment subjectif, et nous devons nous rendre compte qu'il s'agit d'une façon de tenir compte des préjugés de chacun, de reconnaître qu'il y a un élément subjectif dans la recherche, la collecte de données, etc. Parce que nous sommes tous façonnés par nos expériences. Notre éducation, etc. Par conséquent, si vous avez un groupe diversifié de personnes autour de la table, vous ferez certainement, cet effort. L'effort de combler différentes lacunes dans les données parce que vos perspectives sont différentes et je pense que c'est une chose qui est de plus en plus reconnue.

Jeff Latimer : Lorsque nous parlons de race, j'aime à penser qu'il s'agit d'un concept social. À cet égard, disposons-nous des concepts sociaux pertinents? Sommes-nous certains que nos variables ou nos questions sont fiables et adaptées pour fournir des renseignements substitut sur la race? Elles peuvent ne pas l'être. Nous ne demandons pas aux gens de fournir leur ADN ou leur identité biologique. Nous leur demandons d'indiquer la façon dont ils se définissent au sein de la société et peut-être que ces définitions doivent changer au fil du temps et c'est ce que nous faisons à StatCan. Nous disposons de dix groupes pour l'instant qui, pensons-nous, couvrent généralement la société, mais nous devons toujours les réviser régulièrement. Nous étudions toujours nos normes ou normes de données, afin de veiller à ce qu'elles reflètent la société dans son ensemble. Nous les mettons donc à jour et prenons le temps de le faire en communiquant avec la population canadienne. Nous organisons un grand nombre d'activités de mobilisation et de consultations pour savoir si ces catégories vous représentent réellement. Nous mettons les questions à l'essai. En cas de changements, nous devons suivre un processus très précis, mais l'aspect important ici est que nous voulons nous assurer de représenter constamment la société et c'est pour cela que c'est essentiel.

Mélanie : Si on veut en apprendre davantage qu'est-ce que nos auditeurs pourraient consulter?

Pauline Tuitoek : On pourrait toujours consulter notre site web, le site web de statistique Canada.

Ah, il y a beaucoup de ressources, il y a beaucoup d'informations, mais on a aussi un portail spécifique pour le travaux dont on fait mon équipe et moi dans le centre de statistiques sur le genre de la diversité et l'inclusion.

Mélanie : Vous étiez à l'écoute d'Hé-Coutez bien! Merci à nos invités : Sarah, Filsan, Jeff et Pauline ainsi qu'à toute l'équipe. Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone appelée Eh Sayers. Vous avez aimé cet épisode? Évaluez-nous et faites-nous part de vos commentaires. On se retrouve lors d'un prochain épisode. À bientôt!

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