Hé-coutez bien! Épisode 2 - Au bord de l'effondrement : les répercussions de la COVID-19 sur les familles canadiennes

Date de diffusion : le 7 décembre 2021

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Hé-coutez bien balados

De maintes façons, la pandémie menace le bien-être mental et physique des enfants, des parents et des enseignants partout au pays. Pour aider à mettre fin à la pandémie et à revenir à la normale, les décideurs ont dû faire des choix difficiles, comme fermer des écoles. Avec notre invitée, la docteure Hilary Myron, pédiatre à l'hôpital Montfort, nous discutons des effets potentiels à court et à long terme de la fermeture des écoles sur les enfants et leurs parents.

Animatrice

Alexandra Bassa

Invitée

Dre Hilary Myron, pédiatre

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 2 - Au bord de l'effondrement : les répercussions de la COVID-19 sur les familles canadiennes - Transcript

Témoignage - Marie-Pierre Annik : Je m'appelle Marie-Pierre et j'enseigne en maternelle-jardin. Un des aspects difficiles cette année était l'incertitude à savoir si on allait être en personne ou en ligne d'une semaine à l'autre. En maternelle-jardin, nous avons une approche basée sur l'apprentissage par le jeu, par la manipulation. En virtuel, ce mode d'apprentissage devient quasi-impossible car nous ne sommes pas près de nos élèves pour les accompagner dans leur jeu. Ça fait maintenant 2 ans que nous sommes mi-présentiel, mi-virtuel et certains enfants ont fait tout leur apprentissage préscolaire dans ce mode donc, ils n'ont pas eu la chance de développer les habiletés sociales nécessaires pour leur parcours scolaire.

Ce qui m'inquiète, c'est que certains élèves qui étaient forts en classe semblent avoir régressé en ligne, soit par manque d'attention ou à cause qu'ils ne font pas de travail à la maison. Je crains que ceci va directement affecter tous les élèves l'an prochain et que les enseignants auront beaucoup de rattrapage à faire.

Témoignage - Manon Harvey, professeure en maternelle : Bonjour, je m'appelle Manon Harvey. J'enseigne dans la province du Manitoba. J'enseigne au niveau de la prématernelle. Nous avons 16 élèves toute la journée, 5 jours/semaine. Ce que j'ai trouvé était le plus gros défi cette année, est que la division scolaire nous a demandé d'enseigner à l'extérieur pour le mois de septembre et octobre à temps plein. À ce moment-là on a dû se trouver nous-même des façons de procéder. Nous avons pu acheter des tentes pour au moins avoir un abri au-dessus de nous. Nous avons dû un peu apprendre sur le tas comment adapter nos pédagogies tout en restant à l'extérieur et en pouvant permettre aux enfants d'apprendre le français ainsi que la sociabilité et le partage et tout ça, à travers le jeu.

Générique : Vous êtes à l'écoute de Hé-coutez bien!, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Alexandra.

Alexandra Bassa : En mars 2020 les choses ont changé pour le monde entier et la vie est devenue beaucoup plus compliquée. Fini les sorties en groupes, on travaille à distance lorsque c'est possible, les masques ont pris leur place dans notre quotidien et au fur et à mesure on a fini par s'habituer à ces restrictions. Mais pour les enfants d'âge scolaire, les perturbations causées par la pandémie ont été particulièrement importantes.

Quand on est enfant nos préoccupations sont simples. Aller à l'école, apprendre à lire et à écrire et surtout se faire des amis et s'amuser, sans soucis. Mais avec la pandémie les meilleurs moments de l'école ont été un peu différents. Pour certains, l'école s'est déroulée partiellement ou entièrement à distance, en ligne devant un écran. Même lorsque l'école était possible en personne, la situation n'était pas idéale. Fini les récréations passées à s'amuser en groupe, il faut plutôt penser à la distanciation physique en salle de classe, et porter des masques toute la journée. Mettez-vous à la place d'un enfant pour un moment. Les choses changent du jour au lendemain et les adultes autour de vous n'ont pas toujours toutes les réponses en ce qui concerne combien de temps les restrictions seront en place. Pour un enfant, ça peut sembler interminable.

C'est ce dont nous parlerons aujourd'hui. Comment la pandémie a-t-elle particulièrement affecté les enfants. Quelles ont été les répercussions immédiates et quelles seront les répercussions à long termes?

Vous allez entendre plusieurs voix aujourd'hui. Vous avez déjà entendu des témoignages anonymes au début de l'épisode et vous en entendrez d'autres, donnés par des éducateurs et des mentors qui ont été témoins de ces répercussions. J'aimerais d'abord vous présenter la Dre Hilary Myron, pédiatre à l'Hôpital Montfort, et CHEO, qui a nous a fait part de ce qu'elle a pu observer au cours de ses entretiens avec ses jeunes patients.

Alexandra Bassa : À quoi ressemble la profession de médecin en temps de pandémie?

Dre Hilary Myron (Médecin en pédiatrie, Hôpital Montfort, CHEO, Faculté de médecine Université d'Ottawa) : Ce temps de pandémie, c'est un temps intense. Je vois mes collègues qui sont épuisés dans les soins intensifs, mais pour moi, comme pédiatre, comme médecin pour les enfants, j'ai les mêmes problèmes, les mêmes questions qui viennent à mon bureau, mais elles sont amplifiées. Il y a plus de demandes en soins de santé mentale, mais moins de ressources qui sont disponibles pour les enfants qui ne sont pas au centre de la pandémie.

Pour moi, un autre élément qui est différent, c'est que je suis dans un temps de distanciation physique de mes patients. Dans la pédiatrie, nos patients ne sont pas toujours capables d'expliquer leur état physique en mots. Alors, je me fie sur mes interactions en personne avec les enfants, de les examiner, de jouer avec, d'agir avec eux dans une façon plus physique. Alors le médecin, avec les enfants ne s'adapte pas si bien aux distanciations. Finalement, en pédiatrie, il y a beaucoup d'incertitudes, de comment ça va affecter mes patients. On manque d'expérience dans les soins médicaux pour le COVID, et ça c'est vrai pour tous les médecins dans cette pandémie. Mais de plus que ça, on manque les évidences pour comment la distanciation sociale, les changements, l'éducation, la vie quotidienne va affecter le développement d'un enfant dans toute durée de sa vie.

Alexandra Bassa : On sait maintenant que les enfants ne font pas partie d'un groupe d'âge qui est particulièrement à risque pour le virus, donc la plus grande menace pour les enfants n'est pas nécessairement le virus, mais plutôt les mesures que nous avons dû prendre pour arrêter la propagation du virus. Donc, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ça?

Dre Hilary Myron : C'est certain qu'au début on ne savait pas comment les enfants seront affectés et que les infections respiratoires chez les enfants sont d'habitude communs, sévères, alors c'était approprié de penser que les enfants seront très affectés aussi, mais avec le temps, avec les données, on est beaucoup plus confiants que les enfants ont été relativement épargnés des effets directs de l'infection qui est fait par le virus du COVID-19.

Alors, j'ai cherché des données sur ça, selon la Société canadienne de pédiatrie, dans un document qu'ils ont publié en mai 2021. Ils ont publié les données que les enfants âgés de zéro à dix-neuf ans représentaient 19 % des cas au Canada du virus, mais la proportion d'hospitalisation était beaucoup plus basse pour les enfants, 1,8 %, et que les admissions aux soins intensifs, celui qui nous a fait peur de déborder nos institutions médicales, nos hôpitaux, étaient beaucoup plus bas, 1,3 %. Et que les décès étaient très, très rares chez les enfants, 0,04 %. Alors, ça, c'est très rassurant pour les enfants, pour les parents que les effets médicaux sont moins sévères chez les enfants. Lorsqu'on sait que les enfants vivent moins les effets physiques de COVID comme tels, mais que leurs vies sont beaucoup plus perturbées même, je te dirais que les adultes. Leur travail de chaque jour c'est d'aller à l'école, de grandir, et tout ça a été perturbé dans une façon très significative. Leurs activités de loisir, les connexions avec les réseaux de soutien sont absolument différents durant les derniers 18 mois.

Alors, je vais dire que le manque ou le changement dans leurs activités quotidiennes ont certainement des effets sur leur développement intellectuel, émotionnel et on ne sait pas s'ils sont des effets réversibles ou non. On sait qu'il y a des effets physiques aussi à cause de cette isolation, cette distanciation sociale, et on a vu que les changements, comme les pertes de poids ou les gains de poids ou les changements de comment les enfants mangent ou jouent sont cumulatifs.

Témoignage - Zoe : Bonjour je m'appelle Zoe, j'enseigne dans une classe de maternelle en Ontario, Canada. J'étais vraiment chanceuse d'enseigner pendant une pandémie. On avait plusieurs défis cette année dans la classe et dans une classe virtuelle. Un des plus grands, c'était la distanciation physique dans une classe de maternelle. Ce n'était pas toujours possible lorsque les enfants sont 4 et 5 ans. Il ne sait pas comment garder la distance entre eux. On était capable de créer des groupes. Ils jouaient avec leur groupe dans la classe dans une section juste pour eux, puis quand on était dehors, ils avaient plus de chances, d'opportunités de jouer avec leurs autres amis dehors.

Narration : Les résultats de la nouvelle Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes indiquent que 4 % des enfants et des jeunes, âgés de 1 à 17 ans avaient une santé mentale passable ou mauvaise en 2019, un an avant la pandémie, comme cela a été déclaré par leurs parents. Les résultats de l'enquête ont également permis de voir qu'une mauvaise santé mentale chez les enfants et les jeunes était liée à des résultats sociaux et à des résultats en matière de santé défavorables, y compris des résultats scolaires plus faibles et de la difficulté à se faire des amis.

Les résultats d'une analyse fondée sur des données obtenues par approche participative indiquent que la santé mentale perçue des jeunes canadiens s'est détériorée pendant la pandémie; plus de la moitié des participants âgés de 15 à 17 ans ont déclaré que leur santé mentale était un peu moins bonne ou bien moins bonne qu'avant la mise en œuvre des mesures de distanciation physique.

Comment trouver l'équilibre entre les besoins contradictoires de la pandémie? D'une part, vous devez freiner la propagation du virus et d'une autre, vous devez tenir compte du bien-être des enfants, dont le développement et l'éducation sont beaucoup plus affectés par cette nouvelle réalité que représente l'apprentissage à distance. J'ai demandé au docteur Myron si elle trouvait difficile de devoir jongler ces réalités?

Dre Hilary Myron : Certainement. Où d'une part, c'est certain que le Canada et tout le monde entier on a dû freiner la propagation du virus, mais ça fait des changements fondamentaux dans notre société et se tourner vers un apprentissage virtuel n'est pas une façon prouvée chez les enfants d'avoir une éducation. Alors on doit s'attendre, avec tous les changements en société, entiers, qu'on va avoir des conséquences imprévues, et de mon côté, je suis intéressée au sujet des conséquences imprévues chez les enfants. On ne sait pas comment les enfants des âges différentes sont capables d'apprendre en virtuel, on n'a pas encore développé des pratiques meilleures au sujet de ça. Et je me demande au sujet des enfants avec des besoins spéciaux, il y a certains qui ont eu des bénéfices avec les changements, mais il y a aussi beaucoup plus qui ont des difficultés plus aigües. C'est une contradiction un peu difficile que les enfants vivent les conséquences plus aigües pour protéger la société en entier.

Alexandra Bassa : Et quelles sont les différences marquantes que vous avez remarquées dans l'état de vos patients avant la pandémie et maintenant?

Dre Hilary Myron : Il y a plusieurs aspects de cette réponse et ma perspective est basée dans la sorte de pratique médicale que je fais, mais quelques thèmes que je vois.

Chez les familles avec les enfants avec des besoins médicaux complexes, qui font aussi une grande partie de ma pratique, comme par exemple, la paralysie cérébrale, ces familles-là ont moins d'accès aux thérapies en personne et il y a des essais de remplir ces lacunes avec des thérapies virtuelles, mais avec des impacts ou bénéfices incertains encore. Chez les enfants de l'âge scolaire, je vois ceux avec l'anxiété, les troubles comportementaux à l'école, avant la pandémie, qui se présentent peut-être avec une amélioration des symptômes. Alors, dans certains cas, j'ai vu une diminution des difficultés, mais j'ai aussi vu avec mes enfants d'âge scolaire que les enfants qui ont besoin de structures que les familles ne peuvent pas donner, qu'ils ont des difficultés plus aigües. Ils manquent leurs amis, tous les enfants, ils manquent leurs amis, les sports, les choses qui font rouler la journée.

Alexandra Bassa : Les enfants qui signalaient déjà des défis en matière de santé mentale avant la pandémie peuvent être particulièrement vulnérables. En 2019, 17 % des enfants et des jeunes âgés de 5 à 17 ans ont déclaré une santé mentale passable ou mauvaise et 5 % des enfants et jeunes âgés de 5 à 17 ans déclaraient avoir reçu un diagnostic de troubles anxieux.

Selon les résultats du questionnaire « Répercussions de la COVID-19 sur les Canadiens - votre santé mentale ». Les jeunes étaient les plus susceptibles de déclarer que leur santé mentale est moins bonne depuis l'instauration des mesures d'éloignement physique. Près des deux tiers des participants de 15 à 24 ans ont déclaré que la situation avait une incidence négative sur leur santé mentale. Les personnes faisant partie de ce groupe d'âge étaient également les plus susceptibles de déclarer des symptômes correspondant à une anxiété modérée ou sévère.

Dre Hilary Myron : Et spécifiquement chez les adolescents, on voit définitivement plus d'anxiété qui était quelque chose qu'on voyait avant la pandémie, mais qui est plus aiguë maintenant.

Alors, dans ma pratique, j'ai commencé à demander à mes familles c'est quand la dernière fois que tu es allé dehors? Et des fois la réponse, soit des jours ou même une semaine. Ceci est clairement un risque à la santé, la santé émotionnelle, physique, et pour toutes les raisons que j'ai déjà décrites, ça va empirer l'état physique et émotionnel de l'enfant. Leurs jours sont très dépendants sur leur routine : le sommeil, l'alimentation, le bien être de santé mentale et développement ne peut pas procéder dans une façon normale si on n'a pas des activités de base, comme aller dehors.

Alors, ça a l'air simple, mais ça c'est une des interventions que j'ai commencé à faire durant la pandémie, c'est de conseiller mes familles que c'est sécuritaire d'aller dehors et pas juste sécuritaire, c'est nécessaire pour leur santé. Et ça, ce n'était pas quelque chose que je devais conseiller si fréquemment avant cette pandémie

Narration : Avec la fermeture des écoles et l'arrêt de plusieurs activités, les enfants étaient plus ou moins confinés à la maison. Pour les enfants déjà à risque de violence familiale, l'école n'était plus disponible comme espace sécuritaire. En 2019, on a dénombré 69 691 enfants et jeunes (âgés de 17 ans ou moins) ayant été victimes d'affaires de violence déclarées par la police au Canada. Parmi ces victimes, 22 299, avaient été agressés par un membre de leur famille.

Alexandra Bassa : Alors, l'école n'est pas seulement un lieu où les enfants apprennent à lire et à écrire. C'est aussi tout un réseau et un système de soutien composé d'amis, d'enseignants, de mentor et d'autres professionnels et des personnes de confiance en général. Pouvez-vous nous parler de ce que signifie la perte de ce système de soutien pour un enfant ?

Dre Hilary Myron : Tous les enfants ont un droit de vie en sécurité et ça, c'est un… il y a un système de soutien ici au Canada de soutenir les familles qui sont vulnérables, qui ont des défis et sans une communauté pour prendre soin des enfants, on ne peut pas vivre cette réalité. Alors absolument, je suis inquiète quand les enfants n'ont que leur foyer, leur famille à la foyer pour donner du support. Ils ont besoin du soutien hors de juste les parents. Dans toutes les sociétés, le monde entier, il y a des adultes qui font partie des vies des enfants qui ne sont pas leurs parents.

Témoignage - Manon Harvey : Pour certaines familles on a vu aussi une difficulté financière qui pouvait se répercuter au niveau de la qualité ou de la quantité, je devrais dire, des aliments dans leur boîte à dîner.

Alexandra Bassa : Il y a plusieurs enfants qui grandissent dans des conditions difficiles, dans des foyers vulnérables ou encore qui ne se sentent pas toujours en sécurité chez eux. Pour ces enfants, l'école représente bien plus qu'un simple lieu d'apprentissage. Il y a des repas réguliers, une sécurité, des enseignants de confiance et d'autres adultes qui peuvent intervenir dans leur vie de manière positive. Voici ce que Dre Myron avait à dire sur ces enfants.

Dre Hilary Myron : Absolument. Ceux-ci sont les enfants qui me fait ruminer les soirs. Dans ma pratique, il y a une proportion significative de familles qui sont vulnérables et on sait que les enfants vulnérables ont des mesures de santé plus bas que la norme. C'est un risque pour leur santé. Avec les restrictions sur les institutions publiques et ces institutions publiques contribuent à l'égalité à la société, comme les écoles, mais pas juste les écoles, tous les services sociaux, comme les bibliothèques mêmes. Ils sont tous fermés, leurs accès sont limités.

Alors, directement sur le sujet de sécurité chez les enfants, on a déjà des données qui sont très inquiétantes au sujet d'abus. Par exemple, en 2020, l'Agence de santé publique du Canada a publié un rapport qui élabore sur les traumatismes crâniens non accidentels chez les nourrissons. Comme une cause de décès importante, on savait ça toujours, mais depuis le commencement de la pandémie, on suspecte que les taux sont beaucoup plus élevés.

Mon hôpital d'enfant local à Ottawa, CHEO, en concert avec la Société de l'aide d'enfance et Santé publique d'Ottawa, ont sonné une alarme au sujet de ça, une augmentation depuis septembre 2020. Ils ont rapporté un double d'enfants de moins d'un an admis pour cause de maltraitance à l'hôpital et plus spécifiquement en raison de fractures et de traumatismes crâniens. Il y avait même une pédiatre, Dre Michelle Ward, une pédiatre spécialiste en maltraitance d'enfants qui a communiqué ce message au public en disant que dans ses 16 années à CHEO elle n'a jamais vu ces taux-là. Ça me fait très triste. Par le temps qu'on ait une image un peu plus claire de comment les restrictions de la pandémie va avoir, comment ces restrictions vont avoir effet sur les taux d'abus d'enfants, des dommages irréparables seront faits, et ça me fait triste.

Narration (Alexandra Bassa) : Et les bébés dans tout ça? Il y a plusieurs personnes qui ont dû rencontrer les nouveau-nés de leurs amis et les nouveaux membres de leur famille à distance, ou qui n'ont pas encore pu les rencontrer, et c'est très difficile. Les membres de la famille ne peuvent pas venir rencontrer ces nouveau-nés et c'est triste de ne pas avoir pu apprécier ces premiers moments en personne. Mais est-ce qu'il y a un risque de conséquences plus graves au niveau de leur développement?

Dre Hilary Myron : Je reçois des questions fréquentes de mes patients au sujet de ça, l'anxiété sociale, l'anxiété de séparation de ses parents, mais c'est trop tôt de savoir. Je sais que les organismes au Canada desquels j'ai parlé comme, la collaboration avec les enfants d'abord, la Société canadienne de pédiatrie demande des recherches dans exactement ces questions. Mais de mon connaissance, on n'a jamais eu dans notre vie moderne un événement comme tel qui a eu ces effets sur les nourrissons, les jeunes enfants. Chez les nourrissons, il y a plus d'isolation de la famille, plus d'anxiété chez les parents, où chercher les ressources. Même avec quelque chose très concret comme les difficultés d'allaitement qui sont très commun, les parents ont le sens qu'il n'y a pas les ressources pour les aider. Il y a beaucoup de rapports de mes patients que les ressources qui sont là sont plus plein, c'est difficile d'y accéder, les marraines d'allaitement, leurs horaires sont planifiés pour deux semaines en avant. Alors, les interventions de lesquelles elles ont besoin dans une façon immédiates ne sont pas toujours disponibles.

Témoignage - Manon Harvey : Au niveau de mes inquiétudes, un peu...pour les enfants, c'est que vu les circonstances de COVID, nous avons dû tenter de garder les enfants un peu séparés l'un de l'autre, même si nous étions à l'extérieur. Ce qui a pas permis aux enfants d'apprendre à autant partager que nous l'aurions voulu, que nous pouvons gérer à l'intérieur habituellement. Nous avons aussi dû faire attention au contact direct que nous avons avec les enfants. Et sachant que les enfants de cet âge ont besoin de beaucoup beaucoup de réconfort autant émotionnel que physique, puisque c'est généralement la première fois qu'ils vont à l'école ou qu'ils ne sont pas avec leur parents ou à la garderie et qu'ils doivent partager l'attention des adultes. On a dû limiter tout ça et on a vu que ça pouvait créer chez certains enfants une certaine anxiété.

Narration (Alexandra Bassa) : Lorsque j'ai demandé à la Dre Myron quelles étaient les différences dans les préoccupations de ces plus jeunes patients par rapport à celle de ces patients plus âgés, elle a préféré se concentrer sur le point commun qui ressort dans les préoccupations de tous ces patients.

Dre Hilary Myron : J'aimerais souligner que les jeunes patients et les adolescents, ce qui leur manque, c'est la socialisation. Et la socialisation c'est une tâche développementale chez les enfants et les enfants ont vraiment deux choses à faire : grandir et développer. Les détails des tâches changent durant leur vie d'enfant, mais la tâche est encore là. Alors, les préoccupations de mes patients, de jeunes enfants, ils me demandent comment est-ce qu'ils vont développer langage sans voir les lèvres avec tout le monde qui portent des masques. Et malheureusement, je n'ai pas de réponse pour ça.

Témoignage - Manon Harvey : Également, le peu de temps en septembre et octobre que nous étions à l'intérieur, nous devions porter un masque. Et par la suite pendant l'hiver, nous avons dû porter le masque aussi. Ce que nous avons réalisé, c'est que les enfants n'étaient pas capables autant de lire les expressions de notre visage donc ne pouvaient pas toujours savoir les émotions que nous essayons de passer et pour eux c'est quand même une réalité très importante.

Narration (Alexandra Bassa) : Nous avons déjà parlé de l'importance de la socialisation pour le développement des jeunes enfants. Par contre, en ce qui concerne les ados, il y a plusieurs évènements sociaux qui font partie de l'expérience adolescente. Ils ont dû manquer des étapes importantes de leurs vies et des rites de passage comme des graduations de l'école primaire à l'école secondaire, des graduations du secondaire aux études supérieures, des bals de finissants et d'autres événements sociaux. Comment est-ce que la perte de ces activités sociales ou ces activités en général affectent leur développement?

Dre Hilary Myron : On sait chez les adolescents que les rites de passage sont très importants pour leur estime de soi et pour atteindre leur prochain niveau de développement. Alors, c'est une lacune importante. Comment est-ce que ça va les affecter comme adulte? Je ne peux pas te dire, mais c'est certaine que ça a des impacts importants. Tout le monde peut penser à leur vie à l'école secondaire et on les rappelle avec des images, des photographies dans nos têtes et on a des années et des enfants qui vont manquer ça et je suis triste pour eux.

Pour les adolescents, la socialisation, c'est leur but. Ça, c'est qu'est-ce qu'ils doivent faire en adolescence. Et puis c'est gravement limité durant cette pandémie. Alors, chez les adolescents, je me demande si ça change les tendances de comment ils socialisent. Est-ce que ça va avoir des effets à long terme? je ne sais pas.

Témoignage 2 - L'école virtuelle - les effets sur les enfants : L'année scolaire a déjà commencé avec beaucoup d'incertitudes. Pendant l'apprentissage à distance, mes élèves ont eu de la difficulté à participer aux discussions de classe, ce qui n'était jamais un défi en personne. Plusieurs ne mettaient pas leur caméra pendant les leçons, alors c'était très difficile à savoir s'ils complétaient vraiment leurs tâches, ou s'ils jouaient un jeu ou regardaient une vidéo sur YouTube.

Je ne m'attendais surtout pas à un retour à l'apprentissage à distance en mi-avril. Cette-fois ci, mes élèves avaient l'habitude et la connaissance des routines et attentes, étant donné que c'était leur deuxième fois en ligne. Il y avait moins de motivation de la part des élèves, et j'avais plus de conversations avec les parents en ce qui concerne l'achèvement des travaux et la présence aux séances en direct.

Ma plus grosse observation de l'année c'était que les élèves ont besoin de l'apprentissage en personne. Même si certains élèves ont eu une meilleure performance en ligne, et se sont adaptés très bien avec les changements, l'interaction en personne avec leurs enseignants et leurs camarades de classe est essentielle à la santé mentale des élèves.

Témoignage - Zoe : Puis pour la classe virtuelle c'était vraiment difficile lorsque les élèves de 4 et 5 ans, les élèves de maternelle ne devraient pas être en face d'un ordinateur pendant 3 heures par jour. On a dû faire 4 sessions de 45 minutes chaque journée. Après 2 semaines les élèves ne voulaient plus le faire. Ils étaient ennuyés. Ils ne voulaient même pas jouer des jeux ou danser ou prendre une pause. C'était vraiment difficile de voir cela. Ils m'ont toujours demandé: « Madame, quand est-ce qu'on retourne à l'école? Est-ce qu'on va à l'école? Madame, l'école me manque...» pour moi j'ai joué des jeux, on a chanté des chansons, on a écouté des vidéos puis on a même joué à cache-cache sur zoom. Donc ce n'était pas toujours évident, pour le dire simplement.

Narration (Alexandra Bassa) : Pour plusieurs enfants, l'école n'était plus un endroit physique. C'était plutôt quelque chose qui se passait à l'écran. Pour les enfants qui ont commencé l'école durant l'année scolaire 2020-2021, certains l'ont commencé à l'école et l'ont terminé en ligne ou l'inverse, dans tous les cas ils ne savent pas à quoi ressemble une année scolaire normale. Plusieurs élèves étaient désintéressés par l'école à l'écran et décrochaient. Mais, quels pourraient être les effets à long terme de l'enseignement virtuel?

Dre Hilary Myron :

Je suis pas mal certaine que l'éducation virtuelle n'a jamais été jamais été testée sur les populations d'enfants si grandes que celui qui reçoivent les éducations virtuelles actuellement. Et alors, on n'a pas encore développé les meilleures pratiques. Comme parent, comme pédiatre, je me demande qui sont les enfants qui sont mieux adaptés pour cette méthode d'éducation et je me demande si ça c'est celui avec les ressources pour la technologie, une style d'apprentissage qui est adaptable, et ça, ce n'est pas tous les enfants. Je me demande aussi pour les différents âges, comme les enfants pré-alphabétisés, est-ce qu'ils bénéficent de l'école virtuelle de la même façon?

Et finalement, comme on en a déjà discuté, l'école n'est pas juste pour apprendre les habiletés de math, de lecture, certainement ces choses sont très importantes, mais c'est plutôt aussi pour la socialisation. De résoudre les problèmes entre nos pairs, nos collègues, de négocier, de savoir comment gérer nos émotions, de gérer nos frustrations, de gérer les difficultés dans une classe. Ça, c'est une mini société, et ça, c'est clé pour les enfants, d'adapter à une monde de travail pour lequel on les prépare.

Alors, je veux juste aussi rappeler que nos atteintes académiques sont directement reliées à nos capacités de faire des gains d'emplois et je voulais juste rappeler de certains rapports qui sont sortis sur cet thème. Le science table Ontario a écrit un rapport récemment au sujet des fermetures d'école en Ontario en disant que chaque mois manqué à l'école est prévoyé à causer une perte de gain d'emploi dans la vie vers 1 %. Le coût total de ça juste en Ontario pourrait être dans les trillions de dollars. Ces coûts-là ne sont pas distribués dans une façon égale. Celui qui sont déjà plus à risques vont souffrir plus et ça, c'est un thème de cette pandémie. Ça va plus empirer les inégalités dans notre société qui est vraiment une des conséquences les plus aiguës pour moi de cette pandémie. Soit médicale, avec la perte de vie plus significative chez les populations vulnérables, le monde entier, mais aussi les pertes de gains futurs de ces mêmes populations et leurs enfants.

Narration (Alexandra Bassa) : En effet, toutes les familles n'ont pas les mêmes moyens ou les mêmes ressources pour pouvoir s'adapter à l'apprentissage à distance.

J'ai demandé à Dre Myron de nous donner des exemples de comment les groupes vulnérables sont particulièrement affectés par ces mesures d'apprentissage à distance.

Dre Hilary Myron : Je vois que les effets de la situation socio-économique d'un enfant ont un impact sur le bien-être physique et le bien être mental de l'enfant. L'impact académique pour les familles vulnérables, les populations vulnérables, les foyers à faibles ressources sont plus aigu. Un parent qui doit être présent à la maison pour surveiller l'enfant pendant ses cours en ligne et surtout les jeunes enfants qui soient, n'est pas capable d'aller travailler ou va manquer plus de travail. Certains parents n'occupent pas des postes qui leur permettent de faire ça, d'être plus flexibles, de travailler des heures plus flexibles. Certaines enfants n'ont pas l'accès à l'internet ou un ordinateur.

Je pense que, une autre chose à ajouter, c'est que, c'est un effet cumulatif sur les enfants. Ce n'est pas quelque chose qui va… Si ça dure plus longtemps, ça va avoir un effet plus aigu sur les enfants que si c'était quelque chose de bref. Et c'est certain que quand tout a commencé, on a pensé qu'on allait revenir à la vie normale plus vite qu'on a pu faire. Et avec le temps, ces effets sont de plus en plus profonds.

Narration (Alexandra Bassa) : Le nombre d'appareils connectés à Internet, disponibles dans le ménage pourrait également avoir une incidence sur les possibilités d'apprentissage, compte tenu de la demande accrue d'accès à Internet de la part des frères et sœurs et des parents qui peuvent travailler à domicile. Dans l'ensemble, 58 % des ménages qui avaient accès à Internet avaient moins d'un appareil par membre du ménage - ce qui n'est pas assez pour permettre à tous les membres du foyer de travailler ou de faire leurs devoirs, en même temps. Parmi les ménages faisant partie du quartile de revenu le plus bas, 63,0 % des ménages avaient moins d'un appareil pour chaque membre du ménage, comparativement à 56 % des ménages faisant partie du quartile de revenu le plus élevé. Près du quart des ménages du quartile de revenu le plus bas ont déclaré utiliser uniquement des appareils mobiles pour accéder à Internet, soit trois fois plus que la proportion des ménages du quartile de revenu le plus élevé.

Alexandra Bassa : Pouvez-vous donner des conseils aux parents qui doivent faire face aux effets négatifs de l'augmentation du temps d'écran?

Dre Hilary Myron : Ça c'est une question assez difficile parce que les écrans ont un rôle ici qui est important. Je me fie sur les conseils de la société canadienne de pédiatrie pour conseiller les parents au sujet des temps sur les écrans. On sait que les écrans ne sont pas avisés pour les très jeunes enfants. En moins de 2 ans, on les évite le plus possible. On sait que les enfants à l'école ont besoin de leurs écrans. Alors d'après moi, je ne compte pas ce temps devant l'écran comme le temps de loisir. Par contre, si un enfant ne bouge pas, ça, c'est quelque chose qu'on doit corriger. Alors le plus de temps qu'on a devant l'écran, si c'est pour le loisir ou pour l'éducation, je conseille les parents d'aussi prendre en tête les temps d'activité physique. On a besoin d'un équilibre.

Narration (Alexandra Bassa) : L'apprentissage virtuel a exacerbé les inégalités. En 2018, avant la pandémie, environ 60 % des élèves âgés de 15 ans avaient des directeurs d'école jugeant alors que leurs écoles disposaient de ressources suffisantes pour soutenir un enseignement à distance.

Par contre, le degré de préparation entre les écoles et les élèves était inégal dans l'ensemble du pays et des écarts ont été relevés entre les établissements d'enseignement canadiens socio économiquement privilégiés et les établissements défavorisés. Par exemple, environ 88 % des élèves d'écoles défavorisées sur le plan socioéconomique ont déclaré avoir accès à un ordinateur à la maison, par rapport à 98 % des élèves d'écoles socio économiquement privilégiés.

En 2018, bien que seulement 1,2 % des ménages ayant des enfants n'avaient pas accès à Internet à la maison, ce pourcentage est un peu plus élevé pour les ménages dans les 25 % inférieurs de la répartition du revenu (4,2 %) que pour les ménages se situant dans les 25 % supérieurs de la répartition (0.2%).

Alexandra Bassa : Pour les parents dont les enfants n'apprennent pas bien en ligne sur Zoom, et ça doit être le cas pour la plupart des jeunes, est-ce que d'un point de vue, peut-être d'un point de vue plus médical, est-ce qu'il y a un risque pour ces enfants pour qu'ils prennent… qu'ils prennent du retard l'année prochaine?

Dre Hilary Myron : On ne sait pas. Je vais être très clair qu'on ne sait pas si les enfants vont apprendre mieux en ligne ou pire en ligne. Je pense que les données ne sont pas là, en disant que je ne suis pas expert en éducation.

Mais, oui, il y a définitivement celui qui commence à exprimer des inquiétudes au sujet des lacunes qui seront à long terme et on ne sait pas. Alors comme pédiatre dans un bureau qui voit souvent les petits enfants, je me demande si on a des délais, en apprendre l'alphabétisme, l'écriture, est-ce que ça va empirer des retards à la vie longue, ou est-ce qu'on se rattrape? Oui, les enfants ont des cerveaux fantastiques, les enfants s'adaptent bien. Ça, c'est une des qualités des enfants et une des raisons que j'aime aussi être une pédiatre, mais à quel point est-ce qu'on peut les pousser? et à quel point est-ce qu'on est content à expérimenter avec ça ? Ça c'est toute une génération et d'habitude, les changements qu'on fait, on les fait dans une façon petit à petit. Mais ça, c'est un changement très holistique et comme j'ai dit avant, on va avoir des conséquences qu'on ne peut pas prévoir.

Alexandra Bassa : En tenant compte de tout ce que vous observez chez vos patients tous les jours, est-ce que vous diriez que c'est le bien-être mental des enfants ou le bien-être physique qui est le plus préoccupant?

Dre Hilary Myron : C'est absolument les deux, comme ils sont reliés. Je suis bien moins inquiète sur les maladies physiques non diagnostiquées, malgré le fait qu'on a vu un peu ça au commencement de la pandémie avec une hésitation de présenter pour les soins aigus à l'urgence, mais pour la plupart, c'est mieux maintenant. On a vu une petite augmentation des cas de cancer ou de diabète type 1 chez les enfants qui ont présenté un peu plus tard, mais je pense que c'est beaucoup mieux maintenant avec l'éducation.

Et les enfants n'ont pas besoin de surveillance pour les maladies physiques comme les adultes, comme les surveillances pour le cancer du sein ou des intestins chez les adultes, mais comme j'ai dit déjà, les tâches d'enfants sont de grandir et de développer. Alors la surveillance chez les enfants, c'est de surveiller leur développement et leur croissance et on ne sait pas ce qui est normal dans ce contexte d'isolation sociale et s'ils vont rattraper des lacunes et quand.

Alexandra Bassa : Dans un article d'opinion que votre collègue a écrit pour le Ottawa Citizen, on parle de stress toxique. Pourriez-vous nous expliquer ou expliquer aux auditeurs ce que ça veut dire et nous donner des exemples de ces effets sur les enfants?

Dre Hilary Myron : Alors, les exemples du stress toxique, c'est l'exposition des enfants aux choses comme la violence, insécurité de domicile, l'insécurité alimentaire, un manque de routine et certainement les abus. On rappelle que un sur trois adultes peut rappeler de l'abus dans leur passé, et ça c'est un numéro assez étonnant.

Alors le stress toxique es

t l'effet cumulatif de ces défis chez les enfants qui contribuent à comment cet enfant va répondre au stress au futur. Et notre vie est plein de stress. On ne peut jamais protéger de ça. Alors, c'est comment on s'adapte et les enfants qui ont vécu les stress toxiques ont souvent des mal adaptations au stress au futur. Ces stress toxiques sont associés aussi avec moins de stabilité économique et plus de défis médicals au futur.

Alexandra Bassa : Dans nos recherches, nous avons remarqué que plusieurs pédiatres ont mentionné le fait qu'il y avait une tendance à la hausse dans l'apparition des troubles alimentaires chez les enfants, en lien avec la pandémie. C'est assez surprenant comme constat. J'ai demandé à Dre Myron de nous en dire un peu plus sur ça.

Quel est le lien entre la pandémie et les troubles alimentaires?

Dre Hilary Myron : Je ne suis pas expert en trouble alimentaire, mais ce que je sais, c'est que les enfants qui ont une tendance à un trouble alimentaire sont ceux qui ont des tendances plus perfectionnistes. Celui qui sont plus attirés aux routines. Et tout ça est perturbé durant cette pandémie. En plus, ils sont à la maison, sans les influences dans le monde vrai -- tout est sur l'internet et on sait que ça a une influence particulier chez les adolescents, les enfants aussi vers les images du corps non réalistes et non représentatives de la réalité.

Alors en manquant cet contrôle sur leus activités normales -- le manque de sports, des clubs, des autres activités avec la socialisation -- les enfants qui sont déjà vulnérables à ces troubles se présentent plus fréquemment avec ces problèmes. Ça, c'est mon propre théorie de pourquoi on a vu des augmentations dans les taux, mais la question de est-ce qu'on a vu les augmentations des taux des troubles alimentaires, la question est bien répondue. La réponse est oui, on a vu plus d'hospitalisations et derrière chaque hospitalisation, il y a des enfants qui n'ont pas eu besoin d'une hospitalisation, mais qui ont eu besoin de traitements et de support.

De l'autre côté, même s'il n'y a pas un diagnostic d'un trouble alimentaire diagnostiqué, où les enfants ils restrictent ce qu'ils mangent, on voit les changements dramatiques sur les courbes de croissance. Comme les prises de poids qui ne sont pas sains. Je me demande si c'est relié au manque de routine, d'activités physiques et aussi plus de troubles de l'humeur.

Témoignage - Manon Harvey : Et aussi, l'autre grand anxiété que nous avons vue chez les enfants c'est que ils viennent à l'école anxieux...beaucoup plus anxieux que normalement. Nous pensons que c'est probablement parce qu'ils vivent l'anxiété qui est vécue à la maison, de par leurs parents, de par les changements que COVID a donc apporté à chacune des familles.

Narration (Alexandra Bassa) : Nous avons vu que plusieurs de vos collègues de médecine ont des inquiétudes par rapport aux symptômes alarmants qui se présentent chez les jeunes enfants, indiquant une mauvaise santé mentale, comme l'anxiété et la dépression clinique. Pour les parents, quels sont les signes à surveiller?

Dre Hilary Myron : Certainement. C'est de surveiller l'état d'humeur de votre enfant. Est-ce qu'ils ont encore le plaisir à jouer, à manger, les changements dans leur sommeil, les changements dans leur alimentation. Et aussi, chez les enfants, c'est important d'être honnête et transparent avec eux, mais aussi de ne pas trop les exposer aux craintes des adultes.

Narration (Alexandra Bassa) : Une comparaison des réponses des parents avec les réponses des jeunes de 12 à 17 ans révèle que ces derniers n'ont pas souvent la même opinion que leurs parents par rapport à leur santé mentale.

Dans presque la moitié des cas, les parents ont évalué la santé mentale de leurs jeunes de la même manière que ces derniers.

Pour l'autre moitié des cas, la perception des jeunes par rapport à leur santé mentale était différente de celle de leurs parents. Quand cette perception était différente, près de deux tiers des jeunes ont évalué leur santé mentale moins positivement que leurs parents.

Ces résultats laissent entendre que les parents ne sont pas toujours conscients des problèmes de santé mentale de leurs enfants.

Alexandra Bassa : Est-ce que, selon vous, les parents sont-ils toujours conscients de l'état de santé mentale de leur enfant? Est-ce qu'il y a parfois un décalage entre la perception des parents et l'expérience de l'enfant?

Dre Hilary Myron : C'est certain que les parents ne sont pas toujours conscients de l'état de santé mentale de leurs enfants. C'est une famille dynamique, mais c'est important que les parents soient réceptifs aux enfants et à leurs inquiétudes. Les inquiétudes des enfants sont importantes et on doit tenir en tête que les enfants nous observent comme adulte et apprennent de nous, nos réactions. Alors, ils sont très sensibles au fait que nous sommes comme adulte stressés, inquiets, et comme adulte, on a une tendance de vouloir protéger les enfants d'incertitude, mais c'est important d'adresser ça avec les enfants et dire les parents ne savent pas toujours comment on va gérer le prochain défi, mais que nous sommes là pour leur protéger.

Narration (Alexandra Bassa) : Une mauvaise santé mentale peut influer sur un grand nombre de facettes de la vie d'un enfant et avoir des répercussions durables sur son développement, son rendement scolaire et sa capacité à créer des liens sociaux.

En 2019, les enfants et les jeunes ayant une santé mentale passable ou mauvaise avaient des résultats scolaires inférieurs, dans l'ensemble, à ceux des enfants ayant une très bonne ou une excellente santé mentale. Plus précisément, près d'un tiers des enfants et des jeunes de 3 à 17 ans dont la santé mentale était passable ou mauvaise avaient une note moyenne de C ou moins. Par comparaison, 9 % des enfants et des jeunes dont la santé mentale était très bonne ou excellente avaient une note moyenne de C ou moins.

Les enfants et les jeunes dont la santé mentale a été évaluée comme passable ou mauvaise par leurs parents étaient aussi plus susceptibles d'avoir de la difficulté à se faire des amis que ceux ayant une très bonne ou une excellente santé mentale. En 2019, environ le quart des enfants et des jeunes âgés de 5 à 17 ans dont la santé mentale était passable ou mauvaise avait de la difficulté à se faire des amis, par rapport à seulement 1 % des enfants et des jeunes ayant une très bonne ou une excellente santé mentale.

Témoignage - Manon Harvey : Par contre, ce qu'on réalise maintenant à la fin de l'année c'est que, tout c'est plus ou moins replacé, que les enfants sont très résilients et qu'ils ont trouvé une façon de s'adapter à tout ça et d'apprendre quand même. Et nous, on a trouvé des façons originales et créatives de quand même enseigner ce que nous avions à enseigner.

Alexandra Bassa : On entend souvent dire que les enfants vont s'en sortir, ils vont simplement s'adapter et que leur résilience est incomparable. Est-ce une bonne façon de voir les choses? Quelles sont les limites de la résilience des enfants?

Dre Hilary Myron : Je suis d'accord que les enfants vont s'en sortir, ils sont adaptables et ça c'est un élément magnifique des enfants. Ceci dit, on doit être conscient que les demandes qu'on mets sur les enfants et les adolescents sont lourdes et ils répondent à ces demandes pour protéger la société en entier et ont doit donner l'appui pour qu'ils peuvent se rattraper. Il y a une responsabilité chez les adultes de répondre à ces questions importantes que vous avez posées aujourd'hui pour qu'on peut aider les enfants à se rattraper et de devenir mieux après cet changement assez important.

Narration (Alexandra Bassa) : Voici les espoirs de Dre Myron au moment de l'enregistrement, sachant que l'épisode ne sortirait pas avant septembre 2021.

Dre Hilary Myron : Alors, j'ai beaucoup d'espoir que les écoles seront ouvertes et on va reprendre nos activités normales chez les enfants, comme les sports et les autres loisirs. Je dis ça parce que je suis très heureuse de voir les taux de vaccination, même au début de l'été 2021. On fait des progrès énormes et on sait que les vaccinations nous protègent. C'est presque un miracle de science qu'est-ce qu'on a fait et ça nous permettra de reprendre une vie normale pour nos enfants. D'après moi, comme j'ai dit, ils ont beaucoup fait pour nous comme une société et nous avons une responsabilité de reprendre leur vie normale pour qu'ils peuvent développer dans une façon la plus santé et saine possible.

Alexandra Bassa : Et qu'est-ce que vous espérez que nous allons retenir de cette pandémie?

Dre Hilary Myron : Il y a beaucoup d'aspects positifs qu'on devra retenir même dans les horreurs de cette pandémie : être créatifs avec nos réponses, être adaptable quand c'est nécessaire et comment soutenir les autres dans les temps les plus difficiles. Je suis encore positif sur le futur du différente sorte d'éducation pour les enfants, de flexibilité, de mieux choisir les bonnes façons d'éduquer nos enfants avec leurs capacités.

Alexandra Bassa : À la fin de notre entrevue, Dre Myron avait une petite annonce à faire à l'attention des parents de jeunes enfants.

Il y a-t-il un sujet que je n'ai pas abordé dont vous aimeriez discuter?

Dre Hilary Myron : C'était un peu différent, je pense à la natation. Je suis vraiment triste pour les enfants qui n'ont pas pendant deux années n'ont pas eu accès aux leçons de natation. C'est aussi quelque chose qui a un lien au sécurité des enfants. Alors, je voulais juste mettre un petit avertissement sur ça. Je voulais encourager les familles de n'oubliez pas que c'est très important pour les enfants d'apprendre comment nager.

Alexandra Bassa : Vous étiez à l'écoute de Hé-coutez bien! Un merci tout particulier à notre invitée Dre Hilary Myron d'avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions. Merci également à Marie-Pierre, à Manon et à Zoé et à nos participants anonymes d'avoir partagé leurs expériences avec nous.

Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone de notre balado, appelé Eh Sayers. Merci de nous avoir écouté et à la prochaine!

Hé-coutez bien! Épisode 1 - Parlons des obstacles, pas des incapacités : les limitations d'activités et la COVID-19

Date de diffusion : le 25 novembre 2021

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Hé-coutez bien balados

Ce premier épisode du balado Hé-coutez bien! comprend une discussion sincère sur le fait de vivre avec une incapacité dans le contexte de la pandémie de COVID-19. On discute des réalités des personnes ayant une incapacité, de leurs défis et de tous les changements que la pandémie a entraînés dans leur quotidien.

Animatrice

Alexandra Bassa

Invités

  • Tony Labillois, directeur de la Statistique du secteur public et champion des personnes handicapées à Statistique Canada
  • Michelle Maroto, professeure agrégée de sociologie à l'Université de l'Alberta

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 1 - Parlons des obstacles, pas des incapacités : les limitations d'activités et la COVID-19 - Transcript

Témoignage anonyme 1 : Une de mes histoires cest que moi et moi et ma famille avons une van adaptée, pour ma femme et moi, malgré que moi après mon opération jen ai pas autant besoin. Mais un des un des problèmes c'est que, notre van a commencé à...et puis les adaptations ont commencé à ne pas marcher comme elles devraient. Et les dernières restrictions qui ont été imposées, font en sorte que parce que je vis à Gatineau et l'endroit pour faire réparer la van est à Ottawa, mais avec l'impossibilité de voyager entre Gatineau et Ottawa, encore une fois les restrictions, c'est impossible de faire réparer un des gadgets qui permet à la chaise roulante à ma femme de rester barré dans la van adaptée. Et de cette façon-là, on est comme pris à moins voyager ou à sortir un peu moins souvent, malgré qu'on est supposé rester à la maison. Mais, il y a certaines fois des besoins de sortir, comme ma femme a souvent besoin d'aller voir des médecins et avoir des rendez-vous ici et là.

Témoignage anonyme 2 : Une autre histoire de pandémie que j'ai c'est à l'effet que moi, comme étant une personne de petite taille et ayant quand même de l'anxiété sociale assez importante, la pandémie et les instructions de rester à la maison le plus possible font en sorte que quand je suis forcé d'aller à l'extérieur faire des emplettes, magasiner et tout ça, il y a beaucoup moins de monde, il y a beaucoup moins d'achalandage dans les magasins et les endroits où est-ce que je dois achalander, une fois de temps en temps. Et ça, j'ai remarqué ça diminue beaucoup mon anxiété, mon stress dans ma vie personnelle.

Alexandra : Bienvenue au tout premier épisode de Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires quelles révèlent. Je suis votre animatrice Alexandra.

Si vous avez écouté notre mini-épisode qui est sorti le 3 juin 2021, vous pouvez avancer jusquà environ 12 minutes 30 pour écouter les nouveaux extraits de lépisode.

Alexandra : Aujourdhui, nous parlons des incapacités. Selon lEnquête canadienne sur lincapacité de 2017, plus de 6 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré avoir une incapacité. Il sagit denviron 1 Canadien sur 5. Mais, que voulons nous dire par personnes ayant une incapacité.

Tony : Ah, bien, ça peut vouloir dire beaucoup de choses différentes, selon la personne. La personne peut avoir des limitations d'activité ou des conditions qui font que, elle a une incapacité qui est visible à première vue. Par exemple, quelqu'un qui a un problème de mobilité ou un problème sensoriel comme moi, où on voit que mes yeux bougent, mes yeux gigotent la première fois qu'on me rencontre, alors on sait que j'ai probablement quelque chose avec ma vue et puis ça parait, mais il y a beaucoup dautres incapacités, dactivité, de limitation d'activité qui ne sont pas visibles à première vue.

Alexandra : Ça, cest la voix de Tony Labillois.

Tony : Bonjour, je m'appelle Tony Labillois, je suis le directeur de la division de la statistique du secteur public à Statistique Canada et je suis aussi le Champion pour les personnes handicapées et pour laccessibilité depuis 2002, et je suis né avec une basse vision, ce qui fait que pour moi, c'est une vision normale, mais qui est beaucoup plus faible que pour les autres personnes.

Alexandra : Comme Tony, 1,5 million de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont une incapacité visuelle. Que voulez-vous dire par incapacité invisible.

Tony : Pensez aux troubles d'apprentissage, ou à, pensez à quelqu'un qui est autiste ou à quelqu'un qui a une hypersensibilité à l'environnement ou quelqu'un qui a un enjeu de santé mentale. Ces choses-là ne sont pas visibles à première vue, et ça ne veut pas dire que, que la personne se considère handicapée pour autant, mais souvent ces choses-là occasionnent une limitation d'activité.

Alexandra : Pourriez-vous en parler un peu plus? Pourquoi une personne pourrait-elle ne pas se considérer comme une personne ayant une incapacité.

Tony : Les limitations d'activité, selon comment on va se percevoir comme individu, on peut décider de les accepter ou non. Et puis quand ça vient graduellement, cest, cest quelque chose qui évolue, mais même quand ça vient à la base comme moi, quand j'étais jeune, on ne peut pas dire que javais le même niveau d'acceptation que maintenant, ni le même niveau de confort pour en parler que maintenant. Puis, quelque part, c'est quelque chose qui évolue dans la vie. Lincapacité malheureusement peut être acquise, ou la limitation d'activité. Et puis c'est une question d'acceptation de soi, mais aussi de confiance, de comment les autres vont nous accepter avec notre façon différente de faire les choses, ou notre accommodement ou notre propre perception de nous-même. Prenez un exemple simple qui arrive dans la vie de beaucoup de gens dans la quarantaine. Où, par exemple, les gens se retrouvent à avoir des difficultés à lire quelque chose. Ils vont essayer de prendre la feuille et puis de la repousser un peu plus loin ou de la rapprocher jusquà temps quils aient le bon euh, la bonne distance pour lire ce qu'ils ont à lire. Ça prend combien de temps avant que quelqu'un va décider par lui-même, ou que les autres vont lui dire d'aller chez l'optométriste pour avoir besoin de lunettes. Quelque part, les lunettes sont un accommodement. Puis, avant que laccommodement soit accepté, pourtant, il est généralement accepté dans la société, avant que la personne laccepte, Il faut qu'elle accepte le fait qu'elle est en train d'avoir une vision qui baisse et puis une limitation dans ses activités quotidiennes ou au travail. Et puis c'est un cas où ça part de l'acceptation de soi. Puis dans la société, on ne fait pas de cas dun accommodement aussi fréquent. Je ne pense pas que personne vous dirait qu'il va être discriminé dans l'obtention d'un poste ou dans lobtention d'une occasion de quoi que ce soit dautre parce quil a des lunettes. C'est relativement bien accepté. Il faut en venir à un niveau d'acceptation des accommodements ou des façons de faire différentes des gens qui ont des limitations d'activité. Aussi, il faut que ça devienne aussi normal que pour des lunettes et puis aller chercher justement les forces de chacun, puis l'inclusion de tout le monde. Et puis, c'est quelque chose quil ne faut pas perdre de vue, justement. Sans faire de jeu de mots.

Alexandra : Les incapacités invisibles sont beaucoup plus courantes que vous pourriez le penser. Par exemple, en 2017, un peu plus de 4 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus avaient une incapacité liée à la douleur et plus de 2 millions de Canadiens avaient une incapacité liée à la santé mentale. Tony nous a parlé un peu plus de ce que cest que de vivre avec une incapacité invisible.

Tony : Ça signifie que la personne a le choix, elle a le choix de divulguer ou non cette incapacité invisible. Elle a le choix de vivre avec les conséquences de ne pas divulguer cette situation ou avec les conséquences perçues de divulguer cette situation. Par exemple, si vous prenez quelqu'un avec un trouble danxiété généralisée, quelquun qui a un diagnostic formel comme ça, il peut ou elle peut choisir de ne rien dire au travail, mais avec le risque que pendant une période de pression puis de beaucoup de livrables à donner, ça va devenir insupportable pour elle et peut-être pour les collègues aussi que ça va devenir difficile. Mais personne ne saura, et personne naccommodera la personne pour cette situation. Par contre si la personne fait le choix de divulguer, cest parce quelle accepte et parce quelle a confiance en les autres. Elle accepte sa condition, elle a confiance aussi que les autres vont accepter sa condition et vont laccommoder. Laccommodement peut être de plusieurs natures, peut être par exemple davoir du coaching, pour aider la personne dans son travail avec son anxiété, peut être de laide ponctuelle dans des moments stressants ou des moments plus intenses ou de de travailler sur autre chose que des choses intenses. Mais ça peut être juste de savoir quelle peut exprimer son anxiété et elle peut dire quelle est stressée, ou quelle peut demander à son patron si tout va bien plutôt que de ruminer des choses pendant la journée ou dans ses moments de vie personnelle. Ça dépend vraiment de ce que la personne peut faire, et puis ça cest pas la même chose pour quelquun qui a un handicap visible où là, tout dun coup, cest peut-être tous les autres qui vont poser des questions à la personne si la personne prétend que ça nexiste pas ou fait semblant de ne pas vouloir en parler.

Alexandra : Donc, cest beaucoup plus compliqué quune simple question à laquelle on peut répondre par oui ou par non. «  Êtes-vous une personne ayant une incapacité, oui ou non? » Ce nest pas toujours aussi simple, nest-ce pas? Alors, comment est-ce que Statistique Canada sy prend pour mesurer lincapacité.

Tony : Statistique Canada mesure lincapacité avec un modèle social. En fait, on ne regarde pas beaucoup la condition de la personne, on regarde l'interaction de la personne avec son environnement professionnel ou personnel, puis on regarde les barrières auxquelles elle peut faire face. On voit que, par exemple, on peut avoir une douleur modérée ou légère ou très incommodante. Alors on va prendre une question comme ça, on va demander à la personne jusquà quel point la douleur, l'affecte dans ses activités. On va faire ça pour la vision ou pour d'autres aspects fonctionnels de notre interaction avec le reste du monde. On a fait ça dans lenquête de 2017, puis on va faire ça dans lenquête sur les personnes handicapées de 2022 aussi, après le prochain recensement. Et puis ça nous apporte une façon de mieux comprendre, puis ensuite on peut classer avec les réponses des personnes un peu mieux les statistiques ou faire les statistiques qu'on a à faire. Ça va nous permettre d'identifier les gens qui probablement cocheraient pas « oui » nécessairement, tout le monde ne cocherait pas oui à la question, « êtes-vous une personne handicapée?

Alexandra : Et, pourquoi est-ce que cest particulièrement important de reconnaître lexistence des incapacités invisibles pendant la pandémie, non seulement chez les autres mais même en soi.

Tony : La pandémie a amené toutes sortes défis, puis en même temps toutes sortes dopportunités. La pandémie a aussi amené des limitations dactivités invisibles auxquelles on ne pense pas nécessairement à prime abord, pour des personnes qui ne se considèrent pas et qui ne se considèreront probablement jamais comme des personnes qui cocheraient la boîte « Oui » à une question « Êtes-vous une personne handicapée? ». Pensez par exemple à des gens qui ont une incapacité, comme un système immunitaire faible ou une maladie pulmonaire chronique ou qui ont tout dun coup malheureusement développé une phobie de lespace public, au moins peut-être épisodique, ou on espère pas permanente, mais ces gens-là ont besoin de certains accommodements, ont besoin de certaines formes daides pour poursuivre leur vie, puis leur travail.

J'ajouterai que ça peut être n'importe qui d'entre nous qui soudainement fait à des défis. La pandémie, nous a appris ça pour certaines personnes qui tout dun coup, avaient des conditions qui ne les dérangeait pas trop, que ce soit des conditions de système immunitaire faible ou des conditions pulmonaires ou même des conditions autres, qui tout d'un coup sont devenus des éléments prépondérants dans leur vie. Et puis, demain matin, notre situation peut avoir évolué, on peut malheureusement acquérir une limitation à cause du contexte ou à cause de notre santé qui se détériore et puis il faut sassurer qu'on bâtit un monde qui ne nous empêchera pas de contribuer ou de participer, même si notre situation personnelle change.

Michelle Maroto : Donc des mesures comme laccessibilité, la flexibilité et les mesures dadaptation sont très importantes. Elles permettent aux personnes ayant des incapacités de travailler, davoir un emploi. Et cest parce que de telles mesures se concentrent sur comment surmonter les obstacles environnementaux et non sur comment lincapacité limite les activités et les possibilités.

Alexandra : Ça, cest la voix de Michelle Marot.

Michelle : Je mappelle Michelle Maroto, et je suis professeure agrée de sociologie à lUniversité de lAlberta. Habituellement, je mintéresse surtout à des enjeux liés à linégalité, ou encore à la stratification, qui est une dimension plus structurelle de linégalité. Et puis parfois, il arrive des choses dans la vie, comme la COVID 19. Il y a beaucoup de choses à étudier dans ce que nous voyons aux nouvelles, et je veux continuer à en apprendre un peu plus sur le sujet.

Alexandra : Michelle et son équipe ont utilisé des données provenant de lEnquête sur la sécurité financière de Statistique Canada pour comparer les actifs non immobiliers, cest à dire les actifs qui ne sont pas liés à un logement, entre les ménages comprenant une personne ayant une incapacité et ceux qui nen ont pas.

Michelle : Dans le cadre de ce projet mené récemment, nous nous sommes concentrés sur les actifs non résidentiels, cest-à-dire les actifs que les gens possèdent qui ne sont pas rattachés à leur logement, comme leurs comptes dépargne et leurs pensions ; ces actifs peuvent être très importants pour assurer la sécurité financière, parce quil est plus facile dy recourir quand ça va mal ; en dautres termes, quand des difficultés financières surviennent, il est plus facile de retirer de largent de son compte dépargne que de réhypothéquer sa maison. Pour cette raison, nous avons utilisé les données provenant de trois vagues de lEnquête sur la sécurité financière. Nous avons constaté que, de 1999 à 2012, les ménages comptant une personne handicapée avaient tendance à posséder beaucoup moins dactifs non résidentiels. Plus précisément, les actifs de ces ménages étaient denviron 25  % moindres que ceux des autres ménages; on a aussi examiné comment cette situation pouvait être reliée à lemploi. Nous savons que le revenu est lun des moyens daccumuler des actifs : si vous avez un emploi mieux rérmunéré, vous pouvez mettre régulièrement de largent de côté et cela aidera à accroître votre richesse. Nous savons aussi que les personnes handicapées ont un accès plus limité au marché du travail, et ce facteur joue un rôle dans lécart que nous avons observé. Par contre, même en tenant compte des disparités en matière demploi, lécart est toujours là.

Alexandra : Une différence de 25 % semble énorme. Est-ce que vous mettre ça en perspective pour nos auditeurs? Est-ce quil y a une différence en dollars entre deux personnes moyennes, une ayant une incapacité et lautre nayant pas dincapacité, lorsque lon prend en compte des facteurs comme léducation, lemploi et la structure familiale.

Michelle : Oui, donc on a décidé dobserver ça en comparant la différence de pourcentage parce que la distribution varie beaucoup. Mais au milieu la différence était denviron 22 000 $, ce qui est quand même une bonne somme dargent, si vous y pensez en termes de richesse.

Alexandra : Et pourquoi est-ce que lécart de richesse est un facteur si important à considérer dans le contexte dune pandémie mondiale.

Michelle : Ouf, pour répondre à cette question, je pense quil faut dabord bien comprendre certaines des différences qui existent entre le revenu et la richesse de façon plus générale, cest à dire leur nature et leur utilisation. Quand on parle de revenu, on parle généralement de largent que lon reçoit, dune source de ressources financières – pour la plupart des gens, cest le revenu dun emploi sous forme de salaire ou de paie. Il y a beaucoup de recherches faites à ce sujet. Cest aussi une mesure que lon utilise très couramment quand on parle dinégalité. Il est facile davoir accès à cette information. On la retrouve dans les enquêtes, ou on peut trouver ces données dans les déclarations de revenus des gens si on le souhaite. Mais cela ne dit pas tout sur la richesse ; le revenu ne permet pas de tout savoir. Cest pourquoi je juge bon de prendre aussi en compte la richesse. La richesse comprend tout ce que vous possédez, après déduction de tout ce que vous devez – ou, si vous préférez, la somme de vos actifs après déduction de vos dettes; cest donc un paramètre de mesure de la richesse qui peut saccumuler au fil du temps. Il présente donc des avantages ainsi quune certaine stabilité. Les gens nont pas nécessairement tous les éléments qui entrent dans la richesse, par exemple largent dans votre compte bancaire, la maison que vous possédez, ou votre épargne retraite. Et je pense que pour la plupart des gens, cela démontre une certaine stabilité. Mais lorsque la pandémie a été déclarée, les disparités sont ressorties encore plus clairement. Donc sur quoi peut-on compter lorsque la source de revenu disparaît soudainement? Lune des premières choses vers laquelle la plupart des gens se tournent quand il y a un besoin financier est leur compte dépargne…sils en ont un. Après ça, ils vont emprunter de largent : ils peuvent faire un emprunt, mais ils utiliseront souvent plutôt leurs cartes de crédit. Mais, là encore, il faut pouvoir avoir accès à des institutions de crédit pour ça. Enfin, les gens peuvent demander de laide de leur famille et leurs amis, mais cette source de fonds est souvent limitée. Cest quand le revenu disparaît, que ce flux de ressources financières est interrompu, cest là que la richesse devient très importante. Et cest pourquoi je pense que ces écarts de richesse se sont davantage manifestés pendant la pandémie.

Alexandra : Selon l'Enquête canadienne sur lincapacité de 2017, 1,6 million de Canadiens ayant une incapacité ont été incapables de soffrir les soins, les appareils ou les prescriptions de médicaments nécessaires en raison des coûts.

Alexandra : Donc, selon vos constatations, est-ce quil y a beaucoup de personnes qui doivent faire face à un réel conflit entre vouloir travailler et vouloir se protéger du virus.

Michelle : Oui, tout à fait. Et cest particulièrement vrai pour les personnes handicapées et celles qui ont des problèmes de santé chroniques. Pour ces personnes, il y a davantage de risques de complications en lien avec la COVID-19. Et, pour beaucoup de répondants qui travaillaient, leur emploi leur permettait de faire la transition vers le télétravail. Dans certains cas, leur emploi aurait permis à ces travailleurs de prendre aussi un congé, mais dautres navaient pas cette possibilité, particulièrement dans les secteurs du commerce de détail et des services. Les travailleurs de ces secteurs ont constamment des contacts avec beaucoup de gens. Ce type de travail entraîne donc des risques importants. Les travailleurs dans cette situation doivent se demander  Est-ce que je continue à travailler et à recevoir mon chèque de paie ou est-ce que je moccupe de ma santé? Et cest une décision très difficile à prendre.

Alexandra : En matière demploi, il y avait une différence de 21 points de pourcentage entre les personnes qui ont une incapacité et celles qui nen ont pas. 80 % des personnes nayant pas dincapacité étaient employées, comparativement à 59 % pour les personnes ayant une incapacité. Alors, pourriez-vous expliquer à nos auditeurs comment quelquun qui a conservé son travail pourrait quand même faire face à une insécurité financière.

Michelle : Oui. Nous avons tendance à considérer le travail comme étant un moyen de sortir de la pauvreté et de source de sécurité financière et aussi comme un outil de mobilité financière ascendante. Cest bien sûr utile, mais ce nest pas vrai pour tout le monde. Pour bien des gens, le fait davoir un emploi aujourdhui ne garantit pas que ce sera encore le cas demain, la semaine prochaine ou le mois prochain. Lorsque nous avons examiné notre échantillon, nous avons constaté quenviron la moitié des répondants occupant un emploi craignaient de perdre leur emploi au cours du prochain mois, et 40 % craignaient de le perdre au cours de la durée de la pandémie. Il y avait donc une grande inquiétude quant à la possibilité de perdre son emploi ; les gens ne savaient pas si leur emploi existerait encore, surtout que les emplois ont un caractère précaire de nos jours. Et surtout, en période de pandémie, même si on travaille, plusieurs emplois sont mal payés et noffrent pas de bonnes options en matières davantages sociaux, et les personnes handicapées ont tendance à être surreprésentées parmi les travailleurs qui occupent de tels emplois. Dailleurs, certains de mes travaux de recherche antérieurs ont porté sur cette surreprésentation dans ces emplois de moins bonne qualité. Bref, le fait de travailler nest malheureusement pas toujours un signe de sécurité financière.

Alexandra : Un tiers des répondants ayant un emploi ont rapporté que leur situation financière avait empiré par rapport à lannée précédente. Il sagissait de personnes qui navaient pas perdu leur emploi et qui se trouvaient quand même dans une pire situation un an plus tard. Le projet de collecte par approche participative de Statistique Canada réalisé à lété 2020, a démontré que près dun tiers des participants ont déclaré que leur revenu avait diminué depuis le début de la pandémie. Parmi ceux-ci, plus de la moitié a rapporté avoir de la difficulté à répondre à leurs besoins, en matière dalimentation et dépicerie.

Alexandra : Pouvez-vous préciser pourquoi plus dun tiers des répondants employés, a constaté que leur situation financière avait empiré par rapport à lannée précédente.

Michelle : La perte de revenus est la principale raison expliquant cette situation. Plusieurs gens avaient encore un emploi, mais leurs heures de travail et leurs revenus avaient diminué. Ceux qui avaient des économies sen tiraient mieux. Mais il sagissait dun faible pourcentage des répondants, et dautres ont mentionné des difficultés additionnelles, comme la perte de soutien et de services communautaires auxquels ils avaient pu avoir accès avant la pandémie, ainsi quune augmentation des coûts. Lorsquune personne se confine à la maison, les coûts de livraison peuvent sajouter à ses frais habituels, et il peut devenir plus difficile de trouver de laide.

Alexandra : La menace de l'insécurité financière, le risque de ne plus pouvoir assurer sa survie, cest toujours stressant. Mais lorsque tout cela vient sajouter à la menace de la pandémie de la COVID-19, cest une recette qui multiplie les pressions sur la santé mentale. Michelle, parlons un peu de santé mentale. Quest-ce qui ressort dans vos recherches.

Michelle :  Bien sûr. Lété dernier, nous avons amorcé une étude pour déterminer comment les personnes handicapées et celles ayant des problèmes de santé chroniques sen sortaient durant la pandémie de la COVID 19. Nous avons mené une enquête en juin, puis nous avons tenu des entrevues pour approfondir la question. Dans le cadre de lenquête, on demandait aux gens sils avaient constaté ou non une augmentation de leur degré danxiété, de stress ou de désespoir pendant la pandémie. Il sagit en quelque sorte de paramètres pour mesurer létat de santé mentale. Il existe différentes façons de mesurer létat de santé mentale. Lapproche que nous avons utilisée nous a permis de le faire rapidement et facilement au moyen dune courte enquête auprès des gens, après laquelle on a examiné les liens entre les résultats et certains facteurs. Lune des questions à létude consistait à savoir si la COVID 19 avait eu des répercussions négatives sur la situation financière des répondants. Par exemple, nous avons demandé aux répondants si la COVID 19 avait réduit leur capacité à payer leurs dettes ou leurs factures, ou à acheter des produits dépicerie. Nous avons fait des comparaisons avec les personnes qui nont pas ressenti ces effets financiers négatifs, afin de démontrer linfluence de la pandémie. Il y a aussi eu des effets sur la santé mentale, et nous avons étudié dautres aspects; notamment on a constaté que les gens qui se disaient être plus inquiets de contracter le virus ont ressenti une augmentation danxiété et de stress. Nous avons aussi observé un lien très étroit entre, les changements reliés à des aspects comme la solitude et le sentiment dappartenance, et la hausse du degré de stress et danxiété. Ainsi, les gens qui avaient un plus fort sentiment de solitude ont ressenti une augmentation importante de leur degré de stress et danxiété. Les personnes qui ont dit que leur sentiment dappartenance avait diminué ont aussi connu cette forte hausse de leur degré de stress et danxiété, ce qui montre en gros que lisolement est associé à ces effets sur la santé mentale.

Alexandra : Les données de Statistique Canada semblent appuyer cette affirmation. Les renseignements recueillis lors dun questionnaire de collecte par approche participative en juin et en juillet 2020 sur les expériences des Canadiens âgés de 15 ans et plus ayant des incapacités ou des problèmes de santé chroniques pendant la pandémie de la COVID-19, ont révélé que plus de la moitié des participants ont rapporté que leur santé mentale est pire quelle ne létait, avant le début de la pandémie. Ce recul en santé mentale a également été observé dans la population générale après le début de la distanciation physique. Cela pourrait être lié aux sentiments disolement et au fait dêtre séparé des soutiens sociaux habituels en raison de la distanciation physique. Les participants ayant un problème de santé de longue durée ou une incapacité, pourraient être davantage touchés pendant la pandémie, puisque plusieurs dentre eux comptent sur des soutiens sociaux formels et informels, et près de la moitié reçoivent de laide pour les activités quotidiennes.

Alexandra : Lisolement est certainement une difficulté éprouvée par beaucoup dentre nous en ce moment. Moi, y compris. Michelle, pourriez-vous nous parler de leffet de lisolement sur les personnes ayant une incapacité.

Michelle : Tout dabord, les personnes ayant une incapacité connaissent déjà un niveau disolement élevé. De nombreux travaux de recherche montrent que ces personnes ont des réseaux sociaux moins étendus. Elles ont moins damis et moins dinteractions sociales. Dune part cest parfois à cause de lincapacité en soi, parce que celle ci peut limiter la mobilité et les interactions sociales; mais je pense que cest aussi attribuable à bon nombre des stéréotypes négatifs sur lincapacité ainsi quaux obstacles qui limitent la participation de ces personnes à la société. Par exemple, si vous navez pas accès à un emploi, vous ne pouvez pas vous faire des amis au travail; vous navez donc pas ce type dinteraction sociale. Pourtant, la pandémie a encore empiré les choses, puisque nous devons limiter nos interactions sociales préexistantes pour rester en sécurité. Ceci est un facteur encore plus important pour les personnes qui ont une incapacité et celles qui ont des problèmes de santé chroniques, parce quelles sont plus susceptibles davoir des complications liées au virus. Elles prennent donc probablement des précautions supplémentaires, ce qui aggrave leur isolement social et limite encore plus leurs interactions.

Alexandra : Michelle nétait pas la seule à mentionner lisolement. Lorsque jai demandé à Tony quels étaient certains des défis auxquels les gens ayant une incapacité ont été confrontés pendant la pandémie, lisolement était au haut de la liste.

Tony : La première pensée qui me vient cest lisolement ou la solitude. On tous fait face à ça, en temps de COVID, mais la personne handicapée, elle, fait face à ça dans certains cas, bien avant ça. Elle fait face à ça même parfois pas seulement chez elle, mais même quand elle est dans la foule, elle est avec d'autres, au travail ou il est autrement. C'est surtout si elle ne ça ne s'accepte pas bien et ne se sent pas accepté par les autres. À peur du rejet, peur de l'exclusion. Cest très important de justement, s'assurer d'inclure tout le monde et puis de fournir les accommodements pour permettre à tout le monde de performer, de contribuer aux objectifs et aux résultats d'une organisation ou de la société en général. Une participation complète, universelle. Et puis on a tout à gagner en même temps, en faisant ça pour améliorer nos résultats et de ne laisser aucun talent sur la table, s'assurer de d'utiliser, tous les talents, toutes les aptitudes, tout le potentiel de toutes les personnes qui ont des limitations d'activité.

Alexandra : Tony nous a aussi donné un exemple de défi particulier auquel les personnes ayant une incapacité font face, lorsque des mesures comme le confinement ou la distanciation sociale sont mises en place.

Tony : Quelques exemples. Par exemple, la personne qui a beaucoup de limitations d'activité qui se fient sur de l'aide à la maison dans sa vie quotidienne, ces personnes-là ont eu beaucoup de difficultés avec l'arrivée de la pandémie à obtenir les services, soit de bénévoles ou de proches aidants, ou même des services habituels publics qui sont offerts. Et puis, cest devenu un enjeu pour ces personnes-là, ça l'était peut-être avant, mais c'est exacerbé certainement par la pandémie. Et puis on voit dans nos statistiques justement que, il y a beaucoup de personnes qui se fient sur laide comme ça, cest particulièrement important den tenir compte dans les besoins des personnes handicapées dans lavenir.

Alexandra : Avant la pandémie, près de la moitié des Canadiens ayant une incapacité recevaient de laide pour effectuer leurs activités quotidiennes en raison de leur état de santé. Parmi ceux-ci, 36 % dépendaient uniquement daide extérieure à leur ménage.

Michelle : Plusieurs personnes reçoivent des services daide, gratuits ou non, fournis par des personnes qui vivent avec eux ou qui viennent de lextérieur, et cette aide est devenue plus limitée, moins accessible, ce qui complique les activités de la vie quotidienne. Mais cela mène aussi à un plus grand sentiment disolement, de sorte que tous ces facteurs saccumulent et sinfluencent les uns les autres.

Alexandra : Une chose qui nous a frappé en lisant votre recherche cétait à quel point les facteurs de stress saccumulent. Une incapacité peut limiter le revenu tout en entraînant également des dépenses supplémentaires, en plus du fait que dautres personnes dans votre foyer pourraient devoir prendre congé de leur travail pour vous aider. En plus, pendant la pandémie, la personne moyenne ayant une incapacité occupe probablement un emploi où il y a un plus grand risque dattraper la COVID-19 et, si elle lattrape, elle est plus à risque de développer des complications. On dirait que ça ne finit jamais.

Michelle : En effet, et je pense que ce constat vaut aussi pour linégalité en général. Nous savons que certains sen tirent mieux que dautres durant la pandémie. Au fil de la pandémie, nous avons pu constater que des disparités sont malheureusement apparues; les personnes qui, au début de la pandémie, avaient de bons emplois, de largent dans leurs comptes bancaires et un logement qui leur appartenait, sen sortaient bien. Certains par contre ont dû faire face à des difficultés. En ce qui concerne les finances, au haut de la distribution, les gens sen tirent bien. Par contre, au bas de la distribution, la situation est très différente et, comme vous lavez mentionné, si nous pensons en particulier aux personnes ayant une incapacité, un groupe qui avait déjà un taux demploi inférieur avant la pandémie, bon nombre de ces personnes, dépendaient de prestations du gouvernement, qui sont relativement convenables et ne suffisent donc pas nécessairement pour joindre les deux bouts chaque mois. Beaucoup dépendent peut-être aussi dune aide extérieure, mais celle-ci est plus souvent fournie par des proches aidants qui, trop souvent, ont dû eux-même renoncer à des emplois et à des salaires pour pouvoir fournir ces soins.

Cest un autre facteur qui a comme effet de souligner les inégalités. En tant que société, nous avons la capacité dintervenir de différentes manières pour dénoncer les inégalités, ou du moins pour les réduire un peu. Malheureusement, nous ne le faisons pas toujours; de ce point de vue, je considère que la Prestation canadienne durgence a apporté des avantages importants et a véritablement aidé les gens qui avaient un emploi avant la pandémie. Il y a beaucoup de données disponibles qui montrent que les personnes qui se situent au bas de la distribution du revenu et qui ont perdu un emploi nont pas été totalement laissées derrière, de sorte quelles ont pu sen sortir. Mais cette situation montre aussi quon ne peut pas continuer dassocier les avantages sociaux à lemploi, parce quon sait maintenant ce qui se passe en conséquence. Si on perd son emploi, on perd tout. Nous devons penser aux avantages de façon plus générale et assurer un soutien aux gens dun bout à lautre de la distribution du revenu, et je pense que lune des choses que cette pandémie a mises en lumière est lurgence de repenser nos politiques dans une perspective plus large, en tenant compte de la situation des différents groupes – les personnes handicapées, bien sûr, mais aussi dautres groupes qui sont en situation minoritaire ou qui ont un niveau de revenu très bas et un niveau de pauvreté élevé. Nous devons tenir compte de ces groupes dans notre processus délaboration de politiques. Nous voulons déterminer comment nous pouvons véritablement redistribuer lensemble des avantages au sein de la société. Comment pouvons-nous faire en sorte que ces avantages ne sont pas uniquement accessible à ceux qui sont au sommet? Cette tranche de gens qui représente 1 % de la population? Nous devons envisager toutes ces choses en adoptant des points de vue différents.

Michelle : Jessaie dêtre optimiste. Jessaie de me dire que la situation actuelle représente un point de rupture. Les crises peuvent également offrir des occasions de changer la manière dont nous faisons les choses. Nous pouvons changer notre façon de concevoir les politiques et doffrir un soutien aux gens dans notre société. Et peut-être que la pandémie aura joué un rôle de révélateur et fait en sorte que les gens prennent conscience des inégalités. Je vais donc essayer de demeurer optimiste pendant que nous demeurons aux prises avec cette nouvelle vague de la pandémie, mais il est difficile de prévoir comment les choses vont évoluer.

Tony : Les panneaux de plexiglas sont des barrières parmi dautres. Mais, il y a beaucoup de barrières qui arrivent dans notre société depuis un an. Et il y a beaucoup dopportunités, comme je vous disais tantôt, puis selon lhétérogénéité des conditions personnelles, puis des façons de fonctionner. C'est pas les mêmes choses qui peuvent être l'opportunité de l'un, puis le défi de l'autre.

Alexandra : Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ces défis? Que voulez-vous dire lorsque vous dites que le plexiglas est un défi pour vous.

Tony : Un moment donné, on est dans des situations ou par exemple dans mon cas, je pourrais me promener un peu partout à travers le monde. Je peux prendre des transports en commun, cest sûr que ma plus grosse limitation c'est que je peux pas conduire une voiture. Ça en a été une grosse, mais ça me laisse quand même pas mal de marge pour faire toutes sortes de choses, je peux vous en assurer. Et puis, dans ce contexte-là actuellement, je me limite d'utiliser le transport public parce que pour moi c'est plus de risque d'embarquer dans un autobus pour peut-être attraper le virusé. Avant je pouvais aller acheter un cadeau n'importe où dans un magasin, puis je navais pas peur de me heurter à un nouvel obstacle quest le panneau de plexiglas qui est devant chaque caissier ou devant d'autres choses. Je ne m'inquiétais pas dans quel sens rentrer dans un centre d'achat ou alors par quelle porte. Je rentrais par la porte, et je m'assurais de ne pas accrocher personne. Et puis, je suis dans une situation où je me limite moi-même pour protéger ma santé puis celle de mes proches. Puis, si vous prenez l'exemple de quand j'arrive à la caisse dans un endroit comme ça, et je vais encore faire des commissions de temps en temps, mais même là sil faut que je rentre mon code d'identification personnel, mon NIP, mon numéro d'identification personnel, ma carte de crédit ou ma carte de débit, je dois me coller proche du terminal, c'est quil y a encore plus de risques que j'attrape le virus. Si je suis dans une rangée dépicerie, puis je vais regarder une boîte pour lire pour massurer que jai le bon produit. Je le ferai plus autant qu'avant, ou je le ferai plus comme avant parce que je considère moi-même que c'est moins acceptable dans les conditions actuelles de faire ce genre de geste, que ce soit pour moi ou pour d'autres,cpar d'autres, et puis j'ai hâte que les conditions reviennent à la normale. Autant que j'espère qu'on va garder les bonnes choses, les opportunités, comme de faire des vidéo conférences ou de travailler de la maison ou de se faire livrer ce qu'on veut à la maison, ce qui est excessivement utile pour beaucoup de personnes avec des limitations d'activité. Et puis c'est ça devient bénéfique pour tous, ces choses-là. J'espère quon va garder bénéfice très longtemps, mais qu'on va faire tomber les barrières temporaires aussitôt que la santé publique nous le permettra.

Alexandra : LEnquête canadienne sur lincapacité de 2017 a rapporté que parmi les employés ayant une incapacité âgés de 25 à 64 ans, plus de 1 employé sur 3 avait besoin dune mesure dadaptation pour pouvoir travailler. Cela représente un peu plus de 772 000 Canadiens. Les mesures dadaptation les plus communes étaient des conditions de travail flexibles ( 27 %), comme le télétravail. Le changement le plus évident dans les conditions de travail est sûrement le brusque changement quont vécu de nombreux travailleurs en passant au travail à la maison.

Michelle, est-ce que vous pouvez partager certaines des réactions de vos répondants, positives ou négatives, concernant ces nouvelles mesures dadaptation, que ce soit de travailler de la maison ou toute autre nouvelle situation de travail.

Michelle : Le télétravail a certainement été le changement relié au travail qui a été le plus souvent soulevé par les répondants. Plus de la moitié des répondants qui occupaient un emploi ont fait la transition vers des accommodements de télétravail, que ce soit à temps plein ou à temps partiel, et ce changement représente un changement important pour les gens. Mais ce nest pas entièrement une mauvaise chose, après tout. Ça permet une certaine protection contre lexposition au virus, et ça permet aux gens de continuer à travailler et à gagner un revenu dans un contexte plus sécuritaire. Et ce qui est intéressant cest quil sagit en fait dune mesure dadaptation que réclamaient depuis longtemps les personnes ayant une incapacité et que beaucoup de milieux de travail hésitaient à adopter. Cette transition vers le télétravail a donc eu des effets positifs, notamment la flexibilité associée à ce genre darrangement. Par contre, noublions pas que cet arrangement entraîne aussi un plus grand sentiment disolement.

Alexandra : Les mesures dadaptation dun lieu de travail sont une demande commune daccessibilité et lont été depuis longtemps. Avec la pandémie, de nombreux lieux de travail se sont précipités pour rendre possible le télétravail pour tous leurs employés. En date de mai 2020, environ 14 % des entreprises ont déclaré que 100 % de leurs employées travaillaient à partir de la maison. Nous avons parlé avec Tony de toutes les possibilités et de tous les défis uniques générés par le télétravail.

Tony : Comme gestionnaire, je pense que bon, on a gagné beaucoup. On a plusieurs employés qui apprécient beaucoup la capacité de travailler à distance. Puis je pense que j'aurais une rébellion si je voulais tous les faire rentrer demain matin. J'ai des gens qui, tout d'un coup, ne dépensent plus 3 heures de leur temps, une heure et demie le matin, une heure et demie l'après-midi, pour aller et revenir du bureau. Ils sont souvent moins fatigués pour travailler, ils sont souvent plus aptes à être productifs. Puis, ce nest pas nécessairement ce qu'on veut de façon excessive, mais parfois, il y a une partie de ce travail, de ce temps-là qui est utilisé pour le travail, ce qui est peut-être plus satisfaisant pour eux que d'être pris dans le trafic, la circulation. Alors ça, c'est excessivement important pour nous tous. Et puis on va vouloir garder ça, cest sûr. C'est vrai que c'est quelque chose qui est particulièrement important pour une personne avec un enjeu de mobilité par exemple, qui ne veut pas se retrouver sur la glace un matin froid d'hiver avec du verglas, mais c'est vrai pour vous et moi aussi que c'est maintenant si on est à mieux travailler de la maison. On espère qu'on pourra continuer. Ceci dit, il y a des activités où Il nous manque le côté social du travail, puis selon moi peut-être que je suis vieux, mais je pense quil a des activités pour lesquelles on a hâte de retourner au travail par exemple : la planification stratégique, du rapprochement de séries de données ou certaines tâches comme ça, pour des conversations difficiles par exemple, où c'est...il y a un bénéfice actuellement certain, de pouvoir faire des vidéo conférences, pour partager plus facilement de l'information entre nous. On a appris à mettre en place des mécanismes pour faire ça de façon plus efficace, depuis l'année passée dans notre organisation puis en général dans le monde du travail, mais c'est quelque chose qui, un momment donné on va vouloir garder les bienfaits de la période que l'on vit et puis essayer de retrouver les choses importantes de la période qu'on a vécu avant.

Alexandra : Quand on y pense, même cette entrevue est une mesure dadaptation. Jétais chez moi pour cet enregistrement et il était chez lui, et pourtant, nous voici.

Tony : Je suis vraiment épaté qu'on puisse faire ce genre d'exercice là maintenant à distance, malgré quauparavant on aurait toujours voulu faire ça en personne. Ça illustre comment on était, comment on a changé en un an, comment au début de la pandémie on se sentait handicapé par notre nos outils, par notre façon de travailler, pour notre culture, par nos réactions même. Puis tout dun coup, un an plus tard, on est devenu une organisation beaucoup plus capable, beaucoup plus agile, plus capable de faire des choses qui fleurissent même malgré le contexte, ce qui va nous rendre beaucoup plus fort dans l'avenir, j'espère. Puis surtout quand on pourra revenir avec les bénéfices du passé et les bénéfices acquis depuis cette nouvelle ère de travail à distance.

Alexandra : Quand on parle daccessibilité ou de mesures dadaptation, on pense souvent que celles-ci sont surtout bénéfiques aux personnes ayant une incapacité. Mais pourriez-vous nous en dire davantage sur comment les mesures dadaptation dans un lieu de travail sont bénéfiques à lensemble des travailleurs? Je sais que ce nétait pas exactement votre domaine détudes, mais je pense que vous devez sûrement avoir quelque chose d'intéressant à nous dire à ce sujet?

Michelle : Donc des mesures comme laccessibilité, la flexibilité et les mesures dadaptation sont très importantes. Elles permettent aux personnes ayant des incapacités de travailler, davoir un emploi. Et cest parce que de telles mesures se concentrent sur comment surmonter les obstacles environnementaux et non sur comment lincapacité limite les activités et les possibilités. Lexistence dune incapacité peut entraîner certaines limitations physiques et sanitaires, mais ces limitations sont perçues ainsi uniquement parce que le monde dans lequel nous vivons est conçu en présumant les capacités des gens, où lorganisation du travail et de léducation présume certaines hypothèses concernant le fonctionnement et la mobilité des gens. Il est donc très important doffrir des mesures dadaptation et daccorder une plus grande flexibilité pour habiliter les personnes handicapées qui veulent travailler et avoir un emploi. Et nous pouvons penser à ça dun point de vue encore plus général. L'accessibilité, la flexibilité, les mesures dadaptation sont des choses importantes au-delà des incapacités. Ce sont des choses qui donnent davantage d'autonomie aux travailleurs en ce qui concerne quand ils travaillent et comment. Ce sont des choses qui tiennent compte du fait que le fait davoir une approche unique pour déterminer les heures et les situations de travail ne convient pas à tout le monde.

Nous pourrions être de meilleurs travailleurs. Nous pouvons être plus productifs si nos conditions de travail offrent ce genre de flexibilité en ce qui concerne lhoraire et le mode de travail. Cest donc à lavantage de lemployeur. Cest aussi bien sûr à lavantage des travailleurs. Ça peut réduire le stress, faciliter le travail en général, mais ça peut aussi améliorer la productivité. Les normes relatives au travail ont jusquà présent toujours refleter des attentes en ce qui concerne le lieu de travail et la façon de travailler. Ces normes ont toujours une forte influence sur les choses. Cest à ce niveau, je pense, quil y aura un grand changement entraîné par la pandémie, où plusieurs personnes ont eu à travailler à domicile pendant un an. Ça pourrait se traduire par une plus grande accessibilité et par plus de flexibilité pour les travailleurs, ce qui est à lavantage de tous. Mais cest particulièrement bon pour les personnes ayant une incapacité.

Alexandra : Se concentrer sur laccessibilité au lieu de lincapacité signifie également se concentrer sur ce que lindividu peut faire ou pourrait faire si les obstacles étaient éliminés. Ainsi, ça aide les gens à reconnaître lobstacle comme étant la source de lincapacité. Penser en matière daccessibilité, aide à élargir ce que cela signifie que de vivre avec une incapacité.

Michelle : Je pense quune partie du problème réside dans le fait que nous pensons souvent à lincapacité uniquement du point de vue des limitations. Selon ce point de vue, lincapacité est liée à une personne et cest pour ça que cette personne ne peut pas obtenir un emploi. Cependant, quand on réfléchit un peu plus, il existe en fait des obstacles de taille qui sont vraiment déterminants. Ainsi, dans le contexte de lemploi et du travail, cette manière de penser à la capacité ou lincapacité a été source de grande discrimination. Nous faisons de nombreuses suppositions qui sont carrément fausses au sujet des personnes ayant des incapacités.

Alexandra : Alors Tony, comment est-ce que le fait de parler de barrières plutôt que dincapacité aide les gens à mieux comprendre que laccessibilité est bénéfique pour tous.

Tony : Quand on parle de barrière, c'est quelque chose qu'on peut enlever, quand on parle d'incapacité, on a tendance à associer ça aux gens, aux personnes, et puis cest néfaste pour leur acceptation delle-même et de leur acceptation par les autres. Quand on parle de barrière, on peut sassurer d'identifier les moyens de l'enlever ou de la contourner. C'est beaucoup plus efficace et puis ça c'est plus axé sur l'environnement. Dans notre environnement actuel, on peut voir des barrières, mais on peut aussi voir des chemins vers des opportunités, vers des capacités des personnes. Si on prend mon propre exemple, j'ai une basse vision. J'ai une vision que je considère normale, qui me d'apprécier les beaux paysages, de me promener tout seul, de faire de la photo, de faire toutes sortes de choses que j'aime, jaime apprécier des œuvres artistiques, etc. regarder des films. Mais,tout le monde voit....la grande majorité des êtres humains voit beaucoup plus que moi. Si tout le monde voyait comme moi, les affiches, les étiquettes, les autres choses dans la société seraient écrites plus grosses, ou on aurait tous une accommodation, un accommodement c'est à dire, commun, collectif qui ferait que, il ny en aurait pas de barrières pour moi. Et puis, cest vrai pour l'ensemble des choses sur lesquelles on doit travailler pour rendre la société plus accessible, ou le milieu de travail plus inclusif, des choses comme ça. On a une capacité comme être humain à discuter de ces barrières-là, puis à les éliminer. Ça ne coûte pas souvent plus cher. Si par exemple, dans mon poste de travail, je reçois un document PDF, bien malheureusement, il est souvent pas accessible pour moi. Et puis, si par contre tout le monde voyait comme moi, oh, là, tout d'un coup le document, il serait nécessairement formaté pour tout le monde. C'est quun moment donné, il faut que la majorité prenne compte des besoins de la minorité, peut être et d'habitude, quand on rend quelque chose accessible pour une personne ou même quelques personnes, on le rend beaucoup plus accessible pour tous et ça ne coûte pas nécessairement plus cher.

Alexandra : La pandémie de la COVID-19 a exposé les nombreuses manières dont nous pouvons rendre le monde plus accessible, surtout en ce qui concerne le travail à distance et dautres mesures dadaptation. Mais à quoi ressemblera le monde après la pandémie.

Tony : Je pense que la situation actuelle fait que dans l'espace public, on parle de plus en plus non seulement des différences des gens, mais on parle beaucoup des besoins des gens. Puis il faut que les gens puissent exprimer leur besoin, quils se considèrent comme une personne handicapée ou non. Sils ont une limitation dactivité, quelle soit dû à la pandémie ou à autre chose. Je pense que c'est important qu'on regarde ça actuellement, puis dans l'avenir. Et puis ça va aider, parce qu'on parlait tout à l'heure l'acceptation de soi, mais aussi de lacceptation perçue quauront les autres de nous, dans la société. On a des choses qui se sont vraiment ouvertes dans la pandémie. Si vous prenez le fait que, par exemple, les gens peuvent travailler de la maison. Un moment donné, il va falloir garder le meilleur de la situation actuelle et puis se débarrasser des autres choses qui pourront disparaître lorsque la situation sera revenue à la normale. Puis, j'espère que ce qui va rester dans l'espace public cest une plus grande ouverture dans la société et puis dans l'économie pour assurer qu'on considère et quon se concentre sur les aptitudes des gens et leur capacité à contribuer à la société et à l'économie.

Alexandra : Vous étiez à lécouté de Hé-coutez bien. Un merci tout particulier à nos invités,Tony Labillois et Michelle Maroto.

La voix que vous avez entendue appartenait à une personne ayant une incapacité qui a accepté de partager des témoignages sur son expérience pendant la pandémie. Merci d'avoir partagé votre voix avec nous.

Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone de notre balado, appelé Eh Sayers. Merci de nous avoir écoutés et à la prochaine.

Semaine nationale de l’accessibilité 2021

Date de diffusion : le 3 juin 2021

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Semaine nationale de l'accessibilité 2021

De nouveaux obstacles et de nouvelles libertés : une conversation avec le champion des personnes handicapées à StatCan

Nous rencontrons (en virtuel) Tony Labillois, le champion des personnes handicapées à StatCan, pour discuter des nouveaux défis et des occasions qui se présentent pour les personnes handicapées pendant la pandémie.

Animatrice

Alexandra Bassa

Invité

Tony Labillois, le champion des personnes handicapées à StatCan

Téléchargement : Semaine nationale de l’accessibilité 2021 (MP3, 19.6 Mo)

Semaine nationale de l’accessibilité 2021 - Transcript

Alexandra : En septembre, Statistique Canada lancera son tout premier balado. Il sera disponible en français et en anglais, sous les titres, Hé-coutez bien et Eh Sayers.

Pour célébrer la Semaine nationale de l'accessibilité, nous vous partageons en avant-première une partie de notre premier épisode.

Nous avons travaillé très dur pour le réaliser et nous espérons qu'il vous plaira.

[musique]

Bienvenue au tout premier épisode de Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Alexandra.

Alexandra : Aujourd'hui, nous parlons des incapacités. Selon l'Enquête canadienne sur l'incapacité de 2017, plus de 6 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré avoir une incapacité. Il s'agit d'environ 1 Canadien sur 5. Mais, que voulons nous dire par personnes ayant une incapacité?

Tony : Ah, bien, ça peut vouloir dire beaucoup de choses différentes, selon la personne. La personne peut avoir des limitations d'activité ou des conditions qui font que, elle a une incapacité qui est visible à première vue. Par exemple, quelqu'un qui a un problème de mobilité ou un problème sensoriel comme moi, où on voit que mes yeux bougent, mes yeux gigotent la première fois qu'on me rencontre, alors on sait que j'ai probablement quelque chose avec ma vue et puis ça parait, mais il y a beaucoup d'autres incapacités, d'activité, de limitation d'activité qui ne sont pas visibles à première vue.

Alexandra : Ça, c'est la voix de Tony Labillois.

Tony : Bonjour, je m'appelle Tony Labillois, je suis le directeur de la division de la statistique du secteur public à Statistique Canada et je suis aussi le Champion pour les personnes handicapées et pour l'accessibilité depuis 2002, et je suis né avec une basse vision, ce qui fait que pour moi, c'est une vision normale, mais qui est beaucoup plus faible que pour les autres personnes.

Alexandra : Comme Tony, 1,5 million de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont une incapacité visuelle.

Que voulez-vous dire par incapacité invisible?

Tony : Pensez aux troubles d'apprentissage, ou à, pensez à quelqu'un qui est autiste ou à quelqu'un qui a une hypersensibilité à l'environnement ou quelqu'un qui a un enjeu de santé mentale. Ces choses-là ne sont pas visibles à première vue, et ça ne veut pas dire que, que la personne se considère handicapé pour autant, mais souvent ces choses-là occasionnent une limitation d'activité.

Alexandra : Pourriez-vous en parler un peu plus? Pourquoi une personne pourrait-elle ne pas se considérer comme une personne ayant une incapacité?

Tony : Les limitations d'activité, selon comment on va se percevoir comme individu, on peut décider de les accepter ou non. Et puis quand ça vient graduellement, c'est, c'est quelque chose qui évolue, mais même quand ça vient à la base comme moi, quand j'étais jeune, on ne peut pas dire que j'avais le même niveau d'acceptation que maintenant, ni le même niveau de confort pour en parler que maintenant. Puis, quelque part, c'est quelque chose qui évolue dans la vie. L'incapacité malheureusement peut être acquise, ou la limitation d'activité. Et puis c'est une question d'acceptation de soi, mais aussi de confiance, de comment les autres vont nous accepter avec notre façon différente de faire les choses, ou notre accommodement ou notre propre perception de nous-même. Prenez un exemple simple qui arrive dans la vie de beaucoup de gens dans la quarantaine. Où, par exemple, les gens se retrouvent à avoir des difficultés à lire quelque chose. Ils vont essayer de prendre la feuille et puis de la repousser un peu plus loin ou de la rapprocher jusqu'à temps qu'ils aient le bon euh, la bonne distance pour lire ce qu'ils ont à lire.

Ça prend combien de temps avant que quelqu'un va décider par lui-même, ou que les autres vont lui dire d'aller chez l'optométriste pour avoir besoin de lunettes.  Quelque part, les lunettes sont un accommodement. Puis, avant que l'accommodement soit accepté, pourtant, il est généralement accepté dans la société, avant que la personne l'accepte, Il faut qu'elle accepte le fait qu'elle est en train d'avoir une vision qui baisse et puis une limitation dans ses activités quotidiennes ou au travail. Et puis c'est un cas où ça part de l'acceptation de soi. Puis dans la société, on ne fait pas de cas d'un accommodement aussi fréquent. Je ne pense pas que personne vous dirait qu'il va être discriminé dans l'obtention d'un poste ou dans l'obtention d'une occasion de quoi que ce soit d'autre parce qu'il a des lunettes. C'est relativement bien accepté. Il faut en venir à un niveau d'acceptation des accommodements ou des façons de faire différentes des gens qui ont des limitations d'activité. Aussi, il faut que ça devienne aussi normal que pour des lunettes et puis aller chercher justement les forces de chacun, puis l'inclusion de tout le monde. Et puis,  c'est quelque chose qu'il ne faut pas perdre de vue, justement. Sans faire de jeu de mots.

Alexandra : Les incapacités invisibles sont beaucoup plus courantes que vous pourriez le penser. Par exemple, en 2017, un peu plus de 4 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus avaient une incapacité liée à la douleur et plus de 2 millions de Canadiens avaient une incapacité liée à la santé mentale.

Tony nous a parlé un peu plus de ce que c'est que de vivre avec une incapacité invisible.

Tony : Ça signifie que la personne a le choix, elle a le choix de divulguer ou non cette incapacité invisible. Elle a le choix de vivre avec les conséquences de ne pas divulguer cette situation ou avec les conséquences perçues de divulguer cette situation. Par exemple, si vous prenez quelqu'un avec un trouble d'anxiété généralisée, quelqu'un qui a un diagnostic formel comme ça, il peut ou  elle peut choisir de ne rien dire au travail, mais avec le risque que pendant une période de pression puis de beaucoup de livrables à donner, ça va devenir insupportable pour elle et peut-être pour les collègues aussi que ça va devenir difficile. Mais personne ne saura, et personne n'accommodera la personne pour cette situation. Par contre si la personne fait le choix de divulguer, c'est parce qu'elle accepte et parce qu'elle a confiance en les autres. Elle accepte sa condition, elle a confiance aussi que les autres vont accepter sa condition et vont l'accommoder. L'accommodement peut être de plusieurs natures, peut être par exemple d'avoir du coaching, pour aider la personne dans son travail avec son anxiété, peut être de l'aide ponctuelle dans des moments stressants ou des moments plus intenses ou de de travailler sur autre chose que des choses intenses. Mais ça peut être juste de savoir qu'elle peut exprimer son anxiété et elle peut dire qu'elle est stressée, ou qu'elle peut demander à son patron si tout va bien plutôt que de ruminer des choses pendant la journée ou dans ses moments de vie personnelle. Ça dépend vraiment de ce que la personne peut faire, et puis ça c'est pas la même chose pour quelqu'un qui a un handicap visible où là, tout d'un coup, c'est peut-être tous les autres qui vont poser des questions à la personne si la personne prétend que ça n'existe pas ou fait semblant de ne pas vouloir en parler.

Alexandra : Donc, c'est beaucoup plus compliqué qu'une simple question à laquelle on peut répondre par oui ou par non. « Êtes-vous une personne ayant une incapacité, oui ou non? » Ce n'est pas toujours aussi simple, n'est-ce pas? Alors, comment est-ce que Statistique Canada s'y prend pour mesurer l'incapacité?

Tony : Statistique Canada mesure l'incapacité avec un modèle social. En fait, on ne regarde pas beaucoup la condition de la personne, on regarde l'interaction de la personne avec son environnement professionnel ou personnel, puis on regarde les barrières auxquelles elle peut faire face. On voit que, par exemple, on peut avoir une douleur modérée ou légère ou très incommodante. Alors on va prendre une question comme ça, on va demander à la personne jusqu'à quel point la douleur, l'affecte dans ses activités. On va faire ça pour la vision ou pour d'autres aspects fonctionnels de notre interaction avec le reste du monde. On a fait ça dans l'enquête de 2017, puis on va faire ça dans l'enquête sur les personnes handicapées de 2022 aussi, après le prochain recensement. Et puis ça nous apporte une façon de mieux comprendre, puis ensuite on peut classer avec les réponses des personnes un peu mieux les statistiques ou faire les statistiques qu'on a à faire. Ça va nous permettre d'identifier les gens qui probablement cocheraient pas « oui » nécessairement, tout le monde ne cocherait pas oui à la question, « êtes-vous une personne handicapée? »

Alexandra : Et, pourquoi est-ce que c'est particulièrement important de reconnaître l'existence des incapacités invisibles pendant la pandémie, non seulement chez les autres mais même en soi?

Tony : La pandémie a amené toutes sortes défis, puis en même temps toutes sortes d'opportunités. La pandémie a aussi amené des limitations d'activités invisibles auxquelles on ne pense pas nécessairement à prime abord, pour des personnes qui ne se considèrent pas et qui ne se considèreront probablement jamais comme des personnes qui cocheraient la boite « Oui » à une question « Êtes-vous une personne handicapée? ».

Pensez par exemple à des gens qui ont une incapacité, comme un système immunitaire faible ou une maladie pulmonaire chronique ou qui ont tout d'un coup malheureusement développé une phobie de l'espace public, au moins peut-être épisodique, ou on espère pas permanente, mais ces gens-là ont besoin de certains accommodements, ont besoin de certaines formes d'aides pour poursuivre leur vie, puis leur travail.

J'ajouterai que ça peut être n'importe qui d'entre nous qui soudainement fait à des défis. La pandémie, nous a appris ça pour certaines personnes qui tout d'un coup, avaient des conditions qui ne les dérangeait pas trop, que ce soit des conditions de système immunitaire faible ou des conditions pulmonaires ou même des conditions autres, qui tout d'un coup sont devenus des éléments prépondérants dans leur vie. Et puis, demain matin, notre situation peut avoir évolué, on peut malheureusement acquérir une limitation à cause du contexte ou à cause de notre santé qui se détériore et puis il faut s'assurer qu'on bâtit un monde qui ne nous empêchera pas de contribuer ou de participer, même si notre situation personnelle change.

Alexandra : Alors Tony, comment est-ce que le fait de parler de barrières plutôt que d'incapacités aide les gens à mieux comprendre que l'accessibilité est bénéfique tous?

Tony : Quand on parle de barrière, c'est quelque chose qu'on peut enlever quand on parle d'incapacité, on a tendance à associer ça aux gens, aux personnes, et puis c'est néfaste pour leur acceptation d'elle-même et de leur acceptation par les autres. Quand on parle de barrière, on peut s'assurer d'identifier les moyens de l'enlever ou de la contourner, c'est beaucoup plus efficace et ça c'est plus axé sur l'environnement. Dans notre environnement actuel, on peut voir des barrières, mais on peut aussi voir des chemins vers des opportunités, vers des capacités des personnes. Si on prend mon propre exemple, j'ai une basse vision. J'ai une vision que je considère normale, et qui me d'apprécier les beaux paysages, de me promener tout seul, de faire de la photo, de faire toutes sortes de choses que j'aime, j'aime apprécier des œuvres artistiques, etc. regarder des films... Mais, tout le monde voit… la grande majorité des êtres humains voit beaucoup plus que moi. Si tout le monde voyait comme moi, les affiches, les étiquettes, les autres choses dans la société seraient écrites plus grosses, ou on aurait tous une accommodation, un accommodement c'est à dire, commun, collectif qui ferait que, il y en aurait pas de barrières pour moi. Et puis c'est vrai pour l'ensemble des choses sur lesquelles on doit travailler pour rendre la société plus accessible, le milieu de travail plus inclusif, des choses comme ça. On a une capacité comme être humain à discuter de ces barrières-là, puis à les éliminer. Ça ne coûte pas souvent plus cher. Si par exemple, dans mon poste de travail, je reçois un document en PDF. Bien, malheureusement, il est souvent pas accessible pour moi, et puis si par contre tout le monde voyait comme moi, oh là, tout d'un coup le document, il serait nécessairement formaté pour tout le monde. C'est que, un moment donné, il faut que la majorité prenne compte des besoins de la minorité peut-être… Et d'habitude, quand on rend quelque chose accessible pour une personne ou même quelques personnes, on le rend beaucoup plus accessible pour tous et ça ne coûte pas nécessairement plus cher.

Alexandra : La pandémie de la COVID-19 a exposé les nombreuses manières dont nous pouvons rendre le monde plus accessible. Par exemple, si on élargit la définition du mot incapacité, on peut se concentrer sur les capacités de chacun et viser une meilleure accessibilité pour tous.

Tony : Un moment donné, il va falloir garder le meilleur de la situation actuelle et puis se débarrasser des autres choses qui, qui pourront disparaître lorsque la situation sera revenue à la normale. Puis j'espère que ce qui va rester dans l'espace public c'est une plus grande ouverture dans la société et puis dans l'économie pour assurer qu'on considère, et qu'on se concentre sur les aptitudes des gens et leur capacité à contribuer à la société et à l'économie.

Alexandra : Et c'est tout pour l'instant! Nous espérons que vous viendrez nous retrouver en septembre pour écouter l'épisode en entier.

Un gros merci à notre invité, Tony Labillois et merci à vous, de nous avoir écoutés. À la prochaine!

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Dépliant B - Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale

Version PDF (PDF, 394.1 Ko)

Votre participation est importante

Statistique Canada mène deux enquêtes pour Emploi et Développement social Canada :

  1. L'Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale, qui est en cours, vise à identifier les entreprises relevant de la compétence fédérale et à recueillir les coordonnées des employés de ces entreprises.
  2. L'Enquête auprès des employés relevant de la compétence fédérale, qui aura lieu à l'hiver 2021-2022, traitera de sujets tels que la qualité des conditions de travail, l'accès aux avantages sociaux et aux conditions de travail flexibles, les relations de travail, ainsi que le bien-être, la santé et la sécurité liés au travail.

L'information tirée de cette enquête guidera les recherches et les analyses pour mettre à jour le Code canadien du travail.

L'enquête auprès des entreprises est obligatoire

Afin que tous les employés soient bien identifiés et puissent être contactés, l'enquête menée auprès d'entreprises comme la vôtre est obligatoire en vertu de la Loi sur la statistique.

Participer, c'est facile

Vous n'avez qu'à accéder au lien inclus dans l'invitation. On vous demandera de remplir un court questionnaire, et de nous fournir une liste de vos employés si votre entreprise relève de la compétence fédérale. Si vos employés sont sélectionnés, ils recevront une invitation par la poste pour participer, sur une base volontaire, à l'enquête auprès des employés relevant de la compétence fédérale.

Comment se préparer à cette enquête

Cette enquête doit être remplie par une personne connaissant bien les activités de votre organisation et ayant accès à votre liste d'employés. Les questions de l'enquête permettront de confirmer si l'entreprise relève de la compétence fédérale. Dans l'affirmative, votre organisation devra fournir à Statistique Canada la liste des employés qui étaient actifs en 2020.

La liste d'employés doit inclure les employés réguliers, saisonniers, nommés pour une période déterminée, occasionnels ou sur appel, ainsi que les stagiaires (rémunérés ou non).

Pour chaque employé, vous devrez fournir le nom, le prénom, l'adresse postale (professionnelle, personnelle ou les deux) ainsi que l'adresse courriel de travail, si disponible.

Les renseignements sont confidentiels

Tous les renseignements recueillis par Statistique Canada sont strictement confidentiels et protégés par la Loi sur la statistique. Statistique Canada ne peut divulguer aucun renseignement permettant de vous identifier ou d'identifier votre entreprise ou vos employés sans votre consentement. De plus, ces renseignements ne peuvent être divulgués en vertu d'aucune autre loi, y compris la Loi sur l'accès à l'information.

Pour de plus amples renseignements

Visitez : Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale (EECF)

Courriel : infostats@statcan.gc.ca

Téléphone : 1-877-949-9492

(ATS 1-800-363-7629)

Dépliant A - Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale (EECF)

Version PDF (PDF, 341.51 Ko)

Votre participation est importante

Statistique Canada mène deux enquêtes pour Emploi et Développement social Canada :

  1. L'Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale, qui est en cours, vise à identifier les entreprises relevant de la compétence fédérale.
  2. L'Enquête auprès des employés relevant de la compétence fédérale, qui aura lieu à l'hiver 2021-2022, traitera de sujets tels que la qualité des conditions de travail, l'accès aux avantages sociaux et aux conditions de travail flexibles, les relations de travail, ainsi que le bien-être, la santé et la sécurité liés au travail.

L'information tirée de cette enquête guidera les recherches et les analyses pour mettre à jour le Code canadien du travail.

L'enquête auprès des entreprises est obligatoire

Afin que tous les employés soient bien identifiés et puissent être contactés, l'enquête menée auprès d'entreprises comme la vôtre est obligatoire en vertu de la Loi sur la statistique.

Participer, c'est facile

Vous n'avez qu'à accéder au lien inclus dans l'invitation et à remplir un court questionnaire.

Comment se préparer à cette enquête

Cette enquête doit être remplie par une personne connaissant bien les activités de votre organisation. Les questions de l'enquête permettront de confirmer si l'entreprise relève de la compétence fédérale.

Coordonnées de l'employé

Statistique Canada utilisera les renseignements provenant des données d'impôts de 2020 afin de sélectionner un échantillon d'employés d'entreprises relevant de la compétence fédérale pour participer, sur une base volontaire, à l'Enquête auprès des employés relevant de la compétence fédérale.

Les renseignements sont confidentiels

Tous les renseignements recueillis par Statistique Canada sont strictement confidentiels et protégés par la Loi sur la statistique. Statistique Canada ne peut divulguer aucun renseignement permettant de vous identifier ou d'identifier votre entreprise ou vos employés sans votre consentement. De plus, ces renseignements ne peuvent être divulgués en vertu d'aucune autre loi, y compris la Loi sur l'accès à l'information.

Pour de plus amples renseignements

Visitez : Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale (EECF)

Courriel : infostats@statcan.gc.ca

Téléphone : 1-877-949-9492

(ATS 1-800-363-7629)

Lettre B - Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale

Version PDF (PDF, 534.35 Ko)

Message aux employés

Madame, Monsieur,

Statistique Canada mènera l'Enquête auprès des employés relevant de la compétence fédérale (EECF) à l'hiver 2022, et il se pourrait qu'on vous invite à y participer.

Votre voix compte

Si on vous sélectionne, veuillez saisir l'occasion de vous faire entendre. Votre rétroaction fournira une meilleure compréhension :

  • de la qualité des conditions de travail, y compris la santé et la sécurité;
  • de l'accès des employés aux avantages sociaux et aux régimes de travail souples;
  • de l'équilibre travail-vie personnelle;
  • des relations de travail.

Les résultats de l'enquête serviront à faire d'importantes mises à jour au Code canadien du travail.

Votre participation est volontaire et demeure confidentielle

Tous les renseignements recueillis dans le cadre de cette enquête à participation volontaire demeureront confidentiels et protégés par la Loi sur la statistique. Statistique Canada ne diffuse aucune information qui permettrait de dévoiler l'identité d'une personne ou d'une entreprise, à moins d'avoir obtenu son consentement ou d'en être autorisé par la Loi. De plus, ces renseignements ne peuvent être divulgués en vertu d'aucune autre loi, y compris la Loi sur l'accès à l'information.

À quoi s'attendre

Il est possible que vous receviez une invitation à participer à l'EECF à l'hiver 2022. En tant qu'employeur, nous aurons transmis vos coordonnées à Statistique Canada. À ce moment-là, on vous fournira plus d'information pour participer à l'enquête, y compris un lien pour accéder au questionnaire électronique.

D'ici là, pour en savoir plus, veuillez communiquer avec Statistique Canada à infostats@statcan.gc.ca ou en appelant le 1-877-949-9492 (ATS : 1-800-363-7629Note de bas de page *)

Merci,
Bloc-signature de l'employeur

Lettre A - Enquête auprès des entreprises relevant de la compétence fédérale

Version PDF (PDF, 534.47 Ko)

Message aux employés

Madame, Monsieur,

Statistique Canada mènera l'Enquête auprès des employés relevant de la compétence fédérale (EECF) à l'hiver 2022, et il se pourrait qu'on vous invite à y participer.

Votre voix compte

Si on vous sélectionne, veuillez saisir l'occasion de vous faire entendre. Votre rétroaction fournira une meilleure compréhension :

  • de la qualité des conditions de travail, y compris la santé et la sécurité;
  • de l'accès des employés aux avantages sociaux et aux régimes de travail souples;
  • de l'équilibre travail-vie personnelle;
  • des relations de travail.

Les résultats de l'enquête serviront à faire d'importantes mises à jour au Code canadien du travail.

Votre participation est volontaire et demeure confidentielle

Tous les renseignements recueillis dans le cadre de cette enquête à participation volontaire demeureront confidentiels et protégés par la Loi sur la statistique. Statistique Canada ne diffuse aucune information qui permettrait de dévoiler l'identité d'une personne ou d'une entreprise, à moins d'avoir obtenu son consentement ou d'en être autorisé par la Loi. De plus, ces renseignements ne peuvent être divulgués en vertu d'aucune autre loi, y compris la Loi sur l'accès à l'information.

À quoi s'attendre

Il est possible que vous receviez une invitation à participer à l'EECF à l'hiver 2022. Statistique Canada aura obtenu vos coordonnées à partir de fichiers administratifs. À ce moment-là, on vous fournira plus d'information pour participer à l'enquête, y compris un lien pour accéder au questionnaire électronique.

D'ici là, pour en savoir plus, veuillez communiquer avec Statistique Canada à infostats@statcan.gc.ca ou en appelant le 1-877-949-9492 (ATS : 1-800-363-7629Note de bas de page *)

Merci,
Bloc-signature de l'employeur

Statistique Canada remercie les Canadiens pour leur contribution au Recensement de 2021

Le 18 novembre 2021 — Ottawa (Ontario) — Statistique Canada

L'étape de la collecte du Recensement de la population de 2021 est maintenant terminée.

Grâce aux efforts et à la collaboration de tous les Canadiens, le Recensement de 2021 a été un grand succès!

« La participation dans l'ensemble du pays a été tout simplement exceptionnelle, a déclaré Anil Arora, statisticien en chef du Canada. La participation des Canadiens d'un océan à l'autre nous a permis d'atteindre un taux de réponse global à la collecte de 98 %. Plus de 84,1 % des questionnaires ont été remplis en ligne, ce qui dépasse notre objectif ambitieux de 80 % et établit un nouveau record en matière de réponse en ligne. Grâce à la contribution des Canadiens, Statistique Canada sera en mesure de fournir des données de grande qualité à tous les ordres de gouvernement ainsi qu'aux entreprises, aux chercheurs, aux organismes non gouvernementaux et aux citoyens canadiens. À l'aide de ces données fiables, ils pourront prendre des décisions éclairées. Les renseignements tirés du Recensement de 2021 seront particulièrement importants pour évaluer les répercussions de la pandémie de COVID-19 et pour mieux planifier l'avenir ».

Maintenant que le cycle du Recensement de 2021 est terminé, l'organisme met en œuvre le plan de diffusion des données du recensement. Statistique Canada est fier de présenter « Votre recensement, vos récits : portrait du Canada ». La première diffusion principale du recensement, qui portera sur les chiffres de population et des logements, est prévue pour le 9 février 2022. Vous pouvez trouver le calendrier complet de diffusion des données sur notre page Web Planification de la diffusion des données du Recensement de 2021.

Statistique Canada remercie les Canadiens d'avoir assuré la réussite du Recensement de 2021!

Renseignements supplémentaires
Relations avec les médias, Statistique Canada
STATCAN.mediahotline-ligneinfomedias.STATCAN@canada.ca

Recensement de 2021 : Les agents recenseurs font maintenant des suivis auprès des ménages

Ils effectuent un travail important pour tous les Canadiens

Un agent recenseur de Statistique Canada se tient sur le trottoir, tenant un presse-papiers et un stylo, et portant un masque EPI ainsi qu'un gilet rouge du Recensement de 2021 et un badge d'identification d'employé.
Un agent recenseur. Les agents recenseurs recueillent – de façon sécuritaire - les données qui sont essentielles pour améliorer la vie des Canadiens.

Le 10 juin 2021 — Ottawa (Ontario) — Statistique Canada

Statistique Canada remercie tous les Canadiens qui ont rempli leur questionnaire du Recensement de 2021 jusqu'à présent. Des millions de ménages ont répondu aux questionnaires en toute sécurité en ligne, sur papier ou par téléphone. Lorsque cela était nécessaire, des agents recenseurs, qui ont respecté des protocoles stricts en matière de santé et de sécurité, ont déposé des lettres d'invitation aux ménages qui n'avaient pas reçu d'invitation par la poste.

Les agents recenseurs de Statistique Canada effectuent maintenant des suivis auprès des ménages pour lesquels aucun questionnaire rempli n'a encore été reçu. Les employés de Statistique Canada tenteront de joindre les ménages par téléphone avant que les agents recenseurs ne se rendent en personne aux logements pour rappeler aux résidents de remplir le questionnaire du recensement et offrir de l'aide.

Des milliers d'agents recenseurs ont été embauchés partout au pays pour recueillir les données qui sont essentielles pour améliorer la vie des Canadiens.

Les agents recenseurs qui se rendent aux logements suivent un nouveau protocole sans contact. En vertu de ce protocole, aucune interview n'est effectuée à l'intérieur du logement du répondant et aucun employé du recensement de Statistique Canada n'est autorisé à entrer dans les logements collectifs institutionnels ou à les visiter, en particulier les logements des résidents les plus vulnérables à la COVID-19, comme les résidences pour personnes âgées. Conformément aux lignes directrices des autorités de santé publique, les interviews sont effectuées à l'extérieur, en respectant la distanciation physique. De plus, les employés du recensement doivent porter des masques, et du désinfectant pour les mains leur est également fourni afin qu'ils puissent se désinfecter les mains souvent.

Il n'est pas trop tard pour que les ménages remplissent leur questionnaire du recensement sans contact, que ce soit en ligne, sur papier ou par téléphone. Les ménages peuvent encore communiquer avec l'Assistance téléphonique du recensement au 1-855-340-2021 pour demander un code d'accès sécurisé, ou au 1-877-885-2021 pour recevoir un questionnaire papier. Les réponses aux questions fréquemment posées sont également accessibles sur le site Web du recensement.

Les données du recensement permettent de s'assurer que les collectivités disposent des renseignements dont elles ont besoin pour planifier des services qui appuient l'emploi, les écoles, le transport en commun et les hôpitaux. Déjà, des millions de Canadiens ont participé au recensement; qu'en est-il de vous?

Coordonnées

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec les Relations avec les médias au 613-951-4636 ou en écrivant à statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca.

Recensement de 2021 : Les agents recenseurs commenceront bientôt à effectuer des suivis auprès des ménages

Le 20 mai 2021 — Ottawa (Ontario) — Statistique Canada

Statistique Canada remercie tous les Canadiens qui ont rempli leur questionnaire du Recensement de 2021 jusqu'à présent. Des millions de ménages ont répondu aux questionnaires en toute sécurité en ligne, sur papier ou par téléphone. Lorsque cela était nécessaire, quelques visites ont été effectuées pour déposer des lettres d'invitation, et les agents recenseurs ont alors respecté des protocoles stricts en matière de santé et de sécurité.

Vers la fin du mois de mai, les agents recenseurs de Statistique Canada commenceront à effectuer des suivis auprès des ménages vivant dans des logements pour lesquels aucun questionnaire rempli n'a encore été reçu. Les employés de Statistique Canada tenteront de joindre les ménages par téléphone avant que les agents recenseurs ne se rendent en personne aux logements pour rappeler aux résidents de remplir le questionnaire du recensement et offrir de l'aide.

Les agents recenseurs qui se rendent aux logements suivront un nouveau protocole sans contact. En vertu de ce protocole, aucune interview ne sera effectuée à l'intérieur du logement du répondant et aucun employé du recensement de Statistique Canada n'est autorisé à entrer dans les logements collectifs institutionnels ou à les visiter, en particulier les logements des résidents les plus vulnérables à la COVID-19, comme les résidences pour personnes âgées. Conformément aux lignes directrices des autorités de santé publique, les interviews seront effectuées à l'extérieur, en respectant la distanciation physique. De plus, les employés du recensement devront porter des masques, et du désinfectant pour les mains leur sera également fourni afin qu'ils puissent se désinfecter les mains souvent.

Il n'est pas trop tard pour que les ménages remplissent leur questionnaire du recensement sans contact, que ce soit en ligne, sur papier ou par téléphone. Les ménages peuvent encore communiquer avec l'Assistance téléphonique du recensement au 1-855-340-2021 pour demander un code d'accès sécurisé, ou au 1-877-885-2021 pour recevoir un questionnaire papier. Les réponses aux questions fréquemment posées sont également accessibles sur le site Web du recensement.

Les données du recensement permettent de s'assurer que les collectivités disposent des renseignements dont elles ont besoin pour planifier des services qui appuient l'emploi, les écoles, le transport en commun et les hôpitaux. Déjà, des millions de Canadiens ont participé au recensement; qu'en est-il de vous?

Coordonnées

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec les Relations avec les médias au 613-951-4636 ou en écrivant à statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca.